DU MOUVEMENT ET DE L'IMMOBILITÉ DE DOUVE (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
Publié le 24/10/2018
Extrait du document
DU MOUVEMENT ET DE L'IMMOBILITÉ DE DOUVE. Recueil poétique d'Yves Bonnefoy (né en 1923), publié à Paris au Mercure de France en 1953. La première section avait paru sous la forme d'une plaquette séparée - Théâtre de Douve - au Caire aux Editions de la Part du Sable, dirigées par Georges Henein, à qui Bonnefoy était lié.
Entré en poésie après guerre avec le surréalisme, dont témoigne le Traité du pianiste publié en 1946, Bonnefoy prend très vite ses distances par rapport à Breton, refusant de signer le manifeste « Rupture inaugurale » en 1947. Du mouvement et de l'immobilité de Douve, qui est son premier grand recueil, unanimement salué par la critique, témoigne d'une poétique encore profondément marquée par le surréalisme, mais qui demande aussi à Hegel, à Kierkegaard, à Plotin, à Baudelaire, de la réconcilier avec le monde de la réalité sensible, que le « stupéfiant image » avait fait oublier par sa « tentation gnostique ». Bonnefoy y réaffirme l'importance du temps par son travail sur les mètres quasi réguliers, qu'il fait varier, souvent aux limites de l'alexandrin et du décasyllabe, pour les faire miroiter, dans la première section, avec le poème en prose.
Les poèmes expriment avec une continuité thématique et formelle qui assure à l’œuvre l’unité d’un « livre de poésie » qui n’est pas celle d’un « recueil », les souffrances auxquelles est soumise une figure féminine à l’agonie - Douve -et son « salut » dans la mort, à travers cinq étapes : « Théâtre », « Derniers Gestes », « Douve parle », « l’Orangerie », « Vrai Lieu ».
En s'éloignant du surréalisme, Bon-nefoy opère ce qu'il appelle une « conversion » dans l'écriture. Tandis qu'il préparait, depuis 1947, des récits en prose - « le Rapport d'un secret » et, surtout, l'« Ordalie » -, des « bribes » de poèmes, centrées sur les personnages emblématiques que ces récits mettaient en scène, se sont imposées à lui, au point d'interrompre l'écriture de fiction. La publication comme un « témoignage » de l'« Ordalie » (1975, repris dans Récits en rêve, en 1987), après que Bonnefoy eut retrouvé, « fortuitement », le texte de deux chapitres de l'ensemble qu'il croyait avoir détruit, permet de mesurer à quel point l'origine fictionnelle de Douve pèse sur l'œuvre. La figure féminine, énigmatique, de Douve, dont les significations allégoriques sont multiples, mais qui, comme la Jeune Parque (voir la Jeune Parque) ou Hérodiade (voir *Hérodiade) auxquelles elle peut faire penser, est l'emblème même de la poésie, provient du récit de l'«Agent secret», dont s'étaient détachés «Sept Poèmes du mouvement et de l'immobilité de Douve », réapparus ici dans la première section « Théâtre » ; de même, la quatrième et avant-dernière section, « l'Orangerie », reprend la situation de l'« Ordalie », où le « personnage » principal - à vrai dire très désincarné - Jean
«
sur les mètres quasi réguliers, qu'il fait
varier,
souvent aux limites de l'alexan
drin et du décasyllabe, pour les faire
miroiter,
dans la première section, avec
le
poème en prose.
Les poèmes expriment.
avec une continuité
thématique et formelle qui assure à l'œuvre l'unité d'un « livre de poésie » qui n'est pas celle d'un « recueil », les souffrances auxquelles est soumise une figure féminine à l'agonie- Douve et son « salut» dans la mort, à travers cinq éta pes : « Théâtre », « Derniers Gestes », « Douve parle», « l'Orangerie», «Vrai Lieu ».
