DISCIPLE (le) de Paul Bourget

DISCIPLE (le), roman de Paul Bourget (1889). Sa publication fut un événement littéraire qui provoqua des polémiques où s'affrontèrent les défenseurs de la liberté intellectuelle, avec à leur tête Anatole France, et les partisans de la tradition, représentés par Brunetière. La responsabilité de l'auteur, écrivain ou savant, était mise en question : avait-il le droit, à l'instar d'Adrien Sixte, le philosophe du roman qui devait beaucoup à Taine, de publier son œuvre sans souci de répercussions peut-être néfastes ? L'antinomie de la science et de la morale, qui parcourt l'œuvre de Bourget, est portée ici à son paroxysme ; Bourget tente d'exorciser, en jetant sur elles l'anathème, ses diverses tentations, aussi bien celle d'un « nihilisme délicat », que celle de cet « égotisme absolu » qui nourrit le chapitre essentiel du livre, « la Confession d'un jeune homme d'aujourd'hui », sorte de Journal d'un séducteur. Mais Bourget n'oublie pas le sermon final, quand Kierkegaard laissait béante une souffrance ambiguë. Il n'empêche que cette séduction, qui est aussi destruction totale — le suicide de la proie étant un meurtre à distance —, dépasse le propos du moraliste qui s'annonce dès lors implacable.