Discours de la servitude volontaire Etienne de la Boétie
Publié le 07/09/2012
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Dans son Discours de la servitude volontaire, la Boétie analyse les rapports entre maître et esclave, phénomène fréquent dans les sociétés de l'époque. La phrase clé dans laquelle la thèse de l'œuvre se définit le mieux est « Pour le moment, je ne voudrais que tâcher de comprendre comment il peut arriver que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire que tant qu’ils en manifestent la volonté; qui ne saurait leur faire du mal que lorsqu'ils aiment mieux l'endurer que s'opposer à lui. « (p. 8). La Boétie cherche donc à comprendre comment cela est-il possible qu'un seul homme puisse contraindre l’ensemble des autres citoyens à obéir aussi servilement. Sa thèse est que nous ne sommes en esclavage que parce que, quelque part, nous le voulons bien; car cet esclavage, dit-il en substance, ne peut être uniquement expliqué que par notre lâcheté, car les opprimés sont mille fois plus nombreux que les oppresseurs.
«
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)La servitude volontaire ÉTIENNE DE LA BOËTIE (1549)
La soumission de la multitude à l'autorité d'un seul est une véritable énigme que La Boëtie tente d'éclairer.
Comment
les hommes, alors que la liberté est inhérente à leur nature, supportent-ils la servitude ? C'est en effet la servitude
volontaire qui distingue avant tout l'homme de l'animal :
« Les bêtes, si les hommes ne font trop les sourds, leur crient : vive la liberté ! »
Le phénomène est d'autant plus étrange que cette soumission est nécessairement volontaire.
Il serait effectivement
aisé de l'abandonner, le nombre est toujours du côté des opprimés : que peuvent les autocrates contre la volonté de
la foule ? Force est donc de constater un état contre nature :
« La seule liberté les hommes ne la désirent point ; non point pour autre raison (ce me semble) sinon pour ce que
s'ils la désiraient, ils l'auraient...
»
Par nature l'homme est évidemment influençable mais il est aussi raisonnable et libre.
Comment, dans ces conditions
comprendre l'incompréhensible ?
La Boëtie voit dans cet état de fait la conséquence d'une double dénaturation.
Les gouvernés, d'abord, par habitude,
paresse et facilité abdiquent rapidement.
Ils jugent plus confortable de laisser à un tiers le soin de prendre à leur
place des décisions.
Les gouvernants, quant à eux, se laissent aller à la spirale de la tyrannie.
Le pouvoir semble
appeler le pouvoir et se découvre être sans limite :
« Le tyran ôte tout à tous.
»
La Boétie montre aussi — et ce point est probablement le plus intéressant que le tyran pour maintenir sa domination
sait lui associer ceux-là même qu'il domine.
La ruse du gouvernant consiste à rendre complices ses propres sujets de
leur servitude : « Ainsi le tyran asservit les sujets les uns par le moyen des autres.
» L'idée est neuve et
importante, elle suggère que le principe de la servitude volontaire est peut -être à chercher du côté de cette
pyramide de servitudes que construit le tyran : remettre en question la tyrannie du Prince, c'est aussi vouloir
remettre en cause celle dont chacun semble jouir à un titre ou à un autre dans la société.
Chaque gouverné tient en
effet à son tour le rôle du gouvernant.
Tel qui obéit à son Maître se fait aussi obéir de ceux que le Maître a su lui
subordonner.
Ainsi la servitude est volontaire dans la mesure où elle paraît être la condition nécessaire aux desseins
de la volonté de maîtrise.
Quel « petit chef » n'est pas prêt à payer du prix de la servilité son pouvoir, aussi dérisoire
soit-il ?.
»
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