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Ensorcelée (L'). Roman de Jules Barbey d'Aurevilly (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 24/10/2018

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Ensorcelée (L'). Roman de Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889), publié à Paris en feuilleton sous le titre « la Messe de l'abbé de La Croix-Jugan » dans l'Assemblée nationale du 7 janvier au 11 février 1852, et en volume sous son titre définitif chez Cadot en 1855.

 

Dès 1849-1850, Barbey d'Aurevilly conçoit le projet d'écrire une série de romans qui seraient regroupés sous le titre global d'Ouest : « Après l'Ensorcelée, [l'auteur] publiera le Chevalier des Touches, Un gentilhomme de grand chemin, Une tragédie à Vaubadon, etc. » (Préface de la seconde édition de l'Ensorcelée, 1858). L'entreprise se bornera aux deux premiers ouvrages prévus et le titre Ouest ne verra jamais le jour. Elle répond à deux objectifs explicites : l'un géographique - « Je tiens [...] surtout à faire œuvre normande » (lettre à Trébutien, décembre 1849) -, l'autre historique - « L'Histoire, en effet, manque aux chouans » (Préface de la seconde édition de l'Ensorcelée). Barbey se fait en outre le chantre de la cause royaliste et ne dissimule pas son engagement, comparant par exemple en 1850, dans la Mode, son travail d'écrivain à une « action militaire ».

Le narrateur, que Barbey s’emploie, afin d’accréditer le caractère véridique de la fiction romanesque, à dessiner à son image, entreprend la traversée nocturne de la lande de Lessay, située dans la presqu’île du Cotentin et « théâtre des plus singulières apparitions », en compagnie d’un herbager normand nommé martre Tainne-bouy (chap. 1). La « sinistre clameur » d’une cloche retentit soudain dans la nuit. Il s’agit selon Tainnebouy, de « la messe de l’abbé de La Croix-Jugan » dont il relate l'histoire à la demande du narrateur (2). Après un suicide manqué - à la suite de la défaite de la chouannerie - et une atroce mutilation infligée par les Bleus, l'abbé de La Croix-Jugan est monstrueusement défiguré (3). Retiré à Blanchelande en attendant d’être officiellement absous par l’Église, il inspire une violente passion - ou bien s’agit-il d’un sort jeté par les bergers ? - à une jeune femme, la noble Jeanne-Madeleine de Feuardent, que la Révolution a réduite à devenir maîtresse Le Handouey, c’est-à-dire l’épouse d'un riche paysan (4-7). Elle rencontre de temps en temps le prêtre, qui se borne à l’utiliser comme messagère pour la chouannerie moribonde, chez La Glotte, une vieille infirme farouchement « aristocrate » (8-9). Poussée à bout par la froide indifférence de l’abbé, Jeanne décide de se venger, semble-t-il en faisant appel aux pouvoirs surnaturels des bergers (10). Le même soir, Le Handouey rencontre ces derniers sur la lande : ils lui tendent un miroir dans lequel il voit sa femme et l’abbé en train de lui brûler le cœur. Il s’évanouit (11). Au matin, il se rend chez l'abbé, parti depuis la veille chez une vieille amie et toujours absent, puis disparaît, et on retrouve Jeanne noyée dans le lavoir (12). La Clotte se rend à son enterrement et y meurt lynchée par les villageois qui l’accusent d’avoir envoûté Jeanne et ne lui pardonnent pas son

barbey

« jour.

Elle répond à deux objectifs expli­ cites : l'un géographique-« Je tiens [ ...

] surtout à faire œuvre nonnande » (lettre à Trébutien, décembre 1849) -, l'autre historique - « L'Histoire, en effet, man­ que aux chouans ,, (Préface de la seconde édition de l'Ensorcelée).

Barbey se fait en outre le chantre de la cause royaliste et ne dissimule pas son enga­ gement, comparant par exemple en 1850, dans la Mode, son travail d'écri­ vain à une« action militaire».

Le narrateur, que Barbey s'emploie, afin d'accréditer le caractère véridique de la fiction romanesque, à dessiner à son image, entreprend la traversée noctume de la lande de Lessay, située dans la presqu'île du Cotentin et« théâtre des plus singulières apparitions», en compagnie d'un herbager normand nommé martre Tainne­ bouy ( chap.

