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DOM JUAN ou le Festin de pierre (analyse détaillée)

Publié le 24/10/2018

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DOM JUAN ou le Festin de pierre.
 
Comédie en cinq actes et en prose de Molière, pseudonyme de Jean-Bap-tiste Poquelin (1622-1673), créée à Paris au théâtre du Palais-Royal le 15 février 1665, et publiée (de manière expurgée) dans l'édition La Grange des Œuvres de Molière à Paris chez Thierry en 1682.
 
Dans la somptueuse semaine des Fêtes de Versailles (du 7 au 15 mai 1664), dites des « Plaisirs de l'île enchantée », Molière donne à la satisfaction quasi générale le Tartuffe, ou l'Hypocrite. Certains dévots cependant, ceux notamment qui se retrouvent au sein de la secrète Compagnie du Saint-Sacrement, se scandalisent d'une pièce où la vraie religion pourrait souffrir des attaques portées contre sa caricature perverse (Tartuffe) ou son abâtardissement niais (Orgon, Mme Pernelle). Ils obtiennent du roi l'interdiction des représentations publiques, mettant ainsi Molière dans l'urgente nécessité de renouveler le répertoire de sa troupe. À quel sujet recourir ?
 
Le Misanthrope est sans doute en chantier, mais Molière se refuse à précipiter la rédaction d'une « grande comédie » (c'est-à-dire une comédie en cinq actes et en vers). Il se tourne alors vers l'idée d'une pièce en prose - plus rapide à écrire - dont le sujet puisse attirer la foule des spectateurs et subsi-diairement le venger des censeurs du Tartuffe. L'histoire de Dom Juan se prête à ce double objectif. Elle permet à Molière d'exaspérer ses adversaires en portant de nouveau la religion à la scène, tout en se couvrant du côté du maître par le châtiment de l'impie : Dom Juan « n'est pas récompensé », observa Louis XIV avec une satisfaction laconique. Davantage, par la transformation qu'il opère à l'acte V du libertin en dévot, Molière suggère que les pieux détracteurs du Tartuffe pourraient n'être eux-mêmes que des libertins déguisés. Mais l'avantage principal de Dom Juan aux yeux du dramaturge est qu'il séduit le public. Depuis sa création en 1630 par l'Espagnol Tirso de Molina (l'Abuseur de Séville et le Convive de pierre), le « mythe » de Don Juan a touché l'Italie par deux adaptations de Cicognini et de Giliberto avant d'atteindre la scène française grâce à la troupe italienne de Paris qui le joue en commedia dell'arte (1658). Deux comédiens-auteurs fran-
çais reprennent le sujet sous la forme de tragi-comédies en cinq actes et en vers : Dorimond fait jouer son Festin de pierre ou le Fils criminel à Lyon en 1658, et Villiers, une pièce au titre identique à l'hôtel de Bourgogne l'année suivante. « À la fin de 1661, écrit A. Adam, on jouait le Festin de pierre sur trois scènes de Paris. » Molière peut donc se flatter de traiter un thème à la mode.
 
L'accueil du public lui donne raison : la première de Dom Juan est un très grand succès. Molière jouait le rôle de Sganarelle, celui du protagoniste revenant au jeune premier La Grange. À la différence de Tartuffe, aucune interdiction officielle ne vient interrompre la carrière de la pièce après sa première représentation. Un indice cependant : dès le deuxième jour, la fameuse scène du Pauvre (III, 2) doit être édulcorée. Dom Juan continue néanmoins jusqu'à la relâche de Pâques (20 mars) sous de favorables auspices. À la réouverture, la pièce a disparu de l'affiche : Molière évidemment cède à un pressant « conseil » venu d'en haut - signe que le parti dévot est toujours puissant dans l'État : il se manifeste d'ailleurs par l'incisif pamphlet de Rochemont paru en mai 1665, les Observations sur une comédie de Molière intitulée « le Festin de pierre ». Deux écrits - la Réponse aux observations et la Lettre sur les observations - ont beau justifier le dramaturge, celui-ci ne reprend pas les représentations. Dom Juan ne sera plus joué du vivant de son auteur ; il ne sera pas davantage publié.
 
