FABLES de Jean de La Fontaine (analyse détaillée)
Publié le 21/10/2018
Extrait du document
«
Sablière" (non numéroté, à la fin du livre IX), ou
bien la fable elle-même tend à s'allonger (90 vers pour "l'Homme et la Couleuvre" ; 94 pour "le Paysan du Danube", Xl, 7).
Un certain lyrisme
point plus souvent et plus nettement que dans le premier recueil : "Ti reis et Amarante" (VIII, 1 3), "les Deux Pigeons" (IX, 2), "le Songe d'un habi
tant du Mogol" (Xl, 4).
L'épilogue du livre Xl semble fermer définitivement ce volet de l'inspi
ration lafontainienne, en encourageant d'autres « favoris » des Muses à reprendre le flambeau et
à suivre le « chemin » ouvert par le fabuliste.
Pourtant.
le livre Xli paraît bien quatorze ans plus tard, en 1693 (avec la date de 1694, alors qu'il est achevé d'imprimer au 1er septembre 1693) chez Claude Barbin : présenté à l'origine
comme le « septième » livre des Fables, il est
donc placé dans la continuité directe du premier
recueil (refermant ainsi la parenthèse des fables « pour adultes» dédiées à l'ancienne favorite du roi).
De fait, il est adressé au duc de Bourgogne,
qui n'est autre que le fils du Grand Dauphin, à
qui était dédié le recueil de 1668.
La Fontaine y
renoue donc apparemment avec la stricte tradi
tion pédagogique de la fable.
Mais ce livre ultime apparaît en fait comme la synthèse de son art : les 29 fables qui le composent retrouvent à la fois la tradition du premier recueil ("le Loup et le Renard", Xli, 9, "l'Aigle et la Pie", 1 1, "la Forêt et le Bûcheron", 16) et l'inspiration du recueil de 1678 ("le Cerf malade", 6, "le Corbeau, la Gazelle, la Tortue et le Rat", 15, "le Renard anglais", 23).
Quatorze pièces avaient déjà été
publiées dans les années précédentes ( 14-23 figuraient dans les Œuvres de Maucroix et de La Fontaine, 1 685 ; 1 , 3 et 4 avaient paru dans le Mercure galant, 12 avait été dédiée au prince de Conti en 1688).
La veine des Contes est illustrée par "Belphégor'' (27) et "la Matrone d'Éphèse"
(26), et l'on retrouve le « style héroïque» d'Ado nis dans "Daphnis et Alcimadure" (24) ou "les Filles de Minée" (28).
Enfin deux fables présen
tent· une somme de la réflexion poétique des Fables : la première ("les Compagnons d'Ulysse") rappelle les rapports ambigus de l'homme et de l'animal et la demière ("le juge arbitre, l'Hospita
lier et le Solitaire") marque l'aboutissement d'une sagesse longuement mûrie par l'œuvre et la vie du poète.
Œuvre de la maturité du plus grand
poète
du xvne siècle, les Fables sont
l'aboutissement
d'un art et d'une culture
ancrés en profondeur dans de
multiples traditions issues de l'huma
nisme.
L'humilité apparente de leur
titre, qui signale une simple mise
en
forme métrique, est le premier hom
mage du poète
à la tradition qui nour
rit le genre littéraire qu'il a choisi.
Le
genre lui-même est le plus humble de
la hiérarchie, situé aux confins de
l'exercice scolaire des premières années
d'apprentissage
et de la technique des
emblèmes :
en aucun cas les options
initiales du fabuliste ne laissaient pré
sager le chef-d'œuvre qui allait naître
de
ces choix.
La tradition pédagogique réservait
en effet une place de premier plan
à la
fable, qui est
à la fois porteuse d'une
morale pratique et exercice d'écriture.
On lisait Ésope pour apprendre les
rudiments du grec, ainsi que Phèdre
pour le latin.
L'érudit Nevelet avait
recueilli les divers fabulistes
en 1610, et
son recueil était encore édité en 1660.
D'autre part, le canevas traditionnel
offert par les situations des fables les
plus connues pouvait servir de départ
aux exercices scolaires d'amplification
(la
« chrie ») ; c'est à ce titre que "la
Cigale et la Fourmi" figure en tête des
Progymnasmata (exercices rhétoriques)
du rhéteur grec Aphtonius.
L'élève y
apprend à utiliser les figures de mots et
de style,
à amplifier et à particulariser
les
« circonstances >>, et la pédagogie
jésuite des
xvie et xvue siècles en fait
encore grand usage :
La Fontaine tra
duit d'ailleurs une fable du père
Commire ("l'Amour
et la Folie", XII,
14), qui était un de ces grands pédago
gues jésuites.
Fénelon proposera
ce
type d'exercice à son illustre élève, le
duc de Bourgogne, qui est le dédica
taire du livre
XII des Fables.
La critique
a aussi insisté sur la tradition de
l'emblème
(G.
Couton) qu'il faut
rechercher derrière la fable ; l'illustra
tion même des
Fables (gravures de
François Chauveau, qui avait déjà illus-.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Fables de Jean de La Fontaine (analyse détaillée)
- FABLES de JEAN de LA FoNTAINE (résumé & analyse)
- Contes et Nouvelles en vers de Jean de La Fontaine (analyse détaillée)
- LA FONTAINE: FABLES (résumé et analyse)
- VIE DE SAINT LOUIS de Jean, sire de Joinville (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)