Du principe fédératif de Proudhon
Publié le 06/04/2013
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Pierre-Joseph Proudhon est né à Besançon en 1809, dans un famille de condition très modeste. Après des études secondaires brillantes, il travaille dans différentes entreprises de sa ville natale, avant de s'installer à Paris, où il se fait un nom par son activité de journaliste-écrivain et de propagandiste de théories d'inspiration socialiste. Il est élu député pendant la IIe République. Ses attaques contre le gouvernement et les classes possédantes - dont on retrouve l'écho dans sa célèbre formule « la propriété, c'est le vol « - lui vaudront procès, prison et un court exil. Amnistié, il se retire définitivement à Paris avec sa famille. Il meurt en 1865, en ayant produit une oeuvre abondante et originale de théoricien, dans laquelle la notion de fédéralisme joue un rôle déterminant. Du principe fédératif a été publié en 1863.

«
Pendant vingt ans, de
! 'Essai
de gramma ire
g én éra le
à La Justice
dans la révolution et
dans l'Égli se,
Proudhon a abordé
les sujets les plus
dive rs, de la philologie
à la philosophie
politique .
Ses derniers
écrits privilégient
les question s
internationales.
Le fé d éra lisme de P roudhon p rôn ait
la réorganisation de
l'agriculture et
· de l'industri
e en
coopératives fédérées,
ai nsi q ue le transf
ert du pouvoir exécutif central au profit des
collectivités régionales
~ ------ - EXTRAITS
1.
Définition de la fédération :
Fédération, du latin foedus, génitiffoederis,
c'est-à-dire pacte, contrat, convention,
traité, alliance, etc., est une convention
par
laquelle un ou plusieurs groupes de com
munes ou États s'obligent réciproquement
et également les uns envers les autres pour
un ou plusieurs objets particuliers, dont
la
charge incombe spécialement alors et ex
clusivement aux délégués de
la fédération.
( ...
)Ce qui fait l'essence et le caractère du
contrat fédéral, et sur quoi j'appelle
l' at
tention du lecteur, c 'est que dans ce système
les contractants, chefs de famille , com
munes, cantons, provinces ou États, non
seulement s'obligent synallagmatiquement
et commutativement
les uns envers les
autres, ils se réservent
individuellement, en
formant le pacte, plus
de droits, de liberté,
d'autorité , de pro
priété,
qu'ils n'en
abandonnent.( ...
)
D'après ces principes,
le contrat de fédéra
tion ayant
pour objet,
en termes généraux,
de garantir aux États
confédérés leur souveraineté, leur territoire,
la liberté de leurs citoyens ; de régler leurs
différends ;
de pourvoir, par des mesures gé
nérales, à tout ce qui intéresse
la sécurité et
la prospérité commune, ce contrat, dis-je,
malgré
la grandeur des intérêts engagés, est
essentiellement restreint.
2.
Projet de constitution
Toute la science constitutionnelle est là : je
la résume en trois propositions :
1° Former des groupes médiocres, respec
tivement souverains, et les unir
par un pacte
de fédération ;
2° Organiser en chaque État fédéré le gou
vernement d'après la loi de séparation des organes
;
je veux dire : séparer dans le pou
voir tout ce qui peut être séparé, définir tout
ce qui peut être défini, distribuer entre or
ganes et fonctionnaires différents tout ce qui
aura été séparé et défini ;
3° Au lieu d'absorber les États fédérés ou
autorités provinciales et municipales dans
une autorité centrale, ré
duire les attributions de
celle -ci à un simple rôle
d 'initiative générale, de
garantie mutuelle
et de
surveillance, dont les dé
crets ne reçoivent leur
exécution que sur
le visa
des gouvernements confé
dérés
et par des agents
à leurs ordres, comme,
dans
la monarchie consti
tutionnelle, tout ordre
émanant du roi doit, pour
recevoir son exécution ,
être revêtu du contre
seing d'un ministre.
3.
Les obstacles économiques
à la fédération
Tout n'est pas dit cependant.
Si irrépro
chable que soit dans sa logique
la constitu
tion fédérale, quelques garanties qu'elle
offre dans l'application, elle ne se soutien
dra elle-même qu 'autant qu'elle ne rencon
trera
pas dans l'économie publique des
causes incessantes de dissolution.
En
d'autres termes ,
il faut au droit politique le
contrefort du droit économique.
Si la pro
duction et la distribution de la richesse est
livrée au hasard; si l'ordre fédératif ne sert
qu 'à protéger l'anarchie capitaliste et mer
cantile ; si la société se trouve divisée en
deux classes, l'une des propriétaires-capi
talistes-entrepreneurs, l'autre
de prolétaires
salariés, ( ...
) l 'édifice politique sera tou
jours instable.
« -Les cin qua nte
f r ancs que je dois à mon propriétaire ? -Il n'y a plus de
propriétaire ••• les
cinq uante francs sont
pou r
vous!,.
-Et les quatorze cents
francs que vont coûter
les répa rations au to it ? - Il n'y a plu s de
propriétaire ...
c'est
d on c en cor e pour
vous!,.
- Ah ! saperlotte ••.
al ors rend ez-moi vite
m on propriétaire ! ,.
NOTES DE L' ÉDITEUR de la communauté internationale
œcuménique, au sommet.
Cette conception
entraîne celle de l'unité du système
juridique, ou monisme juridique, vers lequel
l'humanité aspire depuis qu'il y a des
sociétés politiques en contact.
» Georges
Scelle,
Fédéralisme et proudhonisme.
n'avait qu'à rappeler une formule qu'il
avait vainement cherché à faire prévaloir
« Proudhon a bien vu que le principe
fédératif avait la même valeur en droit
constitutionnel interne et en droit
constitutionnel international.
On peut
regretter
qu'il n'ait pas montré les
implications du principe dans
l'un et l'autre
domaines, mais
il n'est pas douteux qu'il ait
saisi leur unité et pressenti que le principe
fédéraliste était applicable depuis la famille
ou le clan, à la base,
jusqu'à l'organisation
«Proudhon est d'ailleurs trop bien informé
des méfaits meurtriers
du" laissez-faire,
laissez-passer " pour abandonner l'individu
à l'exploitation du capitalisme ; mais
il
en 1848 : le mutuellisme, dont le
fédéralisme
n'est qu'une expression élargie.
" Le vingtième siècle, écrit-il, ouvrira
l
'ère des fédérations .
" Et en termes
malheureusement trop sommaires, il
esquisse, par opposition à la féodalité
financière aujourd'hui dominante ce qu'il
appelle la fédération agricole-industrielle.
»
P.-J Puech et Th.
Ruyssen, Le fédéralisme
dans l'œuvre
de Proudhon.
1 Pro udhon, musée Carnavalet I Gira udon 2 Proudh on et ses enfants par Gustave Courbet (1865), Petit Palais, Paris I Giraudon 3, 4 caricatures de Cham/ Edimédia PROUDHON02.
»
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