En s'éloignant du surréalisme, Bon
nefoy opère ce qu'il appelle une
« conversion » dans l'écriture.
Tandis
qu'il préparait, depuis 1947, des récits
en prose - « le Rapport d'un secret » et,
surtout,
l'« Ordalie >> -, des « bribes >> de
poèmes, centrées
sur les personnages
emblématiques que ces récits met
taient en scène, se sont imposées à lui,
au point d'interrompre l'écriture de
fiction.
La publication comme un
«témoignage>> de l'« Ordalie>> (1975,
repris
dans Récits en rêve, en 1987),
après
que Bonnefoy eut retrouvé, « for
tuitement>>, le texte de
deux chapitres
de l'ensemble qu'il croyait avoir
détruit,
permet de mesurer à quel point
l'origine fictionnelle de Douve pèse sur
l'œuvre.
La figure féminine, énigmati
que, de Douve,
dont les significations
allégoriques
sont multiples, mais qui,
comme la jeune Parque (voir la *Jeune
Parque) ou Hérodiade (voir *Hérodiade)
auxquelles elle peut faire penser, est
l'emblème même de la poésie, provient
du récit de 1' « Agent secret >>, dont
s'étaient détachés «Sept Poèmes du
mouvement et de l'immobilité de
Douve>>, réapparus ici dans la première
section
« Théâtre >> ; de même, la qua
trième et avant-dernière section,
«l'Orangerie>>, reprend la situation de
1' « Ordalie >>, où le «personnage >> prin
cipal- à vrai dire très désincarné- jean
Basilide, blessé d'un coup de revolver
par Flore, se réfugie dans une « orange
rie
» (liée pour Bonnefoy à la peinture
de Poussin), «vrai lieu » mythique où
il attend la mort :
L'orangerie, Nécessaire repos qu'il rejoignait, Parut, un peu de pierre dans les branches.
L'originalité de Douve dans l'œuvre
de Bonnefoy.
tient donc à cette muta
tion - de la fiction narrative à la poé
sie
-, à cette « poétisation >> appelée par
le sentiment que la fiction, en quelque
sorte « close » sur elle-même, se prend
au piège tendu par l'imaginaire abstrait
d'une « langue >> paralysante.
La matière narrative ainsi poétisée,
«affranchie de sa gangue de fiction>>,
s'ouvre
à ce que Bonnefoy nomme
symétriquement la «parole >>1 qui
accueille la > sensible des
choses et des êtres.
Cette
thématique,
constamment réaffirmée dans les essais
depuis
Anti-Platon (1947), où le hic et
nunc
de l'incarnation devient le « lieu >>
de la Poésie, s'accompagne d'une dra
matisation de l'écriture,
où les différen
tes
voix- du poète, de Douve, d'autres
protagonistes -
se répondent libre
ment.
Le titre de la section « Théâtre >>
est corroboré par le jeu des didascalies
qui scandent le livre («une voix >>1 «une autre voix>>).
Mais c'est surtout
la troisième section, «Douve parle>>,
qui manifeste cette théâtralité en
maintenant la trace de la fiction origi
nelle.
Douve, qui jusqu'alors avait été
désignée à distance
par la troisième
personne,
comme la victime passive et
comme l'objet de la contemplation
voyeuriste du poète (répétition ana
phorique, dans les premiers poèmes
de: «Je te voyais ...
>>1 «Je t'ai vue ...
>>),
« enserr[ée] 1 Dans l'acte de connaître
et de nommer>> ("Vrai corps"), prend à
son tour la parole.
De destinataire
objet, elle devient
sujet- et c'est par ce.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- VOLEUR (le). Roman de Georges Darien (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- VIE DE SAINT LOUIS de Jean, sire de Joinville (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- L’Écume des jours 1947 Boris Vian (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- COELiNA ou l'Enfant du mystère de René Charles Guilbert de Pixerécourt (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- Fleurs DU mal (les). Recueil poétique de Charles Baudelaire (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)