1 ).

La «sinistre clameur» d'une clo­ che retentit soudain dans la nuit.

Il s'agit.

selon Tainnebouy.

de« la messe de l'abbé de La Croix­ Jugan » dont il relate l'histoire à la demande du narrateur (2).

Après un suicide manqué - à la suite de la défaite de la chouannerie - et une atroce mutilation infligée par les Bleus, l'abbé de La Croix-Jugan est monstrueusement défiguré (3).

Retiré à Blanchelande en attendant d'être officiellement absous par l'Église, il inspire une violente passion - ou bien s'agit-il d'un sort jeté par les bergers ? - à une jeune femme, la noble Jeanne-Madeleine de Feuardent, que la Révolu­ tion a réduite à devenir maîtresse Le Hardouey.

c'est-à-dire l'épouse d'un riche paysan (4-7).

Elle rencontre de temps en temps le prêtre, qui se bome à l'utiliser comme messagère pour la chouannerie moribonde, chez La Clotte, une vieille infirme farouchement« aristocrate» (8-9).

Poussée à bout par la froide indifférence de l'abbé, jeanne décide de se venger, semble-t-il en faisant appel aux pouvoirs surnaturels des ber­ gers ( 1 0).

Le même soir, Le Hardouey rencontre ces demiers sur la lande : ils lui tendent un miroir dans lequel il voit sa femme et l'abbé en train de lui brûler le cœur.

Il s'évanouit (11).

Au matin, il se rend chez l'abbé, parti depuis la veille chez une vieille amie et toujours absent, puis disparaît.

et on retrouve Jeanne noyée dans le lavoir ( 12).

La Clotte se rend à son enterrement et y meurt lynchée par les villageois qui l'accusent d'avoir envoûté Jeanne et ne lui pardonnent pas son royalisme fièrement affiché ( 13).

Le Hardouey reparaît auprès des bergers - c'est du moins ce qu'ils raconteront ensuite - et leur demande à son tour un moyen de se venger de l'abbé : il n'y a « qu'une balle qui puisse tuer un La Croix­ Jugan», répondent-ils.

Plus tard, le jour de Pâques, alors qu'il célèbre de nouveau la messe pour la première fois et qu'il est sur le point de consacrer l'hostie, La Croix-jugan, frappé d'une balle, s'effondre sur l'autel ( 14).

Quant à la cloche entendue au début du roman par les deux voya­ geurs, elle appartient à « la légende [qui] vint après l'histoire ».

Un forgeron nommé Pierre Cloud aurait entendu sur la lande une mysté­ rieuse cloche et vu à travers les trous du portail de l'église de Blanchelande, fermée depuis la tra­ gédie, le fantôme de La Croix-Jugan célébrant une messe impossible et désespérée : parvenu au moment de la consécration, l'abbé ne peut poursuivre et, tel Sisyphe, doit recommencer indéfiniment jusqu'au lever du jour ( 15-16).

L'Ensorcelée est bien un roman histo­ rique, mais les guerres de la chouanne­ rie en sont plutôt, pour reprendre une distinction établie par Barbey, le théâ­ tre que le sujet.

Certes, l'Histoire est présente, mais peu sous la forme d'évé­ nements ou de personnages réels.

En fait, il s'agit surtout de restituer l'atmosphère essentielle d'une époque et de contribuer à l'élaboration du mythe du chouan.

À l'image de son objet, la narration s'organise selon une structure qui répond à un chemine­ ment mythique.

Ainsi les deux pre­ miers chapitres qui servent de « fron­ tispice» (chap.

2) au roman relatent la transmission d'une information, le contenu de cette information étant le roman lui-même.

Le lecteur assiste donc d'emblée à la perpétuation d'une tradition orale : Tainnebouy raconte au «je» une histoire que ce dernier racontera plus tard « à sa manière » (2).

Or la connaissance qu'a Tainnebouy des événements est elle aussi médiate : il n'en a été que très rarement le témoin direct.

Il s'inspire donc de mul­ tiples récits, « dieries » ou « jaseries », provenant d'informateurs divers tels. »

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