Éducation sentimentale (L'), histoire d'un jeune homme. (analyse détaillée) de Gustave Flaubert
Publié le 24/10/2018
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Éducation sentimentale (L'), histoire d'un jeune homme.
Roman de Gustave Flaubert (18211880), publié à Paris chez Michel Lévy en 1869.
Après avoir songé à intituler ce roman, écrit entre le 1er septembre 1864 et le 16 mai 1869, les Fruits secs, et après avoir longtemps hésité - au point de demander à son amie George Sand de lui trouver un titre -, Flaubert adopte finalement, « en désespoir de cause », le titre l’Éducation sentimentale, histoire d'un jeune homme : « Je ne dis pas qu'il soit bon, mais jusqu'à présent c'est celui qui rend le mieux la pensée du livre » (lettre à George Sand, 3 avril 1869). L'écrivain reprend ainsi un titre déjà utilisé pour une œuvre de jeunesse - rédigée de 1843 à 1845 - qu'il ne souhaita jamais publier (voir la notice précédente), et qui n'a à peu près de commun avec l'œuvre présente que le titre, le sous-titre étant propre au roman de 1869. La rédaction de l'ouvrage, dont Flaubert précise à maintes reprises le projet dans sa Correspondance, s'accompagne d'une inquiétude tenace concernant un « défaut de conception » que l'auteur perçoit sans parvenir à le corriger : « Je veux faire l'histoire morale des hommes de ma génération ; \"sentimentale\" serait plus vrai. C'est un livre d'amour, de passion ; mais de passion telle qu'elle peut exister maintenant, c’est-à-dire inactive. Le sujet, tel que je l'ai conçu, est, je crois, profondément vrai, mais, à cause de cela même, peu amusant probablement. Les faits, le drame manquent un peu ; et puis l'action est étendue dans un laps de temps trop considérable. Enfin, j'ai beaucoup de mal et je suis plein d'inquiétudes » (lettre à Mlle Leroyer de Chantepie, 6 octobre 1864). Dans l'ensemble, le roman fut mal accueilli par la critique qui lui reprocha notamment sa « sécheresse », c'est-à-dire de n'avoir « ni sentiment, ni passion, ni enthousiasme, ni idéal, ni aperçu, ni réflexion, ni profondeur » (article de J. Barbey d'Aurevilly paru dans le Constitutionnel le 19 novembre 1869).
Première partie. En 1840, le jeune bachelier Frédéric Moreau aperçoit, sur le bateau qui le mène à sa ville natale de Nogent-sur-Seine, la belle Mme Arnoux dont il tombe immédiatement amoureux ; elle est la femme de Jacques Arnoux, un petit bourgeois médiocre et débonnaire (chap. I ). Frédéric retrouve bientôt Deslauriers, son ami de toujours, et les deux jeunes gens évoquent avec enthousiasme leurs projets d’avenir (2). La première année parisienne de Frédéric, inscrit à la faculté de droit, se déroule dans l’ennui et la pensée de Mme Arnoux (3), chez laquelle il parvient à se faire introduire par le bohème Hussonnet (4). En raison de la précarité de sa fortune, le jeune homme se résigne cependant à la vie de province, mais un héritage inespéré lui permet de regagner Paris (5-6).
«
Première partie.
En 1840, le jeune bachelier
Frédéric Moreau aperçoit, sur le bateau qui le
mène
à sa ville natale de Nogent-sur-Seine, la belle Mme Arnoux dont il tombe immédiate
ment amoureux ; elle est la femme de jacques
Arnoux, un petit bourgeois médiocre et débon
naire (chap.
1 ).
Frédéric retrouve bientôt Deslau
riers, son ami de toujours, et les deux jeunes gens évoquent avec enthousiasme leurs projets d'ave nir (2).
La première année parisienne de Frédéric,
inscrit à la faculté de droit, se déroule dans l'ennui
et la pensée de Mme Arnoux (3), chez laquelle il parvient à se faire introduire par le bohème
Hussonnet (4).
En raison de la précarité de sa fortune, le jeune homme se résigne cependant à
la vie de province, mais un héritage inespéré lui
permet de regagner Paris (5-6).
