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ENFANT (L'). Roman de Jules Vallès (résume et analyse complète)

Publié le 24/10/2018

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ENFANT (L'). Roman de Jules Vallès (1832-1885), publié à Paris en feuilleton sous le titre Jacques Vingtras I et, sous le pseudonyme de La Chaussade, dans le Siècle du 25 juin au 3 août 1878, et en volume sous le pseudonyme de Jean La Rue chez Charpentier en 1878 et 1879. Le sous-titre l'Enfant et le nom de Vallès apparaissent dans la troisième édition, chez le même éditeur en 1881.

 

Ce premier volet de la trilogie de Jacques Vingtras (le Bachelier et l'Insurgé), dont le héros ressemble tant à l'auteur, fut précédé par plusieurs récits d’inspiration autobiographique, notamment « Jean Delbenne » (en feuilleton dans l'Époque en 1865), et esquissé dans le « Testament d’un blagueur » (en feuilleton dans la Parodie en 1869). Il devait s'inscrire dans un vaste ensemble qui eût porté le titre d'Histoire de vingt ans, et couvert la période 1848-1871. C'est durant son exil à Londres que Vallès rédige en quatre mois ce manuscrit dont son ami Hector Malot va se charger auprès des éditeurs. Vallès, communard condamné à mort par contumace, ne pouvait en effet publier à Paris sous son nom, lequel, de ce fait, ne paraîtra qu'après l'amnistie de 1881.

 

Le récit s’organise en vingt-cinq courts chapitres. « Ma mère » fait le portrait d’un personnage sournois, oppressif et injuste qui ne cesse de fouetter son fils (chap. 1). Celui-ci a cependant dans « la Famille » un certain nombre d’ondes et de tantes plus agréables et pittoresques, des cousines aussi, qu’il regarde énamouré (2). « Le Collège » est une autre oppression : on y mange

mal. on y est surveillé et puni. Un philosophe ridicule prétend apprendre au narrateur les preuves de l’existence de Dieu (3) ! Le narrateur décrit aussi les rues et les magasins de « la Petite Ville», ainsi que «la Toilette» ridicule dont sa mère l’affuble (4-5). Aux « Vacances » en revanche, Jacques Vingtras retrouve un univers naturel, plein de liberté et de sauvagerie (6). « Les Joies du foyer » ne lui proposent que des plaisirs peu chers ou gâchés (7). même si un cirque égaie la grisaille du quotidien (8. « le Fer-à-cheval ») . Cest à « Sairrt-Etienne » qu’une nouvelle nomination amène la famille du narrateur : occasion d'une scène entre le mari et sa femme (9). Il y a heureusement de « Braves Gens », un cordonnier et un épiciène grâce auxquels on peut parfois jouer (10). « Le Lycée » est pénible : Jacques y apprend la sournoiserie et l'ennui, malgré Robin-son Crusoé (II). « Frottage ». « gourmandise », « propreté » sont d'autres « joies » de la famille : Il faut manger ce que l’on n'aime pas et laisser ce qu'on préfère (12) ! « L'Argent » est épargné férocement ( 13). Un « Voyage au pays » donne un peu plus de liberté : on y mange et aime à son gré (14). D'où certains « Projets d'évasion » (15). quand il faut rentrer à la maison, agitée par « Un drame » : celui des Infidélités du père (16). « Souvenirs » rappelle deux chagrins du narrateur ( 17). Puis c'est « le Départ » vers Nantes où la mère du narrateur ne cesse de faire honte à son fils tout en exploitant cruellement ses domestiques successives (18). « Louisette », la fille d'un ami de la famille meurt des mauvais traitements de son père (19). Le narrateur rapporte aussi, dans « Mes humanités », ses réussites hypocrites de bon élève (20) prêt cependant à une aventure (21, « Madame Devinol ») à la suite de laquelle il est envoyé à « la Pension Legnagna » de Paris (22). Après son échec « Madame Vingtras à Paris» vient chercher son fils (23) avant « le Retour » à Nantes (24) et « la Délivrance » : même s’il prend la défense de son père dans un ultime affrontement avec celle-ci. Jacques trahit les ambitions de ses parents en voulant devenir ouvrier (25).

 

Dès la Dédicace « À tous ceux qui crevèrent d'ennui au collège ou qu'on fit pleurer dans la famille », est affirmée la double oppression dénoncée. Celle d'abord d'une mère horrible, avare, ridicule et sadique, flanquée d'un mari faible dans une constellation familiale

« totalement inversée par rapport à la normale et qui annonce *Poil de Carotte.

La mère paysanne s'est mariée à un petit professeur inquiet pour sa carrière, et elle se venge de son inadap­ tation sociale en brimant son enfant dans ses joies et ses désirs, et en l'inci­ tant ainsi à une révolte permanente.

Deuxième pouvoir oppressif, celui de l'école où la plupart des adultes sont eux-mêmes infantilisés et où l'enfant apprend seulement le mensonge et la bassesse : on y trafique les fausses exemptions, on y flatte l'inspecteur et les pouvoirs politiques.

À la bêtise, à l'avarice et surtout à une cruauté qui ne peut qu'en susciter une autre en retour, le narrateur oppose les plaisirs naturels et simples de la liberté : quand des vacances lui permettent de retrouver une campagne odorante, savoureuse, quand l'absence de la mère ou son inattention lui per­ mettent d'aller au cirque, de rencontrer une jolie cousine, quand les paysans ou les artisans l'intègrent dans une vie souriante et pratique (elle l'attirera tant, qu'tl voudra la partager pour tou­ jours).

Mais cette lecture serait réductrice, car elle ignorerait le vrai charme du livre qui est avant tout celui d'un style aigu et poétique : point de narration suivie, mais des anecdotes, des instantanés, des " moments ,.

ras­ semblés dans des chapitres souvent hétéroclites , des séquences rapides, ponctuées d'exclamations, d'éléments ironiques, humoriStiques (l'autodéri­ sion est permanente) ou sarcastiques (la pension Legnagna !).

Une poésie toute particulière, enfin, sensible aux odeurs et aux images, qui fait voir les brioches comme de gros nez et sentir la poudre d'un jour d'orage ...

Battant en brèche les clichés littéraires, les Grecs et les Latins, faisant découvrir un monde social vrai, des sentiments forts, même durs, l'Enfant propose une vision décapante, qui laissa la critique partagée, mais à laquelle furent sensi­ bles des lecteurs aussi différents que Barbey d' Aurevilly ou Paul Bourget.. »

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