ESCHYLE : Prométhée enchaîné
Publié le 05/10/2012
Extrait du document
Pour Hésiode, Prométhée n 'a pas "donné" le feu aux hommes ; il le leur a rendu par ruse, après le leur avoir fait perdre, en irritant - sans grande raison Zeus (chose curieuse, le mythographedonne ici de la première invention du feu l'explication rationaliste qui sera celle d'un Lucrèce et d'un Buffon : l'utilisation des arbres enflammés par la foudre ; mais pour lui, cette " fulmination" est un don de Zeus qu'il lui est loisible de retirer)...
«
Promélhée.
G.
Moreau
Le personnage de Promé thée n'es t pas le seul auquel Eschy le accorde les faveurs d'un juge ment positif pour sa lutte contr e /'au tDI·ité :da ns L 'Ore s lie, le dramaturge concl ut à la légitimité
de /'assassinat du roi
Agamemnon par son
fils
Oreste .
Le livre
L'injuste punition
P
rométhée est enchaîn é par son frère Héphaï sto s a u so mmet
du mont Caucase, parce qu'
il est coupable d'avoir désobéi
à Zeus, son père, premi er parmi les dieux de 1
'Olympe , qui
exerce un pouvoir implacable.
Prom éthée a en effet commis
une faute grave en sauvant les homme s (les éphémères) d'une
di sparition totale par le don du feu, de
la raison et de 1 'intel
lig ence.
Au sommet de la mont agne ardente , loin de se lamen
t e r,
Prom éth ée explique à qui veut l 'entendre l' ingratitude de
ce père qu '
il a sauvé naguè re des folles ambitions des Titan s.
Il
annonce sa fin prochain e, qui doit survenir au terme d'une liai
so n malheur euse.
Vient alors lo, jadi s tromp ée et per séc utée
par Zeus, qui se ré jouit
d'une per spectiv e annonçant une libéra
tion future .
Herm ès, messager du maître de l'Olymp e, apparaît
alors pour
sommer le supplici é d'éclairer ses oracles.
Mais,
comme Prométhé e se refuse à parl er, Hermè s e ntreprend
d 'énumérer les supplices promis au jeun e dieu : enseveli sous
la montagne,
Prom éthé e doit être re ndu à la lumière à la seule
fin qu ' un aigle lui dévore le foie jusqu 'à la fin des temp s.
L'interprétation du mythe
D
e toutes les lége ndes grecques , c'est celle de Promé thée
qui a connu la plu s grande fortune.
Le conflit entre
Hé siode , auteur de la Théogonie , et Eschyle, celui de
Pr omé thée enchaîné, quant à 1 'interprétation du mythe, trouve
un écho dans toute la pensée occidentale jusqu 'à nos jours :
dans
son Essai sur les libertés , Raymond Aron qualifiait la
d émocr atie
d"'a mbition prométhéenne ".
La question centrale
es t bien en effe t la dialectique entre ordre et liberté, pouvoir et
r a iso n.
Zeus , le père tout-pui ssant, c
'es t l'ordre inamovibl e,
l
'arbitr air e divin , l 'autorit é.
Prom éthée représente, à l 'oppo sé,
l a figure du libér ate ur , le co nte statair e de tous
les temp s et de
tou s les
lie ux, celui qui ne craint pas de payer de la mort la plu s
a tro ce son co mb at pour la justice .
D 'où le débat : H és iode voit
e n
Prométh ée un subve rsif co upable d'avoir troublé l' harmonie
des dieux et du mond e alors qu'Eschyle fait de lui
un véritable
héros, coura geux e t persécuté..
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