Dom Juan de Molière (résumé & analyse)
Publié le 25/11/2018
Extrait du document
«
tête
en signe d 'acquiescem ent (acte Ill).
Ce souper.
Dom
Juan aura toutes les peines du monde à s'en régaler.
inter
rompu qu'il est constamment par d'inopportunes visites :
celle de M.
Dimanche son créancier.
renvoyé sous un flot
de compliments; celle de Dom Louis son père.
renvoyé
avec impertinence; celle de Done Elvire touchée par la
grâce et qui supplie en vain son éphémère époux de songer
a u salut.
Le repas va enfin commencer lorsque approche la
sta tue du Commandeur; elle invi te Dom Juan à souper avec
elle le lendemain (acte IV).
Derniè re métamorphose de Dom
Juan.
l'hypocrisie : par une fein te conversion.
il remplit de
joie son père et se déro be à la satisfaction que vient exiger
Dom Carlos.
Même l'appari tion d'un spectre ne peut l'inci
t er au repentir.
Il ne reste plus de voie qu'au châtiment : la
statue du Commandeur, environnée de fracas et d'éclairs.
entraine Dom Juan dans les ablmes de la terre.
laissant
au bord du gouffre Sg anare lle hurler : « Mes gagesl mes
gages! »(acte V).
Dom Juan détonne dans l'ordonnance du théâtre clas
sique, dont il brise les cadres dramatiques et idéologi
ques.
Comédie en cinq actes certes, mais en prose; sans
respect pour l'unité de temps : Je dernier acte se déroule
le lendemain du quatrième; ni pour l'unité de lieu: le
théâtre représente un palais dans une ville de Sicile, puis
la campagne au bord de la mer, une forêt, l'appartement
de Dom Juan, enfin la campagne aux portes de la ville;
point non plus d'unité d'action : le hasard (ou la provi
dence) des rencontres sur le chemin du seigneur et de
son valet juxtapose les épisodes comme au long de la
route picaresque.
Mais c'est surtout l'ambivalence du protagoniste qui
déroute et fascine.
Alors que le Don Juan de Dorimond
(1658) et de Villiers (1660) n'excitait que la répulsion
en violant des paysannes, enlevant de force à un pèlerin
son vêtement, frappant son propre père ou assassinant un
adversaire désarmé, Je Dom Juan de Molière séduit
autant qu'il scandalise.
De façon emblématique, la pièce
accole la scène du pauvre, où Je cynisme se joue d'une
foi héroïque, et celle du combat contre les voleurs où
Dom Juan court l'épée à la main sauver Dom Carlos.
Courageux, fier, brillant, Dom Juan attire essentielle
ment parce qu'il incarne un principe de plaisir que la
réalité ne décourage jamais et auquel le moralisme
adverse reconnaît que la crainte seule l'empêche de
sacrifier («je m'en accommoderais assez, moi, s'il n'y
avait point de mal »,avoue Sganarelle à l'acte I, scène 11).
Est-ce à dire que le « grand seigneur méchant homme »
fasse preuve de cette « grandeur extraordinaire d'âme »
dont Pascal (Pensées, fragment 526) crédite les êtres
capables d'atteindre à l'éminence dans le mal? Dom
Juan, hypocrite dès Je premier acte, ne double pas plus
les héros noirs de Corneille qu'il n'annonce le surhomme
nietzschéen.
Ce courtisan enrubanné ne s'exalte pas dans
l'affirmation glorieusement suicidaire de sa propre
transcendance, il suit seulement sa ligne de plus grande
pente («j'ai une pente naturelle à me laisser aller à tout
ce qui m'attire>> , acte HI, scène v).
Et c'est par là qu'il
donne prise au comique.
Comme M.
Dimanche qu'il
interrompt sans cesse, Dom Juan est lui-même constam
ment traversé dans ses inclinations : pourchasse-t-il une
belle? c'est sa femme qu'il rencontre; va-t-il enlever
1' objet de ses feux? un coup de vent renverse sa barque;
enjôle-t-il une paysanne? voilà Je fiancé de retour, et
ainsi du reste.
Privé par l'hypocrisie de ce que peut
comporter de sublime une quête sans conquête, Dom
Juan est livré au comique d'une répétition sans conclu
sion : le temps ferait son ridicule s'il n'indiquait assez
que l'éternité fera son supplice.
BIBLIOGRAPHIE J.
Schérer, Sur le« Dom Juan» de Molière, Paris, S.E.D.E.S.,
1967; R.
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1972; J.
Truchet, , Revue
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Krauss, le
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Felman, le Scandale
du corps parlant: Dom Juan avec Austin ou la Séduc
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»
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