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EL venus anadyomène

Publié le 04/11/2024

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« E.L3.

Venus anadyomène INTRODUCTION [Entrée en matière et présentation rapide du thème] « Venus anadyomène » est le 8ème texte des Cahiers de Douai, ensemble de poèmes écrits entre mars et septembre 1870.

Rimbaud s’inspire d’un topos artistique et littéraire venu de la mythologie : celui de la naissance de Vénus sortant des eaux.

Il a sans doute en tête un des tableaux les plus connus la représentant : La Naissance de Vénus de Boticcelli (1485).

Ce tableau peint une belle jeune femme blonde au teint clair, nue, debout dans une coquille.

C’est une vision idéalisée de la beauté féminine, Vénus étant la déesse de l’amour et de la beauté. Mais Rimbaud parodie également un genre poétique venu lui aussi de la Renaissance : le genre du blason qui fait l’éloge d’un détail du corps féminin.

Il écrit ici un contre-blason qui décrit le corps difforme (= très laid) d’une vieille prostituée.

Il détourne aussi la tradition de l’ekphrasis chère aux poètes parnassiens : une poésie descriptive cherchant à rivaliser avec un tableau. [Lecture] Pour s’entraîner : taper sur youtube : Guillaume Galienne, Venus anadyomène. https://www.google.com/search?q=venus+anadyom %C3%A8ne+guillaume+galienne&rlz=1C1GCEA_enFR1121FR1121&oq=venus+anadyom %C3%A8ne+guillaume+galienne&gs_lcrp=EgZjaHJvbWUyBggAEEUYOdIBCDg0MDNqMGo [Présentation de la forme du texte] Le poème est un sonnet en alexandrins, qui n’est pas totalement conforme aux règles du sonnet français puisque les rimes des quatrains sont embrassées puis croisées.

Pour les tercets nous retrouvons des rimes suivies puis croisées. [Mouvements du texte] Le poème est composé de deux mouvements : - le premier mouvement regroupe les deux quatrains et le 1er tercet, il est composé d’une seule longue phrase.

Il décrit par petites touches la vieille femme, au fur et à mesure qu’elle se relève pour sortir de sa baignoire. - le deuxième est la chute du poème qui confirme la réécriture parodique du thème de Vénus. [Problématique(s)] Comment Rimbaud parodie-t-il le mythe de Vénus ? Comment Rimbaud traite-t-il de manière parodique la figure mythologique de Vénus ? 1er mouvement : la description progressive d’une vieille femme. Rimbaud « mime » la sortie de l’eau d’une femme en décrivant progressivement son corps. 1ère strophe : une « apparition » : la sortie de l’eau disgracieuse d’une femme vieillissante. Le titre a créé un horizon d’attente sur le lecteur qui s’attend à découvrir la splendeur de Vénus.

Il sera détrompé dès les premiers mots. Comme d'un cercueil vert en fer blanc, une tête Le poème débute par une comparaison entre la baignoire et un cercueil.

On peut remarquer plusieurs choses : - le coquillage du mythe devient une baignoire, c’est-à-dire un objet quotidien fabriqué dans un matériau qui n’est pas noble (« fer blanc). - le cercueil connote d’emblée la mort alors que dans le mythe Vénus est associée à la mer, symbole de vie et d’éternité. Le premier élément du corps qui apparaît est la tête : elle est placée à la fin du vers pour être mise en valeur. Sa description est rejetée aux vers suivants par une énumération de termes qui la caractérisent. De femme à cheveux bruns fortement pommadés Ce vers présente 2 compléments du nom : - le 1er « de femme » indique à qui la tête appartient - le second « à cheveux bruns fortement pommadés » décrit la chevelure.

Contrairement à la Vénus mythologique la femme est brune et l’hyperbole « fortement » suivie de l’adjectif « pommadés » donne une image assez négative de ses cheveux qui semblent gras, peut-être encore sales ou enduit d’un produit peu plaisant à voir. => L’impression de description dévalorisante se poursuit donc. D'une vieille baignoire émerge, lente et bête, Le 1er hémistiche indique le lieu où se trouve la femme : « une baignoire ».

L’adjectif « vieille » peut être compris comme une hypallage qui annonce que la femme est vieille également.

Ce CC « d’une vieille baignoire » est placé avant le verbe « émerge » pour mettre l’action en valeur et rappeler Vénus sortant des eaux.

Ce verbe d’action au présent de l’indicatif connote la lenteur et donne une impression peu gracieuse. Cette impression est confirmée par l’adjectif « lente ».

L’adjectif « bête » apporte un jugement de valeur négatif.

Il fait aussi penser à un animal (une bête) et annonce les termes animaliers qui décriront le corps de la femme dans la suite du poème. Avec des déficits assez mal ravaudés ; Le groupe nominal décrit indirectement le visage de la femme, de manière toujours négative.

L’adjectif « ravaudés » évoque d’habitude le raccommodage des vêtements usés.

Il sert ici à décrire les imperfections liées à la vieillesse, que la femme a essayé de cacher en vain, peut-être par un excès de maquillage. => La Vénus décrite par Rimbaud est donc une vieille femme au visage ravagé et le lecteur attend la suite de la description. 2ème et 3ème strophe : une déesse de l’horreur. Puis le col gras et gris, les larges omoplates L’allitération en [gr] des adjectifs suggère la lourdeur et la grosseur de cette partie du corps.

La couleur de la peu indique que cette femme a perdu sa fraîcheur.

Elle est de plus décrite avec des épaules larges ce qui est contraire à l’image de la féminité à l’époque : une femme doit être menue du buste. Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ; Le rejet de la proposition relative « qui saillent » accentue davantage le physique inélégant de cette femme. C’est aussi un écart par rapport au rythme de la poésie traditionnelle.

Rimbaud s’éloigne donc de la description habituelle de Vénus en ne respectant pas les règles d’écriture du vers. De plus le vers contient deux antithèses : « qui saillent » s’oppose à court ; « rentre » s’oppose à « sort ».

Ce corps n’est donc pas un ensemble harmonieux. Enfin Rimbaud détourne les représentations habituelles de Vénus en ne décrivant pas la femme de face, mais de dos. Puis les rondeurs des reins semblent prendre l'essor ; L’allitération en [r] produit le même effet qu’au vers 5 : elle renforce l’idée de grosseur et de lourdeur. La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ; La métaphore des « feuilles plates » évoque ici sans doute l’effet disgracieux de la cellulite. => Rimbaud décrit donc sa Vénus par une succession de petits contre-blasons et invite le lecteur à la contempler de plus près pour remarquer tous ses défauts physiques. L’échine est un peu rouge, et le tout.... »

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