DORANTE de Marivaux. Personnage de ia comédie de Marivaux le Jeu de l’amour et du hasard

DORANTE de Marivaux. Personnage de ia comédie de Marivaux le Jeu de l’amour et du hasard (1730). Il est l’élégance même, de manières et de langage. Il est le «galant homme», bien né, poli par l’habitude des salons, un peu léger, car il appartient à cette époque de plaisir et de scepticisme qui était justement celle de Marivaux, mais il est capable de sérieux et d’émotion, à très peu de distance, parfois, d’un certain romantisme. C’est Marivaux, tel qu’il s’idéalise. Un romantique sans exaltation, toutefois, par peur du ridicule. Il faut être bien intelligent pour n’exprimer que la moitié de sa pensée, pour tourner et retourner autour de cette pensée avec l’heureuse surprise de constater que l’on a devant soi une partenaire de choix. Silvia, à qui Dorante s’attaque, a la même finesse d’esprit et de cœur, le même goût de l’intrigue et de la ruse, la même coquetterie, au fond. La lutte sera courtoise à cause de ce mélange de sincérité et de badinage, mais on ira jusqu’à la tendresse et même à l’amour, cet amour qui sera d’autant plus fort qu’il aura soulevé plus d’obstacles afin de mieux les briser. Oh î que ce personnage est donc raffiné ! Dès l’entrée cela doit éclater aux yeux. S’il a endossé une livrée de domestique pour qu’on ne le reconnaisse pas, cette livrée a été faite sur mesure. Il est bien venu et il promet, dira aussitôt Silvia qui n’a pas les yeux dans sa poche. Puis il parle et étonne tout le monde par le ton de bonne compagnie qu’il emploie. Ce n’est qu’avec Arlequin qu’il s’irrite et s’emporte.