Electre de Jean Giraudoux: Résumés et commentaires

La dispute entre Clytemnestre et Électre est un « passage obligé » de toute tragédie sur le sujet. Absente des Choéphores d'Eschyle (cf p.19) pour des raisons techniques (il ny a que deux acteurs pour jouer tous les rôles), elle connaît son sommet dans l’Electre de Sophocle (2e épisode), où la dispute tourne autour, non pas de l’aveu de l'assassinat d Agamemnon. que Clytemnestre assume, mais de sa cause : la reine met en avant le sacrifice d'Iphigénie, les amours d’Hélène ; Électre l'amour de sa mère pour Égisthe. Les injures entre une fille mauvaise et une mère furieuse pleuvent, interrompues par l’arrivée du précepteur d'Oreste. venu annoncer faussement la mort de celui-ci, ce qui apaise les craintes de Clytemnestre et atterre la jeune fille. Dans la pièce d’Euripide, où c’est Clytemnestre qui vient chez Électre pour ses relevailles, on assiste au meme débat, mais sur un ton plus posé. La scène de Giraudoux reprend rapidement les arguments antiques mais déplace les enjeux, car Électre ignore le meurtre d’Agamemnon : Électre se dit la veuve de son père, refuse la maternité de sa mère ; et surtout, la scène tourne essentiellement autour du débat, apparemment vain, de savoir qui est la cause de la chute d'Oreste petit ; toute la pièce résonne de cette querelle, où Électre se montre d'une certaine mauvaise foi.

Autre débat : le mariage d’Électre avec le jardinier, que Clytemnestre récuse par orgueil : cela vaut au spectateur de poétiques évocations sur l’art des jardins au printemps, qui vaut bien d'avoir les ongles noirs.

Mais, comme toujours, la vérité est dite à mi-voix par le mendiant, qui avoue les fantasmes d'Égisthe : le jardinier dans son esprit devient un personnage funèbre, dont le jardin, la * terre ». est la mort d’Électre. Mais en défendant son jardin, bien irrigué et soigné, le jardinier suggère qu’il ferait un bon mari.

Acte I

La scène représente une cour intérieure dans le palais d'Agamemnon.

Scène 1

Un étranger (Oreste) arrive d'un côté de la scène, escorté de trois petites filles (les Petites Euménides, qui vont grandir au cours de la pièce ; elles représentent les déesses du remords et de la vengeance) ; de l'autre côté arrive le jardinier fiancé à Electre, en costume de fête, et les invités villageois à la noce, qui doit avoir lieu le lendemain.

L'étranger est à la fois accueilli par les petites filles, médisantes et méchantes, et le jardinier, d'une parfaite courtoisie. L’étranger évoque par fragments des souvenirs d'enfance, en particulier ceux concernant Électre. Le jardinier donne la version officielle de la mort d’Agamemnon : il a glissé dans la piscine et s'est tué en tombant sur son épée. Électre occupe une petite chambre, celle d'Oreste avant que sa mère ne l'envoie hors du pays à l'âge de deux ans. Puis les petites filles, apparues dans la ville depuis deux jours, « disent tout le mal qu'(elles peuvent) trouver » : elles « récitent » en style poétique Clytemnestre qui a peur du sang et dont le destin est en train de tourner, Électre qui a fait tomber Oreste bébé des bras de sa mère, cire l’escalier du trône pour faire tomber Égisthe, prépare un « crachat fielleux » depuis dix-neuf ans. À ces mots, le jardinier, indigné, les renvoie, approuve par l'étranger, cependant qu’elles annoncent leur retour pour le lendemain, et sèment la terreur parmi les invités.