Ernest Renan: Qu'est-ce qu'une nation ?
Publié le 24/09/2011
Extrait du document
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trop grande étendue du territoire, ce qui a conduit à la scission de l’Empire en l’Empire d’Orient et
l’Empire d’Occident.
Pour Renan, ce sont les grandes invasions germaniques du Ve siècle, jusqu’aux conquêtes
normandes du Xe siècle, qui apportent le principe de base de la nation.
Que l’on pense aux noms
des envahisseurs : les Lombards ont donné la Lombardie, les Normands, la Normandie, et les
Francs, la France.
Ces invasions ont également permis d’installer des dynasties au rôle unificateur
essentiel.
En effet, une nation constitue une « fusion entre les populations » , et non pas des
peuplades vivant séparées comme avant la conquête romaine, ou comme dans l’Empire Ottoman
de l’époque, où Turcs, Grecs, Arméniens, Arabes, Kurdes et Syriens cohabitent sans « fusionner ».
C’est le Traité de Verdun, en août 843, qui scelle la division des nations européennes.
Les trois
petits-fils de Charlemagne se partagent l’Europe entre Francie Occidentale (qui donnera la
France), Francie Médiane (pour l’Italie) et Francie Orientale (qui donnera le Saint Empire Romain
germanique et beaucoup plus tard l’Allemagne).
Ce Traité, malgré des péripéties annoncées par
Renan, instaure un équilibre des forces jamais démenti un millénaire après et encore aujourd’hui.
Cette naissance du sentiment national après les invasions germaniques a pu s’établir pour deux
raisons.
Première raison, parce que l’unité chrétienne présente avant l’invasion a été conservée.
Seconde raison, parce que les conquérants ont oublié leur propre langue.
C’est que l’ « oubli » est une condition essentielle pour forger une nation.
On oublie ainsi que les
Francs et les Normands ont littéralement envahi le territoire « national ».
On oublie aussi que
l’unification française par les Rois de France a été tyrannique.
Ainsi, aucun Français ne se rappelle
si son ancêtre était alain, burgonde, wisigoth… De là résulte un certain danger à pousser
l’investigation historique.
La Révolution Française a bien entendu été déterminante.
La « gloire » de 1789 a été pour Renan
l’affirmation de l’auto-existence de la nation : autrement dit, une nation existe par elle-même, c’est
dire « le principe des nations est le nôtre ».
Ce qui prouve qu’une dynastie n’est en aucun cas nécessaire pour que l’unification soit faite.
Les
exemples de la Suisse et des États-Unis suffisent à réfuter cette hypothèse.
De même, l’unité
française continue et est même renforcée après la décapitation du roi.
Il suffit d’entendre les
clameurs « Vive la nation ! » dans les secondes suivant la mort de Louis XVI.
La nation s’affirme
par ses habitants avant tout, donc.
Mais avant d’aller plus loin, il convient d’affirmer ce que n’est
pas une nation..
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