Cette pièce maudite attendra longtemps de refaire surface. L'édition La Grange de 1682 est triplement expurgée : par Molière lui-même (qui a amputé la scène du Pauvre), par La Grange, par la censure enfin. Une édition faite à Amsterdam en 1683 rétablit les passages supprimés : elle s le texte authentique est effectivement porté à la connaissance du public. Sur scène, le délai est plus long encore. Le xviiie siècle ne connaît que la transcription versifiée et affadie par les soins de Thomas Corneille en 1677. Il faut attendre 1841 pour que renaisse, sur les planches de l'Odéon, le véritable Dont Juan. Mais un siècle sera encore nécessaire pour que Louis Jouvet, en 1947, lui confère toute sa dimension de chef-d'œuvre sur la scène du théâtre de l'Athénée. ombre tout de suite dans l'oubli. Ce n'est qu'en 1819, avec l'édition Auger, que


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« enchantée », Molière donne à la satis­ faction quasi générale le *Tartuffe, ou l'Hypocrite.

Certains dévots cependant, ceux notamment qui se retrouvent au sein de la secrète Compagnie du Saint­ Sacrement, se scandalisent d'une pièce où la vraie religion pourrait souffrir des attaques portées contre sa caricature perverse {Tartuffe) ou son abâtardisse­ ment niais (Orgon, Mme Pernelle).

Ils obtiennent du roi l'interdiction des représentations publiques, mettant ainsi Molière dans l'urgente nécessité de renouveler le répertoire de sa troupe.

À quel sujet recourir ? Le *Misanthrope est sans doute en chantier, mais Molière se refuse à pré­ cipiter la rédaction d'une « grande comédie» (c'est-à-dire une comédie en cinq actes et en vers).

Il se tourne alors vers l'idée d'une pièce en prose -plus rapide à écrire - dont le sujet puisse attirer la foule des spectateurs et subsi­ diairement le venger des censeurs du Tartuffe.

L'histoire de Dom juan se prête à ce double objectif.

Elle permet à Molière d'exaspérer ses adversaires en portant de nouveau la religion à la scène, tout en se couvrant du côté du maître par le châtiment de l'impie : Dom Juan «n'est pas récompensé», observa Louis XIV avec une satisfac­ tion laconique.

Davantage, par la transformation qu'il opère à l'acte V du libertin en dévot, Molière suggère que les pieux détracteurs du Tartuffe pour­ raient n'être eux-mêmes que des liber­ tins déguisés.

Mais l'avantage principal de Dom Juan aux yeux du dramaturge est qu'il séduit le public.

Depuis sa création en 1630 par l'Espagnol Tirso de Molina (l'Abuseur de Séville et le Convive de pierre), le « mythe » de Don Juan a touché l'Italie par deux adapta­ tions de Cicognini et de Giliberto avant d'atteindre la scène française grâce à la troupe italienne de Paris qui le joue en commedia dell'arte (1658).

Deux comédiens-auteurs fran-çais reprennent le sujet sous la forme de tragi-comédies en cinq actes et en vers : Dorimond fait jouer son Festin de pierre ou le Fils criminel à Lyon en 1658, et Villiers, une pièce au titre identique à l'hôtel de Bourgogne l'année sui­ vante.« À la fin de 1661, écrit A.

Adam, on jouait le Festin de pierre sur trois scè­ nes de Paris.

» Molière peut donc se flatter de traiter un thème à la mode.

L'accueil du public lui donne raison: la première de Dom Juan est un très grand succès.

Molière jouait le rôle de Sganarelle, celui du protagoniste reve­ nant au jeune premier La Grange.

À la différence de Tartuffe, aucune interdic­ tion officielle ne vient interrompre la carrière de la pièce après sa première représentation.

Un indice cependant : dès le deuxième jour, la fameuse scène du Pauvre (III, 2) doit être édulcorée.

Dom Juan continue néanmoins jusqu'à la relâche de Pâques (20 mars) sous de favorables auspices.

À la réouverture, la pièce a disparu de l'affiche : Molière évidemment cède à un pressant «conseil» venu d'en haut- signe que le parti dévot est toujours puissant dans l'État : il se manifeste d'ailleurs par l'incisif pamphlet de Rochemont paru en mai 1665, les Observations sur une comédie de Molière intitulée « le Fes­ tin de pierre ».

Deux écrits -la Réponse aux observations et la Lettre sur les obser­ vations -ont beau justifier le drama­ turge, celui-ci ne reprend pas les repré­ sentations.

Dom Juan ne sera plus joué du vivant de son auteur; il ne sera pas davantage publié.

Cette pièce maudite attendra long­ temps de refaire surface.

L'édition La Grange de 1682 est triplement expur­ gée : par Molière lui-même (qui a amputé la scène du Pauvre), par La Grange, par la censure enfin.

Une édi­ tion faite à Amsterdam en 1683 rétablit les passages supprimés : elle sombre tout de suite dans l'oubli.

Ce n'est qu'en 1819, avec l'édition Auger, que. »

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