Donatien Alphonse François de SADE : Histoire de Juliette ou les Prospérités du vice

« Publi ée avec La Nouvelle Justine , en dix volume s orn és d e ce nt g ra v ures , Ju­ liette connut en 1797 un e ve nte acti ve.

Mai s le l iv re fut sa isi d ès /'année sui vant e e t Sad e (1740-1 814) e mpri sonn é, sous le C on sulat , en 1801 , par ce qu'il en était l'aut eur, qu oiqu 'il l'ait nié à plu sie ur s r e pri ses.

Sade mo ur­ ra en pri son.

Le livre L'univers du vice J uliette, initiée au vice dans un couvent, devient, à la mort de ses parents, pensionnaire dans une maison de tolérance.

Elle y est remarquée pour ses goûts et talents pour le crime par Noirceuil et le ministre Saint-Fond.

Elle les assiste dans des orgies sanglantes où la cruauté ne connaît pas de bornes.

Présentée à la Société du Crime, Juliette frémit au projet géno­ cide de faire mourir de faim toute la France.

Sa courte hésita­ tion la désigne aussitôt comme la victime de la cruauté lubrique de Saint-Fond ; Juliette s'enfuit en Italie.

Se prosti­ tuant chez les prélats et les aristocrates , Juliette, nouvelle Messaline, visite l'inventeur d'une machine à décapiter seize personnes à la fois .

A Rome, elle oblige le pape Pie VI à célé­ brer des messes noires à Saint-Pierre s'il veut se livrer à des orgies avec elle.

Amassant par le vol et le meurtre une fortune colossale, n'hésitant pas à dénoncer ses complices si cela lui rapporte , Juliette va jusqu'à assassiner sa propre fille dans les pires débauches .

Elle retrouve Justine, restée vertueuse malgré tous les outrages qu'elle a subis, mais celle-ci est foudroyée sous ses yeux par le Ciel qui "récompense " ainsi la vertu.

Une monstruosité impensable J uliette fut condamnée plusieurs fois depuis sa parution.

En 1956 encore , l'éditeur Pauvert fut pour s uivi pour avoir édité Juli ett e et plusieur s autres livres de Sade.

Pourtant, ce n'est pas à proprement parler une apologie du crime : "On n'est point criminel pour faire la peinture 1 Des bizarres pen­ chants qu' inspire la nature ", dit Sade.

Les argumentations philo sophique s sont rendues presque vaines par la quantité de sophismes qui les étaye et par les contradictions incessantes.

Le s descriptions des horrible s perversion s sont traumatisantes mais la grande nouveaut é qu 'y introduit Sade est l 'origine pathologique de cette monstruosité.

Et, comme une maladie, si elle n'atteint pas tout le monde , qui peut prétendre être cer­ tainement épargné ? Par cette boulimie pornographique et phi­ losophique, dépas sant l'entend ement humain jusqu 'à la nau­ sée, Sade a mis en garde contre l'insoutenable , 1 'impensable même.. »