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Ernest Miller HEMINGWAY : Mort dans l'après-midi

Publié le 24/09/2012

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C'est d'abord pour soi-même qu'il raconte, n'en doutons pas. Un certain ton de chroniqueur, une façon ironique, agressive de parler des gens, de conter les anecdotes, comme s'il s'agissait de rétablir les faits dans leur vérité, peuvent faire illusion...

Un vrai écrivain, c'est un homme qui connaît des choses et qui les connaît trop pour en parler, alors il écrit. Hemingway est en plein un homme de cette espèce-là. Il connaît les choses qu'il a rêvées, les endroits où il a été et les gens qu'il a fréquentés. Et rien d'autre...

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« Photo TaU 1 Sipa-lcono Hemingway, on le sait, était un fervent adepte des corridas depuis son premier séjour en Espagne.

Il s'essaya à toréer, sans autre succès, dit-il, que de faire rire ses compagnons et prendre quelques bleus.

L'écriture res­ tait son vrai métier, d'où ce livre qui fait le lien entre l' expé­ rience de l'artiste et celle du matador.

C'est le poète René Daumal (1908-1944) qui le traduisit en français en 1938.

Le livre Un rite espagnol L a course de taureaux, mieux que le spectacle si décrié, est tout un univers.

C'est d'abord l'Espagne et les Espagnols, le sang chaud, les machos, le soleil (sol y sombra), Séville, Pampelune, Madrid.

La "corrida de toros", c'est le rite où tout ce monde se retrouve et prend la place qui lui revient.

Le combat se déroule entre deux héros, un homme et un animaL Depuis l'origine, hommes et taureaux ont changé, changent à chaque combat ; cette longue évolution a donné sa forme à la corrida moderne.

Plus de chevaux éventrés, grâce au caparaçon, moins de sang et moins d'instinctive agressivité, voilà un exemple de l'évolution des courses qui sont maintenant axées sur le travail à la cape, devenu très technique et qui se rapproche du corps à corps.

La mise à mort reste le "moment de vérité" de la course, le danger y est grand pour le matador.

Les bons com­ battants ne sont pas toujours de bons tueurs, et il est rare d'assis­ ter à une mise à mort parfaite_ Le torero, comme le taureau, ne devient un héros qu'à l'épreuve de la come et du combat.

Un écrivain dans l'arène H emingway était passionné de courses de taureaux, aussi était-il bien placé pour faire ce manuel qui se referme sur un glossaire du vocabulaire tauromachique.

Un manuel à 1 'usage du profane, qui y trouvera aussi bien des renseignements historiques et techniques que les noms et les qualités des toreros contemporains (des années 30), que les fausses idées et les véri­ tables problèmes concernant les courses, que les mythes et trucages qui ont cours.

De cet univers gravitant autour de la cor­ rida, Hemingway improvise un exposé vivant et comme à brûle­ pourpoint.

L'auteur d'ailleurs discute parfois avec une vieille dame (anglaise ou américaine), sur ce qui vient d'être dit ; elle est à la fois profane (un peu choquée par le sang ou la crudité de certaines paroles) et à la fois une femme cultivée lorsque Hemingway prend la liberté de faire des digressions, sur la litté­ rature, par exemple.

Mort di:Jns /'après-midi est un curieux livre qui reproduit un peu l'esprit macho des courses, non sans une apparente désinvolture, associée à un ton de matamore.. »

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