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Envie et Gratitude de Mélanie Klein

Publié le 22/02/2012

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Avec la psychanalyse, le nourrisson n'apparaît plus comme un petit être à part, « un tube digestif» dénué de sensibilité et dont la vie ne dépend que du rythme des biberons. Déjà Freud avait attribué à l'enfant, au petit de l'homme, une vie psychique tiraillée entre l'instinct de vie et l'instinct de mort, scandée par une sexualité qui a tant choqué ses contemporains. Chez Mélanie Klein, le bébé semble déjà doté d'un appareil psychique, car son univers mental est étonnamment riche et traversé par des éléments pour le moins surprenants, si ce n'est inquiétants. Certes, on retrouve en partie, dans la pensée de Mélanie Klein, la théorie freudienne de l'inconscient. Mais, dans Envie et Gratitude, le nourrisson est en proie à des conflits internes à peine arrivé au monde. Il éprouve de vives angoisses dont les racines se trouvent en particulier dans l'envie et qui correspondent à des manifestations sadiques-orales (de sadique, qui prend plaisir à faire souffrir, et oral, venant de os, oris la bouche) et sadiques-anales (quand la zone érogène ou propre à donner du plaisir se situe au niveau de l'anus). Ainsi, ces manifestations font partie intégrante des pulsions (ou poussées) destructrices.

« « L'envie est le sentiment de colère qu'éprouve un sujet quand il craint qu'un autre ne possède quelque chosede désirable et n'en jouisse; l'impulsion envieuse tend à s'emparer de cet objet ou à l'endommager.

» Puis Mélanie Klein différencie l'envie de l'avidité : « L'avidité est la marque d'un désir impérieux et insatiable, qui va à la fois au-delà de ce dont le sujet a besoinet au-delà de ce que l'objet peut ou veut lui accorder.

» C'est pourquoi, à cause de l'avidité, le bébé cherche à « dévorer », à « vider » le sein maternel alors que, sousl'effet de l'envie, le nourrisson cherche à « introduire » dans la mère et dans son sein «tout ce qui est mauvais et d'abord les mauvais excréments et les mauvaises parties du soi, afin de ladétériorer et de la détruire ». Quant à la jalousie, elle suppose une relation avec deux personnes au moins.

Elle concerne l'amour que le sujetestime lui être dû et qui lui aurait été dérobé par quelqu'un d'autre, un rival, alors que l'envie implique une relation dusujet à une seule personne et remonte à la toute première relation exclusive avec la mère».

Ainsi établies, ces différences entre ces sentiments que, par maladresse, il nous arrive de confondre, Mélanie Kleinenvisage les conséquences de l'envie. L'envie et ses conséquences L'envie, qui suppose endommagement ou destruction de l'objet, en particulier du sein, peut engendrer desinquiétudes risquant d'entraîner des retombées importantes sur l'équilibre, car le sujet se met à douter « de sa sincérité dans ses relations ultérieures, de sa capacité d'aimer et d'éprouver la bonté». Pour le bébé, le rapport au sein est fondamental.

Il distingue très tôt le sein gratifiant, celui qui soulage sa faim, quila calme, du sein « mauvais », celui qui le frustre en ne comblant pas ses besoins.

Cette distinction constitue le «clivage .» entre le bon et le mauvais objet. Or, le moi du bébé ne reste pas passif devant l'angoisse suscitée par l'envie.

Il élève tout un système de défenses qui peut se traduire par le fait d'idéaliser le bon objet et de lui opposer un objet originel très mauvais.

A l'inverse, il peut se produire une confusion entre le bon et le mauvais objet, à l'origine de tout état de confusion plus tard. Il peut se produire également une dévalorisation de l'objet, car un objet dévalorisé ne suscite plus l'envie. Les défenses contre l'envie risquent également d'aboutir à une dévalorisation du soi; dans ce cas, plus tard, le sujet se trouve dans l'incapacité « d'exploiter » ou de « cultiver » ses dons. Pour neutraliser l'envie, l'enfant peut encore s'approprier en imagination le sein maternel.

L'envieux peut aussi se défendre contre ce sentiment qui lui empoisonne la vie en suscitant l'envie chez les autres, c'est-à-dire en renversant la situation.

Mélanie Klein précise que cette réaction est rarement satisfaisante.

Intensifier la haine et réprimer l'amour est encore un moyen de lutter contre l'envie, car la haine s'avère plus supportable que le sentiment de culpabilité engendré par l'envie.

Enfin, pour se libérer des pulsions destructrices, le sujet peut avoir recours à d'autres moyens comme « le besoin impérieux de réparation et la nécessité d'aider l'objet envié». QU'APPELLE-T-ON GRATITUDE? La gratitude est un sentiment de reconnaissance.

Chez Mélanie Klein, elle naît de la jouissance.

La gratitude est liée également au bonheur et «au moment de ne faire qu'un avec l'autre». Chez le bébé, le premier plaisir est celui de l'allaitement.

S'il a été nourri au sein et qu'il en a été pleinementsatisfait, alors Mélanie Klein discerne là « le fondement de toute gratitude». La relation au sein maternel s'inscrit dans un complexe.

Celui-ci se traduit en «source d'aliment, source de la vie», mais aussi en termes d'intimité physique comme psychique rappelant l'unité prénatale, celle qui existait quandl'enfant se trouvait dans le ventre de sa mère. A cette croyance au bon sein capable de sécuriser, d'aimer et de protéger se trouve liée la croyance du sujet en sa propre "bonté" ». De la gratitude dépendent la capacité à la «réparation» (c'est-à-dire à réparer un tout — et aussi à la sublimation,. »

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