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ÉTRANGER (L'), d'Albert Camus

Publié le 17/01/2019

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ÉTRANGER (L'), roman d'Albert Camus (1942). Patrice Meursault, personnage central de cette œuvre, mène à Alger une vie indifférente et comme végétative. La mort de sa mère ne semble pas l'émouvoir, ni l'amour que lui porte Marie, une jeune femme dont il a fait, sans passion, sa maîtresse. Entraîné par les circonstances, il tue un Arabe sur une plage déserte. Il est emprisonné, jugé, condamné à la peine capitale, sans que jamais il se sente concerné par sa propre destinée. Jusqu'au moment où, tout proche de la mort, il se révolte, éclate, crie son amour de la vie, et révèle à lui-même et aux autres le sens de son indifférence : tout homme est un mort en sursis, un condamné. Les buts, les espoirs qu'on se donne, l'importance qu'on accorde aux choses ou aux actes, tout cela est dérisoire en face de cette vérité. Ainsi, à quoi bon jouer le jeu social ? La vie est absurde. Vivre absurdement, c'est donc vivre dans la vérité, et dans le juste amour de cette existence condamnée par définition. L'Étranger a frappé dès sa parution par son style neutre, détaché, concis, et par son refus apparent de toute dimension psychologique. On a parlé à ce propos d'influence du roman américain (« Du Kafka écrit par Hemingway »). Cependant, sur le plan du style, l'ouvrage de Camus (qui joue sur une technique narrative faussement introspective : « un héros qui dit je en nous rapportant seulement ce qu'une tierce personne pourrait dire de lui », notait déjà Cl. - Ed. Magny) s'inscrit d'abord dans une tradition française, celle de la Princesse de Clèves, à'Aldophe ou de Zadig. Quant au contenu, toute une génération y a vu la parfaite expression du « malaise existentiel ». Sartre y découvrit une œuvre d'ordre, composée contre l'absurde ; Roland Barthes, un roman « solaire », qui chante l'amour du monde. René Girard y décèle une œuvre de « ressentiment » et de mauvaise foi, qui « commence comme Monsieur Teste et finit comme

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