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Essai sur le don de Mauss

Publié le 27/05/2012

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L'essai sur le don de Marcel Mauss est un texte classique de la sociologie et de l'anthropologie. Paru pour la première fois en 1925, il a inspiré une multitude de travaux sur la problématique du don.

Le don est l'action de donner sans contrepartie apparente. En effet, le don n'est pas d'un acte d'échange de valeurs comme la vente ni letroc, puisque le receveur n'est pas tenu de rendre le don. Cependant, on constate que la réalité est bien différente. En effet pour faire honneur au don, la personne qui bénéficie doit faire un don en retour, qu'on appelle le contre-don. On est face à un paradoxe.

Pourquoi donne-t-on ? Et quelles forces y a-t-il dans le don pour que l’acte de donner implique automatiquement la réciprocité de l’échange ?

Pour mener son enquête, Mauss va étudier des sociétés traditionnelles du Pacifique : Polynésie, Nouvelle-Zélande et Mélanésie (Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Guinée), tout en passant par les tribus indiennes de la côte nord-ouest de l'Amérique. Marcel Mauss n'est jamais allé sur le terrain, les faits qu'il analyse sont rapportés par des ethnographes ( c'est pour ça qu'on a très souvent des références et des renvoies à des livres et des auteurs).

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« Comme par exemple dans la kula des sociétés trobriandaises, le don est doté de différentes fonctions essentielles il socialise les individus il maintient la paix inter tribale .

Faire rencontrer des tribus ne parlant pas la même langue.

Permettant ainsi unbrassage des cultures, des langues, des savoirs il incite aux expéditions vers les autres tribus il anime la vie quotidienne il répond au besoin organique d’institution qui émane de chaque individu il met en second plan la notion de propriété: le prestige de posséder n'est pas personnel (il n'y a pas de "communisme primitif des sauvages" chez les trobriandais) mais réside dans l'échange puisque la générosité estsigne de pouvoir. Et le refus de donner, ou de recevoir ou de rendre, mène à la guerre, du moins à la rupture des liens entre donateur et donataire.

Cette obligationd'une réciprocité du don suggère que les objets échangés possèdent une essence voire une âme. III.

Quelle force y a-t-il dans la chose qu'on donne qui fait que le donataire la rend ? La morale universelle du don : les objets échangéspossèdent une âme ? La question cherche la raison de l'échange dans la relation étroite nouée entre un donateur, une chose donnée etun donataire (celui qui reçoit).

C'est « dans » la chose donnée que se trouverait la « force » qui contraint ledonataire à la rendre. le hau est l'esprit du l'objet .

En étudiant la société maori de Nouvelle-Zélande Mauss découvre ce concept indigène qui lui semble de portée générale : les choses échangées, des taonga , y sont dotées d'un esprit, le hau .

Loin d'être inertes, c'est d'elles que vient l'obligation qui pèse sur le donataire. En d'autre terme le hau est l'esprit de l'objet et le mana quant à lui est l'esprit de la personne. Lorsqu'on fait un don, on donne à l'autre du mana ou du hau. Si le receveur ne donne pas en échange, cela pas détruire le mana/ le hau. « Même abandonnée par le donateur la chose (donnée-reçue, le cadeau) est encore quelque chose de lui.

Par elle, il a prise sur le bénéficiaire,comme par elle, propriétaire, il a prise sur le voleur ». Le mana et le hau sont l’essence spirituelle des hommes et des choses, leur âme.

Les échanges d'hommes et les échanges d'objets st des échangesde liens d’âmes, « car la chose elle-même a une âme, est de l’âme ».

Et c'est cette âme qui est la force même qui pousse les choses à s’échanger, àcirculer dans toute l’étendue du monde (y compris dans le commerce avec les dieux). Dès lors qu’on entre dans la théorie indigène tout l’édifice de l’échange-don obligatoire prend sens, cohérence, évidence. Droit chinois:la société chinoise a conservé une caractéristique importante de son don.

« Elle reconnaît le lien indissoluble de toute chose avecl'originel propriétaire.

Même aujourd'hui, un individu qui a vendu un des ses biens, le propriétaire garde pour toujours un droit : le droit de pleurersur son bien. Par contre, pour Mauss, l'échange-don n'entre pas dans les cadres des économies utilitaristes où règnent la notion d'intérêt individuel et une« mentalité froide et calculatrice ».

Dans notre société capitaliste, où l'homme est un « animal économique » on voit que le hau n'est rien de plusque l'intérêt. Et pourtant, dans nos sociétés, l'invitation et la politesse doivent être rendues, il faut parfois savoir se montrer « grand seigneur » (étrennes,festins, noces), la charité est encore blessante pour celui qui l'accepte, et des principes de droit relèvent de l'esprit du don (assurances sociales,etc.).

Pour Mauss, la morale du don est éternelle et universelle, et les sociétés marchandes ne doivent pas trop l'oublier. Mauss en conclut que ce système d'échange qu'est le don est un des « rocs humains sur lesquels sont bâties nos sociétés.

». »

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