Du Contrat social
Publié le 10/04/2013
Extrait du document
«
EXTRAITS ~~~~~~~~
« ...
et, quant à la
richesse, que nul
citoyen
ne soit assez
opulent pour en
pouvoir acheter un
autre ...
»
Les relations entre les hommes
sont
le fruit de conventions
Si je ne considérais que la force , et!' effet
qui en dérive,
je dirais : tant qu'un Peuple
est contraint
d'obéir et qu'il obéit, il fait
bien ; sitôt qu'il peut secouer le joug et qu'il
le secoue, il fait en
core mieux ;
car, re
couvrant sa liberté
par le même droit
qui
la lui a ravie, ou
il est fondé à la re
prendre, ou !'on ne
!'était point à la lui
ôter.
Mais !'ordre
social
est un droit
sacré, qui sert de
base à tous les
autres.
Cependant
ce droit ne vient
point de la nature ;
il est donc fondé sur
des conventions.
Il
s'agit de savoir
quelles sont ces
conventions.
Avant
d'en venir là je dois
établir ce que
je
viens d'avancer.
Seul le contrat social permet
aux hommes de s'associer sans perdre
leur liberté naturelle
Je suppose les hommes parvenus à ce point
où les obstacles qui nuisent
à leur conser
vation dans !'état de nature, !'emportent par
leur résistance
sur les forces que chaque
individu
peut employer pour se maintenir
dans cet état.
Alors cet état primitif ne peut
plus subsister, et le genre humain périrait
s'il ne changeait sa manière d'être.
Or comme les hommes ne peuvent engen
drer de nouvelles forces, mais
seulement
unir et diriger celles qui existent, ils n'ont
plus d'autre moyen pour se conserver, que
de
former par aggrégation une somme
de forces qui puisse !'emporter sur la résis
tance, de les mettre en
jeu par un seul
mobile et de les faire agir de concert.
Cette somme de forces ne peut naître que du
concours de plusieurs : mais
la force et la
liberté de chaque homme étant les premiers
instruments de sa conservation, comment
les engagera-t-il sans se nuire,
et sans
négliger les soins
qu'il se doit ? Cette diffi-
culté ramenée à mon sujet peut s'énoncer
en ces termes.
« Trouver une forme d'association qui
Rousseau n'était pas un
idéaliste éloigné des
réalités humaines et
politiques .
Il connaissait parfaite
ment la société de son
temps et avait une
vision pessimiste des
chances de réalisation
de ses théories.
défende et protège de ""~~ --=:,.=~~~,
toute la force com
mune la personne
et
les biens de chaque
associé, et par la
quelle chacun s' unis
sant à tous n'obéisse
pourtant qu'à lui
même et reste aussi
li
bre qu'auparavant ? »
Tel est le problème
fondamental dont le
contrat social donne
la solution.
Pour qu'un peuple
se dote de lois
justes,
il faut des
conditions
Ce qui rend pénible
!'ouvrage de la légis
lation
est moins ce
qu'il faut établir que
ce qu'il faut détruire ;
et ce qui rend le succès si rare,
c'est !' im
possibilité de trouver la simplicité de la
nature
jointe aux besoins de la société.
Toutes ces conditions, il est vrai, se trouvent
difficilement rassemblées.
Aussi voit-on peu
d'États bien constitués.
«C'est précisément
parce que la force des
choses tend toujours à
détruire l'égalité, que la
force de la législation
doit toujours tendre
à la maintenir.»
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Ce qui constitue le fond de la pensée de
Rousseau , ce à quoi elle fait constamment
retour afin de se réenraciner dans son
fondement et, de là, s'élancer à nouveau,
c'est l'affirmation de l'égalité de principe
des hommes libres.
L'homme est autonomie,
liberté posant ses décisions à partir d'elle
même ; il
n'est ni pur objet ni pur animal.
Aussi, prétendre lui imposer des
commandements qui ne viendraient pas de
lui-même, auxquels il n'aurait pas consenti serait
dénué de sens ; de manière homologue,
l'obligation éthique ne prend sens pour moi
que dans la mesure où
je lui ai accordé ma
bonne volonté.» Jean-Pierre Siméon, La
Démocratie selon Rousseau, Le Seuil, 1977.
un
ouvrier ou un annonciateur de la
prochaine Révolution.
Ainsi s'explique
la réconciliation posthume de Rousseau et
de Voltaire, leur commune apothéose, leur
promotion au rang de divinité bifrons ou de
dyade tutélaire.
La gravure populaire les
immortalisera côte à côte, travestis en
génies lampadophores, un candélabre à la
main, répandant devant eux les lumières,
« Rou sseau prend place, dans son siècle,
parmi les écrivains qui contestent les valeurs
et les structures de la société monarchique.
Si différents qu'ils aient été, la contestation
crée entre ces auteurs une ressemblance et
leur donne un air de fraternité : chacun d'eux
pourra être considéré, à quelque titre,
comme
1 coll.
Viollet 2, 3, 4, 5 gra vure s de J.
Tra ynier , éd.
Ath én a, P aris, 1953 / D .R .
et rayonnants d'éclat luciférien.» Jean
Starobinski,
Jean-Jacques Rousseau, la
transparence et l'obstacle, Gallimard, 1971.
ROUSSEAU 04.
»
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