Dominique de Eugène Fromentin (analyse détaillée)
Publié le 23/10/2018
Extrait du document
LIEUX DE L’ACTION
Le château des Trembles à Villeneuve (Saint-Maurice, près de La Rochelle), en Charente ; Ormesson (Saintes) ; Paris ; le château de Nièvres.
ÉPOQUE DE L’ACTION
Contemporaine de l'auteur.
PERSONNAGES PRINCIPAUX
Le narrateur, ami et confident de Dominique ; Dominique de Bray, châtelain des Trembles ; Mm* de Ceyssac, sa tante ; Olivier d'Orsel, ami de collège et voisin de Dominique ; Madeleine, sa cousine, de un an plus âgée que Dominique ; Julie, sœur de Madeleine ; Augustin, précepteur de Dominique ; M. d'Orsel, père de Madeleine et de Julie.
RÉSUMÉ DE L’ACTION
Le narrateur fait la connaissance de Dominique de Bray en Charente (ch. 1). Les deux hommes deviennent intimes et, à la suite du suicide manqué d’un ami de jeunesse, Olivier d’Orsel, Dominique décide de raconter sa vie au narrateur (ch. 2). Quasiment orphelin, il est élevé par son précepteur Augustin, qui restera un ami (ch. 3). À 16 ans, il quitte les Trembles pour Ormesson, où habite sa tante. Il se lie avec Olivier d’Orsel qui lui présente ses deux cousines, Julie et Madeleine (ch. 4). Un an plus tard, Dominique connaît une crise d’adolescence et tombe amoureux de Madeleine (ch. 5). Mais elle épouse Alfred de Nièvres (ch. 7).
Pour étouffer son amour, Dominique s'épuise au travail (ch. 9). Mais apprenant que Madeleine sera aux Trembles, il la rejoint et passe deux mois de bonheur avec le couple (ch. 10). De retour à Paris — alors qu'Olivier repousse l'amour de Julie — il contraint Madeleine à une entrevue. Elle le supplie de cesser ses aveux (ch. 12) et veut l’aider à l’oublier.
«
finit par prétendre ne plus l'aimer, avant de se rétracter.
Elle le repousse
(ch.
13) puis, jalouse de sa maîtresse, se déclare à son tour, mais lui ferme
sa porte (ch.
14).
Elle sombre dans la mélancolie.
Lors d'un dernier entre
tien aux Trembles, elle avoue encore son impossible amour (ch.
17), impo sant une séparation définitive.
Dominique conclut son récit (ch.
18).
Passages-dés : l'arrivée de M.
de Nièvres (ch.
6), la distribution des prix
(ch.
S),la promenade (ch.
11), l'entrevue (ch.
12),l'opéra et l'aveu (ch.
14),
le dernier adieu (ch.
17).
THÈMES DOMINANTS
• Le souvenir assure l'unité et la progression du récit.
Véritable roman de l'« après coup " où le narrateur joue un rôle d'analyste pour le héros, Dominique se développe dans un temps ambigu et hallucinatoire où pré sent et passé se brouillent.
(Et ne vous étonnez pas si je divague en vous par lant de réminiscences qui ont la puissance certaine de me rajeunir au point de me rendre enfant).
L'écriture est alors décryptage des traces laissées par le passé.
La phrase longue est propice à l'expression de ce thème.
• La mort donne son sens au thème du souvenir.
Dominique vit dans la
séduction triste des faits passés dont il jouit comme de l'automne.
Pour connaître le bonheur au présent, il faudrait condamner le passé, ce à quoi le héros ne peut se résoudre car il ne veut pas échapper à ses souvenirs.
Aussi son présent est-il une image de la mort (Exister, c'était la demi-mort).
Seule l'écriture, par narrateur interposé, pourrait vaincre la mort en impo sant au souvenir un ordre, en glissant entre le sujet et sa mémoire un espace protecteur, une distance neutralisante.
• Le mal de vivre, thème historique du romantisme, sert de cadre au roman.
Le modèle ici n'est cependant pas René (Chateaubriand) mais Adolphe (Constant): le héros est un homme double qui souffre de sa com
plexité, bien qu'il ne puisse vivre sans elle.
Aussi est-il enfermé dans une
introspection infinie
et dédalesque, dans une mélancolie irrésistible.
Son
mal de vivre est une force négative et mortifère qui le fait passer de l' exal
tation aristocratique de la passion au conformisme bourgeois du mariage.
STYLE
• L'art des longues phrases
- énumératives :
Dans les profondeurs de feuillages, sur la limite du jardin, dans les cerisiers blancs, dans les troènes en fleur, dans les lilas chargés de bouquets et d'arômes, toute la nuit, pendant ces longues nuits où je dormais peu, où la lune éclairait, où la pluie quelquefois tombait, paisible, chaude et sans bruit 1 comme des pleurs de joie, -pour mes délices et pour mon tourment 1 toute la nuit les rossignols chantaient.
(ch.
3)
-descriptives : C était un pavillon de tournure flamande, élévé, étroit, percé de rares fenêtres irrégulières et flanqué de tourelles à pignons d'ardoise.
(ch.
1)
• L'art de la prosodie
- des allitérations :
et ce grand geste sempiternel du semeur semant son grain dans des lieues de sillon (ch.
2).
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