Deuxième partie.
Frédéric partage sa vie entre
le foyer des Arnoux, la maison d'une lorette
nommée Rosanette - qui est la ma?tresse d'Arnoux -et, parfois, le salon des Dambreuse,
bourgeois riches et influents (chap.
1-2).
Il n'ose déclarer son amour à Mme Arnoux mais devient
le confident de ses peines conjugales tout en étant l'ami du mari (3).
Après un duel à propos
de Rosanette, Frédéric part pour Nogent (4).
Il y est bientôt considéré comme le fiancé de la jeune Louise Roques qui l'aime et se donne à lui, mais qu'il délaisse pour retourner à Paris (5).
Il avoue enfin son amour à Mme Arnoux, qui le partage mais l'exige platonique ; Frédéric devient
finalement l'amant de Rosanette (6).
Troisième partie.
Frédéric
assiste en specta teur aux événements de 1848 et fréquente de
plus en plus assidûment le salon des Dambreuse
(chap.
1-2).
Il vit avec Rosanette, qui attend un
enfant, et courtise Mme Dambreuse dont il fait sa maîtresse (3).
Le mari de cette dernière meurt
et elle propose à Frédéric de l'épouser; il accepte tout en continuant sa vie avec Rosanette,
bouleversée par
la mort soudaine de leur enfant
(4).
Les Arnoux, ruinés, quittent la France et Fré déric, las de Rosanette et de Mme Dambreuse,
décide de se marier avec Louise, mais celle-ci a
épousé Deslauriers; Frédéric regagne une fois de
plus Paris (5).
Bien des années plus tard, en 1867, il reçoit la visite de Mme Arnoux vieillie et tous
deux évoquent leur amour
avec nostalgie avant
de
se séparer pour toujours (6).
Frédéric.
pas plus que Deslauriers, avec lequel il est réconcilié,
n'a su réaliser ses aspirations de jeunesse et il poursuit désormais son existence de « petit
bourgeois » (7).
En dépit de son titre, qui l'inscrit
dans la tradition
du roman d'appren
tissage, l'Éducation sentimentale est
avant
tout un roman de l'échec, de la
faillite
tant individuelle qu'historique.
La vie se répète plutôt qu'elle ne pro
gresse ; elle apparaît comme une fade
succession d'avortements
plutôt que
comme une ferme trajectoire aboutis
sant à la réalisation
d'un but.
Le
dénouement est explicite à cet égard :
alors que Frédéric et Deslauriers
-
«
Celui qui avait rêvé l'amour, celui qui
avait rêvé le pouvoir
» (III, 7) -résu
ment leur vie et se demandent pour
quoi ils l'ont «manquée», c'est dans
un souvenir d'adolescence qu'ils trou
vent ce qu'ils ont « eu de meilleur »
{III, 7) : mais ce souvenir est celui d'un
acte manqué, inabouti : les deux jeu
nes gens vont chez les filles mais, au
dernier moment, ils
se sauvent au lieu
d'entrer.
Désirs inaccomplis, insatisfac
tions récurrentes dans lesquelles
on
semble se complaire : tel est le bilan de
cette dérisoire
« éducation ''· L'amour de Frédéric pour Mme
Arnoux est exemplaire à cet égard.
Sin
cèrement épris, au
point d'être incapa
ble de vraiment aimer tout autre
femme, le jeune
homme retarde pour
tant indéfiniment le moment de
l'aveu :
«Depuis le matin, il cherchait
l'occasion de
se déclarer; elle était
venue.
D'ailleurs,
le mouvement spon
tané de Mme Arnoux lui semblait
contenir des promesses ( ...
].
Mais,
quand il fut assis près d'elle, son
embarras commença ; le
point de
départ lui
manquait» (II, 3).
Frédéric
vit ainsi de promesses toujours
reconduites, de désirs
en permanence
frustrés.
La jouissance ne réside pas
dans l'acte, mais dans l'hypothèse
future et improbable de sa réalisation.
Ainsi, Frédéric
ne cesse de conjuguer
son amour au conditionnel -
« Elle
serait là, quelque part, au milieu des
autres, cachant sous son voile ses.
»
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