ESQUISSE D’UNE THÉORIE GÉNÉRALE DE LA MAGIE. (résumé)
Publié le 17/04/2016
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ESQUISSE D’UNE THÉORIE GÉNÉRALE DE LA MAGIE. Peu d'ouvrages de sociologie ont exercé en France une influence aussi décisive, ni aussi continuement féconde que celui-ci de Marcel Mauss (1872-1950). Compte
tenu d’une méthode aujourd'hui largement dépassée et que l’auteur lui-même allait rejeter vingt ans plus tard dans l'Essai sur le don, celle de la comparaison ethnologique, ce livre rend un son moderne, reste comme à la frontière d’un Kantisme universitaire pas encore surmonté et d'une méthode compréhensive des structures collectives.
Il semble utile de définir la structure d’ensemble des gestes et des « pensées » magiques ; et tout d'abord de la distinguer de la religion qui requiert le grand jour qu'elle fuit en décrivant l'univers concret du sorcier et l’espace qu'il anime. Ces rites ne font point partie d’un rite organisé par le groupe, et pourtant ils supposent une ségrégation intérieure à la collectivité, requièrent une spécialisation technique (le brahman), une distinction biologique ou raciale (l’homme sans ombre, le juif), pathologique (hystériques), une exclusion culturelle (les femmes au xive siècle en Occident), une hérésie religieuse (les bogomils de Bosnie, les cathares). La dialectique la plus simple des actes magiques suppose donc une constitution de l'être du magicien par la collectivité, qui lui confère avec la terreur qu'il inspire une autorité, un « manitou » qui fonde sa magie. Que le « shaman » puisse tout, suppose, aux yeux de ceux qui le choisissent comme sorcier et « à ses propres yeux », la participation à un monde transcendant matérialisé par un lien juridique (contrats avec l'esprit du mal), initiatique ou mystique (les possédés). Mais cet
univers à l'opposé du monde religieux n'existe
qu’autant qu’il est supporté par le dynamisme du sorcier. L’acte magique n’est donc point un espace de religion pour les besoins inférieurs de la vie domestique (Grimm), ni un animisme spécialisé (Taylor), ni une pré-science (Frazer, Lyall), ni une mise en pratique des superstitions, une erreur de la perception (Lehmann).
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