Émile DURKHEIM : Le Suicide

« Rue où se pendit G.

de Nerva l.

Pho to Gol d ner 1 Sipa-lco no Il es t int éress ant de n o te r qu e les soc io ­ l ogu es d ' auj our­ d 'hui , un si ècle apr ès la paruti o n de /'ou vra ge de Durk­ h eim , utili sent les m êm es m éth od es p our sais ir les cara c­ t è res soc iau x des tau x de s uicide.

Ce fai sant , il s o btiennent d es conclu sio n s no u­ vell es : ain s i, la plu s f o rt e c ro issa nce du s ui cide dan s les cam­ pa gnes que dan s les vill es, ce s derni ères é tant deve nues, avec l e te mp s, d es espa ces d 'un e plu s g rand e s tabilit é social e.

Durkhe im Le livre Des causes du suicide C ontrairement à une idée te n ace , le suicide n'es t pas seule­ m ent lié à l'état psychologique et affectif de l'individu .

Au terme d' une a nalyse serrée des s tati stique s médi ca les et policières des prin cipau x pay s européens , on peut en montrer l es caractères sociau x.

Ainsi, l es homme s se suicident plus que l es femmes, les vie ux plus que les jeune s, les urbain s plu s que l es rurau x et les pr otesta nts plu s que les catholiques ou les juifs.

Bien que remis en cause par les nouv elle s données statis­ tiques, ces rés ult ats prouvent que le s uicide affec te des popula­ tions dont l 'armature soc iale es t fragile ou des individus con naissa nt une forte variation de leur statut dans le corps soc ial; par exemple , le pa ssage de l 'emploi au chômage, de la c h aleur d'un foyer à la so litud e du divor ce.

U apparaît donc que l e s uicide co rres pond à une a bse nce ou à une perte des valeurs et repère s traditionnels ch ez l'individu , qui ne trouve plus dan s sa commun auté une ass ise moral e efficace .

On ne doit plus a lors s'éto nn er de la cro issa nce des ta u x de s uicid e à une époq ue de désagrégat io n d es soc ié tés anciennes.

Une œuvre considérable L e Sui cide est une étap e esse ntie lle, dans l'œ uvre de Durkh e im comme dan s l'histoire de la sociolo g ie.

L 'enjeu étai t gra nd, pour ce jeune professe ur, an cie n élève de 1 'Éc ole normale sup érieur e et ag régé de philo sophi e, qui venait d'obte­ nir la pr e mière chaire d'e n seig nem ent des sc ie nce s socia les.

Il s 'ag issa it d e montr er qu'un phénom ène jusqu 'ic i étudi é par les se uls spéc ialiste s d es pathologie s psyc holo giques relevait ég a­ le m ent de formes nouvelles de pathologies socia les.

Grâce à Dur khe im, on découvrit que la répartition et l 'ampleur des ta ux de su icide o bé issa ie n t à des lois et corres pondaient a ux carac­ tères propr es de telle ou t e lle soc ié té .

Durkheim souligna qu ' une co mmun aut é rég ie par des croyances collec tives et de s règles morales contraignantes enge ndrait de faibles tau x de s ui­ cide.

D 'o ù l a diff ére n ce marqu ée entre monde catholique et m ond e protestant, espace de libr e exa men et d 'é thique indivi­ dualiste.. »