DIEUX (LES), 1934. Alain (Émile Auguste Chartier, dit) - résumé de l'œuvre

Alain écrit dans un Propos que, pour éviter de tomber dans l’erreur, il faut consentir à y descendre. C’est exactement ce qu’il fait dans les Dieux. Athée sans hésitations ni compromis, Alain n’approuvait pas cet athéisme dont les manifestations étaient, à son époque, plus bruyantes qu’aujourd’hui, et qui ne voulait voir dans la religion qu’un tissu d’inepties, un ramassis de superstitions pour esprits faibles, un instrument de tromperie entre les mains des prêtres. L’idée d’Alain est que toutes les religions sont vraies, c’est-à-dire compréhensibles,

comme est vraie, si on la saisit dans sa nécessité interne, n’importe quelle illusion de la perception. La référence est ici, bien évidemment, Spinoza («penser les dieux en Dieu et comme Dieu», dit Alain). Comprendre les religions, c’est les rapporter aux conditions réelles de leur production. Or, ces conditions renvoient à plusieurs ordres qu’Alain s’emploie à penser en les articulant. Les religions sont d'imagination, et en cela leurs détracteurs ont raison: ce sont des contes, mais pleins de sens, «et l’on ne demande point si un conte est vrai ». Les religions sont d'enfance, en tant qu’elles expriment un rapport aux signes et non aux choses (Alain se souvient de l'Émile).