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Du Contrat social

Publié le 10/04/2013

Extrait du document

Jean-Jacques, si fier de se présenter comme « citoyen de Genève « sur la première page du Contrat social (publié en avril 1762), subit la haine de ses compatriotes et fut contraint à l'exil, car les Genevois jugèrent son texte dangereux pour l'ordre public. Rousseau s'intéressait comme penseur aux idées politiques, mais il n'eut jamais la moindre intention d'engager une lutte ou de gouverner car, dit-il,« si j'étais prince ou législateur, je ne perdrais pas mon temps à dire ce qu'il faut faire ; je le ferais, ou je me tairais «. «

« EXTRAITS ~~~~~~~~ « ...

et, quant à la richesse, que nul citoyen ne soit assez opulent pour en pouvoir acheter un autre ...

» Les relations entre les hommes sont le fruit de conventions Si je ne considérais que la force , et!' effet qui en dérive, je dirais : tant qu'un Peuple est contraint d'obéir et qu'il obéit, il fait bien ; sitôt qu'il peut secouer le joug et qu'il le secoue, il fait en­ core mieux ; car, re­ couvrant sa liberté par le même droit qui la lui a ravie, ou il est fondé à la re­ prendre, ou !'on ne !'était point à la lui ôter.

Mais !'ordre social est un droit sacré, qui sert de base à tous les autres.

Cependant ce droit ne vient point de la nature ; il est donc fondé sur des conventions.

Il s'agit de savoir quelles sont ces conventions.

Avant d'en venir là je dois établir ce que je viens d'avancer.

Seul le contrat social permet aux hommes de s'associer sans perdre leur liberté naturelle Je suppose les hommes parvenus à ce point où les obstacles qui nuisent à leur conser­ vation dans !'état de nature, !'emportent par leur résistance sur les forces que chaque individu peut employer pour se maintenir dans cet état.

Alors cet état primitif ne peut plus subsister, et le genre humain périrait s'il ne changeait sa manière d'être.

Or comme les hommes ne peuvent engen­ drer de nouvelles forces, mais seulement unir et diriger celles qui existent, ils n'ont plus d'autre moyen pour se conserver, que de former par aggrégation une somme de forces qui puisse !'emporter sur la résis­ tance, de les mettre en jeu par un seul mobile et de les faire agir de concert.

Cette somme de forces ne peut naître que du concours de plusieurs : mais la force et la liberté de chaque homme étant les premiers instruments de sa conservation, comment les engagera-t-il sans se nuire, et sans négliger les soins qu'il se doit ? Cette diffi- culté ramenée à mon sujet peut s'énoncer en ces termes.

« Trouver une forme d'association qui Rousseau n'était pas un idéaliste éloigné des réalités humaines et politiques .

Il connaissait parfaite­ ment la société de son temps et avait une vision pessimiste des chances de réalisation de ses théories.

défende et protège de ""~~ --=:,.=~~~, toute la force com­ mune la personne et les biens de chaque associé, et par la­ quelle chacun s' unis­ sant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui­ même et reste aussi li­ bre qu'auparavant ? » Tel est le problème fondamental dont le contrat social donne la solution.

Pour qu'un peuple se dote de lois justes, il faut des conditions Ce qui rend pénible !'ouvrage de la légis­ lation est moins ce qu'il faut établir que ce qu'il faut détruire ; et ce qui rend le succès si rare, c'est !' im­ possibilité de trouver la simplicité de la nature jointe aux besoins de la société.

Toutes ces conditions, il est vrai, se trouvent difficilement rassemblées.

Aussi voit-on peu d'États bien constitués.

«C'est précisément parce que la force des choses tend toujours à détruire l'égalité, que la force de la législation doit toujours tendre à la maintenir.» NOTES DE L'ÉDITEUR « Ce qui constitue le fond de la pensée de Rousseau , ce à quoi elle fait constamment retour afin de se réenraciner dans son fondement et, de là, s'élancer à nouveau, c'est l'affirmation de l'égalité de principe des hommes libres.

L'homme est autonomie, liberté posant ses décisions à partir d'elle­ même ; il n'est ni pur objet ni pur animal.

Aussi, prétendre lui imposer des commandements qui ne viendraient pas de lui-même, auxquels il n'aurait pas consenti serait dénué de sens ; de manière homologue, l'obligation éthique ne prend sens pour moi que dans la mesure où je lui ai accordé ma bonne volonté.» Jean-Pierre Siméon, La Démocratie selon Rousseau, Le Seuil, 1977.

un ouvrier ou un annonciateur de la prochaine Révolution.

Ainsi s'explique la réconciliation posthume de Rousseau et de Voltaire, leur commune apothéose, leur promotion au rang de divinité bifrons ou de dyade tutélaire.

La gravure populaire les immortalisera côte à côte, travestis en génies lampadophores, un candélabre à la main, répandant devant eux les lumières, « Rou sseau prend place, dans son siècle, parmi les écrivains qui contestent les valeurs et les structures de la société monarchique.

Si différents qu'ils aient été, la contestation crée entre ces auteurs une ressemblance et leur donne un air de fraternité : chacun d'eux pourra être considéré, à quelque titre, comme 1 coll.

Viollet 2, 3, 4, 5 gra vure s de J.

Tra ynier , éd.

Ath én a, P aris, 1953 / D .R .

et rayonnants d'éclat luciférien.» Jean Starobinski, Jean-Jacques Rousseau, la transparence et l'obstacle, Gallimard, 1971.

ROUSSEAU 04. »

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