Eugène FROMENTIN : Dominique
Publié le 22/09/2012
Extrait du document
Le sujet de Dominique n'est pas celui qu'annonce la première page, celui que George Sand aurait voulu voir développé. Dominique est maire de sa commune, il a une femme et des enfants auprès desquels il était heureux , et le roman voudrait être celui d'un homme qui a rétabli l'harmonie de sa vie. Mais cette vie refaite tient si peu de place que, même si le récit de Dominique ne dure qu'un après-midi, nous ne le connaissons en fait qu 'avec la voix de ce jour-là, la voix du jour où il se souvient et laisse le regret surgir de l'impossible route qui mènerait de la résignation à l'oubli. Le charme de Dominique est de se mouvoir dans cette marge...
«
Daté de 1863, Domi nique s'ins crit , par les effusions de sensi
bilité du personnage
principal , la présence de la nature , dans le courant romantique
tardif ; cependant , la modération du style et la finesse d' analy
se des personnages
donne au roman
une
rigueur classiqu e.
Le livre
Le grand amour de Dominique
D
ominique de Bray, orphelin, est élevé à la campagne
par une vieille tante et
un précepteur, Augustin.
Très
vite, la nature sensible du jeune Dominique se révèle.
Envoyé
au collège,
il y rencontre Olivier d'Orse!, un jeune dandy,
dont la sœur aînée, Madeleine, provoque chez Dominique
un
émoi grandissant.
A dix-huit ans, Madeleine se marie avec
M.
de Nièvres, et alors seulement le jeune homme découvre
l'étendue de son amour.
Envoyé à Paris achever ses études, Dominique y vit reclus.
Là , ses deux compagnons
lui présentent deux voies possibles
dans
l'existence : celle d'Olivier , malgré la grâce dont il
auréole son cynisme, se révèle finalement autodestructrice.
Augustin, lui, J'ancien
précepteur , présente la voie de la
sagesse et de la volonté.
Mais un
jour , un baiser échangé avec
celle qu'
il continuait d'aimer met un terme aux rêveries de
Dominique .
Par respect pour cette femme mariée,
il choisit la
voie du renoncement.
Le charme ambigu de la sagesse
V
oilà, Dominique a achevé son récit, quelque peu troublé
d 'avoir replongé dans son passé.
Et son regard se porte
sur sa propriété tandis que décline le jour.
Celle-ci est le
cadre permanent de son récit.
Le paysage dans lequel elle
s 'inscrit, délimité par le double horizon de la terre et de
la
mer , donne au roman sa tonalité particulière , à la fois poé
tique et ambigue.
"Vu de la côte élevée que nous suivions,
explique Dominique , ce double horizon plat de la campagne
et des flots devenaient d'une
grandeur saisissante à force
d'être vide." La limite qui sépare la sérénité qu'apporte la
sagesse du sentiment de vacuité qu'engendre une vie sans
pas sions est, à l'image de ce paysage, loin d'être nette ...
Le roman, baigné des te intes automnales qui évoquent
la rési
gnation du héros ,
est tout de retenue dans J'effusion .
La
sobriété y est dépouillement volontaire, et la finesse de l'ana
lyse psychologique place
Dominique dans la grande tradition
du roman d'analyse français..
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