DISPUTE (la) de Marivaux (analyse détaillée)
Publié le 23/10/2018
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DISPUTE (la). Comédie en un acte et en prose de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux (1688-1763), créée à Paris à la Comédie-Française le 19 octobre 1744, et publiée à Paris chez Clousier en 1747.
Entre l'Épreuve (1740) et la Dispute, Marivaux n'a rien donné au théâtre, sinon l'acte, qu'on lui attribue, de la Commère (1741), dont on a retrouvé le manuscrit à la Comédie-Française, mais qui était destiné aux Italiens, et ne fut jamais joué. Élu académicien en 1742 (contre Voltaire), il se devait de proposer la Dispute au Français. Les comédiens l'accueillirent favorablement, mais le public ne lui accorda qu'une seule représentation. Remontée en 1938, elle traînait une carrière languissante, quand Patrice Chéreau, en
Pour savoir qui, de l'homme ou de la femme, donna le branle à l’inconstance, le Prince et Hermiane vont épier une « épreuve » : la rencontre de deux garçons et deux filles, élevés isolément dans une forêt depuis l’enfance, par Mesrou et sa sœur Carise. des domestiques noirs. Églé découvre son visage et l'amour de soi dans un ruisseau l'amour-propre, le désir de l'autre et le désir du désir de l'autre avec Azor, qu'on lui dit être un homme et avec qui il faudrait apprendre à faire durer l'amour, par exemple en se séparant La rencontre d'Églé et Adine initie la jalousie féminine et la lutte des vanités, celle d’Azor et Mesrin, les deux garçons, une joyeuse camaraderie, mise à mal par l'arrivée d'Églé, source d'une double inconstance aussitôt généralisée.
«
1973, puis 1976, en fit une mise en
scène mémorable, un des grands évé
nemen ts théâtraux du demi-siècle.
Pour savo ir qui, de l'homme ou de la femme, donna Je branle à l'inconstance.
le Prince et Her miane vont épier une « épreuve » : la rencontre de deux garçons et deux filles, élevés isolément dans une forêt, depuis l'enfance, par Mesrou et sa sœur Carise, des domest i ques noirs.
Ëglé découvre son visag e et l'amour de soi dans un ruisseau, l'amour -propre, le désir de l'autre et le désir du désir de l'autre avec Azor, qu'on lui dit
être un homme, et avec qui il faudrait apprendre à faire durer l'amour, par exemple en se sépara n t.
La rencontre d'Ëglé et Adine initie la jalousie féminine et la lutte des vanités, celle d'Azor et Mesrin, les deux garçons.
une joyeuse camarade rie, mise à mal par l'arrivée d'Églé, source d'une
double i nconstance aussitôt généra lisée.
Mais un nouveau couple, Meslis et Dina.
vient in exuemis affirmer une possible fidélité, à défaut de pouvo ir
vraiment départag er les sexes.
La Dispute, comm e les Acteurs de
bonne foi (1758), fait retour sur la dra-
.
maturgie marivaudienne et e n dénude
les structures : comme s ile dramaturge
se surpr enait au miroir, et nous tendait
une allégorie dramatisée de son
anthropologie,
une fable philosophi
que de cette
«métaph ysique du cœur»
qu'on lui avait tant repr ochée.
Elle s'apparente donc aux «utopies» insu
laires (l'*!le des esclaves, l'lie de la raison,
1727), aux fictions morales des Jour
naux, et à ces textes que le vieil artiste
fatigué, mais académicien conscien
cieux, tenait
à lire à ses collègu es.
La Dispu te souligne évidemment, à
son tour, l'impor tance strat égique de
l
'amo u r-p ropre, de la vanité, de la
coquette rie,
du désir et du désir du
désir, dans les condui tes et la structu ra
tion des rapports entre les êtres.
L 'inconstance apparaît alors bien plus
comme une donnée de la nature
humain e, une règle anthropo logique,
que comme une faut
e, une Infraction
m ora le.
Le théâtre de Marivaux relève
d'une approme empiriste et sensua
liste de la nature, et ne semble guère
travaJUé
en profondeur par une éthi
que héro ïque de la passion, ni par le
rêve sentime
ntal , si vibrant dans le
drame bourgeois, d'une société
réconciliée par le cœur et l'effusion des
larm
es.
On objectera les paroles finales
d'Hermiane :
« Cette Adine et cette
Églé me sont insuppo rtab les [ ...
].
Croyez-moi, nous n'avons pas lieu de
plaisanter.
Partons.
,.
La mise en scène
de
P.
Chéreau transforma le petit acte
de Marivaux, grâce
notamment à un
long prologue en faux-vrai Marivaux
com posé avec
F.
Regnault, en un long
opéra magique
et tragique, où il était
même prévu de sacrifier les cobayes
humain s de cette expérience nocturne
d'un Prince sadien.
Mais Hermiane et
le Prince aussi sont des personnages : le
P rin
ce, par galanterie, abonde d'abord,
contre la cour, dans le sens de sa belle,
avant de proposer
un strict partage des
respo nsabili tés, qu'Hermiane refuse
avec
une véhémence toute comique (« Votre sexe est d'une perfidie horri
ble ...
•), ironiquement approuvée par
son amant.
Reste donc
à se demander si une
interprétation préte ndument sad ienn e
de Marivaux n'est pas plutôt une
lec
ture romantique , c'es t-à-di re sérieuse et mal à l'aise avec le comi que.
Celle
d'Hermiane?.
»
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