Discours sur l'universalité de LA LANGUE FRANÇAISE, de Rivarol
Publié le 10/03/2019
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Discours sur l'universalité de LA LANGUE FRANÇAISE, essai de Rivarol qui remporta en 1784, concurremment avec la dissertation en allemand de J. C. Schwab, le prix proposé par l'Académie de Berlin sur le sujet fameux : « Qu'est-ce qui fait de la langue française la langue universelle de l'Europe ? Par où mérite-t-elle cette prérogative ? Peut-on présumer qu'elle la conserve ? » Rivarol fonde son apologie sur l'étude des conditions historiques et géographiques d'expansion du français (plus favorable que pour l'espagnol ou l'italien), sur le « génie » de la langue qui réside, selon lui, dans la logique et la clarté de la syntaxe, ainsi que sur le choix fait par la littérature française (contrairement à l'anglaise qui ne recule pas devant les monuments de profondeur, la pensée paradoxale ou le style outré) d'exprimer avec élégance les « opinions moyennes » de tous les peuples. Le français doit garder sa prééminence s'il conserve son exigence de goût et de mesure et si les écrivains modernes sont dignes de leurs devanciers, l'activité scientifique (incarnée par les « têtes parlantes » de l'abbé Mical et les expériences d'aérostation de Montgolfier, de Charles et Robert) et la situation politique favorable (union de la France et de la jeune Amérique) étant les garants de la pérennité de la prépondérance française.
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Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Dans quelle mesure le Discours de Rivarol sur l'Universalité de la langue française est-il comparable à la Défense etIllustration de la langue française de du Bellay ?
Un commun amour de la langue française rapproche Rivarol de du Bellay : l'un et l'autre sont des patriotes, fiers d'être Français etconvaincus de la qualité de la langue française.
Cependant des différences fondamentales apparaissent entre les deux ouvrages.
Voiciles principales :
1.
Origine : La Défense et Illustration est le manifeste hâtif de la Pléiade.
Du Bellay et Ronsard, surpris par la publication de l'Artpoétique de Thomas Sibilet, ont voulu donner un programme aux jeunes écrivains de la Pléiade.
Toute une partie de l'ouvrageconcerne donc les problèmes particuliers au XVIe siècle : polémique contre les Grands Rhétoriqueurs, exaltation de l'érudition, etc.Le Discours de Rivarol est dû à l'initiative de l'Académie de Berlin, qui posait les questions suivantes :• « Qu'est-ce qui a fait de la langue française la -langue universelle de l'Europe ?• Par où mérite-t-elle cette prérogative ?• Peut-on présumer qu'elle la conserve ? » Il ne s'agit donc plus pour Rivarol de prouver à ses compatriotes les qualités du Français,mais d'en prouver les supériorités et d'en escompter l'avenir devant un jury international.
2.
But : Du Bellay et Ronsard, imitant Pétrarque et Boccace, ont voulu, imposer la langue nationale comme langue littéraire enenrichissant le vocabulaire, les tours et surtout en l' « illustrant » par des chefs-d'oeuvre.
Ils avaient à triompher des partisans duLatin, nombreux alors.Au XVIIIe siècle, ces questions sont dépassées : non seulement le Français est devenu une langue littéraire glorieuse, mais il a conquistoute l'Europe civilisée.
Son hégémonie n'est pas contestée.
L'Académie de Berlin veut seulement connaître les causes de cetteprédominance, et d'après ces causes, augurer de l'avenir.
3.
Argumentation : Pour exhorter ses contemporains à employer le Français, du Bellay donnait l'exemple des Grecs, des Latins et desItaliens; il faisait miroiter l'immortalité, qui récompense les grands écrivains alors que l'oubli ensevelit les poètes de cour.L'argumentation de Rivarol est nécessairement différente :• A la première question, il répond en montrant comment le Français a bénéficié à la fois des circonstances politiques et de l'évolutionculturelle de l'Europe.
Le caractère du peuple français; sa gaieté et son besoin de logique sont en corrélation avec le génie de la langueet ont favorisé son extension.
Au XVIIIe siècle, les succès militaires et politiques de Louis XIV, le développement simultané des Lettres,des Arts et des Sciences, concourent à imposer le Français.
L'Angleterre, malgré la profondeur de ses philosophes, n'a pu lesupplanter.• La seconde question conduit Rivarol à étudier la structure dg la phrase française.
Son mérite essentiel provient de l'ordre direct(sujet, verbe, complément), qui apporte clarté et précision.
Si la langue y perd la souplesse et la liberté propres à exprimer lessensations musicales et poétiques, elle acquiert en revanche une vivacité et une exactitude, qui font d'elle la prose idéale.
Or, la prosel'emporte sur la poésie, fertile en illusions, mais incapable d'exposer des idées ou d'expliquer un système philosophique.Sur ce point, Rivarol et Du Bellay sont en opposition.
Du Bellay et Ronsard admiraient la liberté de la syntaxe grecque et latine ettentèrent dans leurs premières oeuvres de l'adapter au Français en multipliant les inversions et les enjambements.
Par la suite, ilsrevinrent à plus de simplicité sans cesser de préférer la poésie à la prose.
On sait qu'au XVIIIe siècle, au contraire, la prose estpréférée à la poésie par de nombreux écrivains, Montesquieu entre autres.• La troisième question envisage l'avenir du Français.
Rivarol sait que les langues meurent comme les nations, mais qu'elles restentimmortelles quand elles ont atteint la perfection et que des chefs-d'œuvre les ont illustrées.
Or le XVIII* siècle est fertile en grandsécrivains ; leurs successeurs soutiendront leur gloire : conclusion optimiste et fière que n'aurait pas désavouée du Bellay.
4.
Succès :• Dès sa publication, la Défense fut attaquée par les partisans de l'école marotique, mais elle servit de point de ralliement pour lesjeunes écrivains, Le succès de l'Olive et des Odes de 1550 confirme la thèse générale de du Bellay.• Le Discours de Rivarol fut couronné par l'Académie de Berlin en même temps qu'une dissertation de Schwab (1743- 1821).
Celui-cisur les points essentiels est d'accord avec Rivarol : « C'est l'ordre naturel, la marche régulière de la construction française qui formentparticulièrement ce caractère...
» Tout en faisant l'éloge de l'allemand, il souhaite que le français reste la langue universelle del'Europe.• La Défense et Illustration et le Discours de Rivarol représentent deux étapes de la langue française.
Avec la Pléiade, le Françaissupplante définitivement le Latin comme langue littéraire et la gloire de Ronsard le fait lire dans toute l'Europe.
Au XVIIIe siècle, leFrançais est à son apogée.
Le Discours est un constat de gloire et un acte de foi dans l'avenir.
1.
Expliquez, discutez et commentez cette opinion de Rivarol : Le Français, par un privilège unique, est seul resté fidèle à l'ordre direct,tomme s'il était toute raison; et on a beau, par les mouvements les plus variés et toutes les ressources du style, déguiser cet ordre, ilfaut toujours .qu'il existe...
C'est de là que résulte cette admirable clarté, base éternelle de notre langue : ce qui n'est pas clair n'estpas Français.
2.
Expliquez, discutez et commentez cette conclusion du Discours : Ces grands hommes (ceux du XVIIe et du XVIIIe siècles) nouséchappent, il est vrai; mais nous vivons encore de leur gloire et nous la soutiendrons..
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