FABLES, recueils poétiques de La Fontaine

FABLES, recueils poétiques de La Fontaine, parus en 1668 (Premier Recueil), 1671 (Fables nouvelles), 1678-79 (Second Recueil), auxquels s'ajoute un Livre XII publié en 1694. Initialement, La Fontaine se donne pour un imitateur et adaptateur des fabulistes Ésope et Phèdre. Mais il innove en accordant, dans ses apologues, une place de plus en plus grande au récit, par rapport à la moralité. De plus, le Second Recueil révèle une forte influence des contes orientaux (Bidpây). La narration gagne en variété et en complexité (dialogues, récits à épisodes), notamment à travers des systèmes de redoublement : deux fables successives sur un même sujet, fables contenant deux récits en miroir l'un de l'autre, reprises de sujets traités dans le recueil précédent. De fait, la signification des textes tient plus au jeu de leurs structures narratives et poétiques qu'à l'explication discursive qu'apporte la moralité. Cette poétique subtile supposait un public averti, seul apte à une lecture globale (ou en tout cas à une saisie suffisante) des divers réseaux de signification. L'habitude qui s'est établie depuis d'associer les Fables et le public enfantin repose sur une lecture singulièrement réductrice. Mais, en même temps, ce défaut de perspective révèle comment le genre de l'« apologue » a subi, dans les Fables, une métamorphose assez profonde pour que, dans l'usage français, le second terme