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DURAS Marguerite, Moderato cantabile

Publié le 22/02/2012

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«Modéré et chantant»: c'est l'injonction que formule une dame, professeur de piano, à son jeune élève peu motivé, au cours de ses leçons quotidiennes. Ce jeune élève, c'est le fils d'Anne Desbarèdes, jeune femme riche et désoeuvrée, qui se promène tous les jours avec l'enfant qu'elle adore et à qui elle fait donner des leçons de piano, plus pour leur donner un but à tous les deux que par véritable amour pour la musique. Anne est très indulgente avec son fils, ce qui entraîne des remarques incessantes de la part du professeur. Mère et fils s'en moquent et ne semblent vivre que selon leur bon plaisir. Cette scène se déroule dans une petite ville côtière où le temps s'écoule au rythme des obliques que dessinent les rayons du soleil sur l'horizon de la mer... Rien ne semble devoir briser la monotonie de la vie. Un jour, cependant, un cri déchirant retentit; une jeune femme a été assassinée dans le café d'en face. Anne se mêle à la foule des badauds et voit un homme embrasser passionnément la morte. Cet incident marque profondément la jeune femme qui prendra désormais l'habitude de revenir dans ce café, laissant son fils jouer librement sur le port, avec d'autres enfants. ?
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« Fiction et autobiographieMarguerite Duras est née en Indochine, où ses parents étaient enseignants, en 1914.

A Paris à l'âge de dix-septans, elle y fait ses études (licence en droit, Ecole des sciences politiques).

En 1942, elle entre, pour une brèvepériode, au parti communiste français.

Ses deux premiers romans (Les Impudents, 1943, La Vie tranquille, 1944) neremportent pas le vif succès de Barrage contre le Pacifique (1950).

Dans ce récit autobiographique, exotique,émouvant, l'auteur adopte une forme d'écriture classique, influencée par les romans américains.Le Marin de Gibraltar et, ensuite, Les Petits Chevaux de Tarquinia (1953), Des Journées entières dans les arbres(1954) sont des œuvres qui marquent un tournant dans l'écriture, style adopté jusqu'au récent L'Amant (PrixGoncourt).

Avec La Douleur, elle renoue avec le genre autobiographique.

Il y est question du séjour à Dachau deson mari.Pendant cette longue période qui va de 1950 (Barrage contre le Pacifique) à 1984 (L'Amant), Marguerite Durasadopte la forme appelée Nouveau Roman, jouant avec les techniques de distanciation par rapport au sujet, lesallusions au détriment des descriptions, le non-dit privilégié par rapport aux détails, les répétitions, génératrices d'unrythme poétique. Quelques thèmesLe thème essentiel dans l'œuvre de l'auteur est la rencontre.

A une époque où le thème privilégié est celui de lasolitude humaine, Duras ne cesse d'affirmer à travers toute son œuvre «le miracle, la merveille ou tout au moins lachance toujours possible de la rencontre».Cette rencontre se fait toujours suivant un certain tempo : l'approche entre les êtres s'amorce lentement, nécessiteun mûrissement.

Les dialogues sont réduits à une esquisse qui ne serait que le reflet de la passion qui brûle àl'intérieur.L'attente et l'ennui sont également chers à l'auteur: attente d'un possible événement, ennui dans l'oisiveté maisaussi à l'intérieur du couple qui a le sentiment de se sentir enfermé, qui met en question la fidélité, qui vit lacontradiction des désirs humains. Outre l'alcoolisme et la fascination de la mort, Marguerite Duras privilégie également l'apparition, à un moment précisde ses récits, d'un événement anodin ou tragique (l'assassinat dans Moderato cantabile) qui sert de catalyseur aurécit et aux personnages. Moderato Cantabile : la passion et le non-ditSous une apparence banale et avec une grande économie de langage, Moderato cantabile (1958) est un romancomplexe.

C'est le récit de deux passions parallèles : le premier couple qui a joué «l'amour à mort» sert en quelquesorte d'exemple au second, celui d'Anne et de Chauvin qui étaient, sans le savoir, en attente d'une rencontre etd'une passion impossible.

Il s'agit là d'une mise en abyme, technique chère aux Nouveaux romanciers dont AlainRobbe-Grillet, dans la mesure où le premier récit de passion, enchâssé dans le second, est le reflet des aspirationsintimes des personnages.«Modéré et chantant», c'est à la fois l'univers convenable, rassurant des leçons de piano chères à la bourgeoisie et,par antiphrase, l'univers tragique et indécent de la passion charnelle qui ne connaît ni convenance, ni frein.

Tout sepasse d'une manière indirecte, à travers les réactions d'Anne au récit répété de l'assassinat; Chauvin sent sesattentes, en particulier, celles du désir et de la passion sexuelle.

L'auteur met en valeur le rôle que le destin desautres peut jouer dans notre propre vie; pour elle, aimer et désirer jusqu'à vouloir mourir n'est pas une réalité qu'onanalyse, mais une expérience qu'on ne peut comprendre qu'en la vivant.

Ces thèmes du désir, de l'amour et de latransgression sont traités avec une grande économie de paroles, l'essentiel étant dans les silences.

Ce n'est quedans L'Amant que Duras les développe beaucoup plus explicitement. Les lieux de Marguerite DurasLa maison, la forêt, la mer sont les lieux de prédilection de l'auteur; lieux féminins par excellence, lieux de sonenfance au bord du Pacifique.

La mer est omniprésente dans ses ouvrages, que ce soit en France, en Italie, auJapon, en Inde; cette masse liquide, vivante, mouvante, colorée suivant les lieux et la lumière exerce sur elle uneréelle fascination.. »

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