Dialogues des carmélites. Scénario de Georges Bernanos (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
Publié le 25/10/2018
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Dialogues des carmélites. Scénario de Georges Bernanos (18881948), publié à Paris aux Éditions du Seuil en 1949.
Inspiré d'une nouvelle de Gertrud von Le Fort, Die Letze am Schafott [la Dernière à l'échafaud], le scénario des Dialogues correspond à une adaptation française du R. P. Brückberger pour laquelle Bernanos avait été pressenti comme dialoguiste. Refusé au cinéma. Dialogues des carmélites sera représenté avec succès au théâtre, en 1951 en Allemagne, puis à partir de 1952 en France, au théâtre Hébertot. En 1957, Francis Poulenc en fera un opéra. Une adaptation cinématographique, assez infidèle, finira par voir le jour en 1960. On la doit au R. P. Brückberger et à Philippe Agostini.
1774. La marquise de La Fonce donne naissance à Blanche, mais, ébranlée par une violente jacquerie, elle meurt à la suite de l'accouchement (Prologue).
1789. Le marquis et le chevalier de La Force, respectivement père et frère de Blanche, s'entretiennent de l'hypersensibilité de la jeune fille dont le tempérament est maladivement craintif. Leur surprise est grande lorsqu'ils apprennent que celle-ci souhaite renoncer au monde et entrer au Carmel (tableau I ).
Quelques semaines plus tard, chez la prieure du Carmel de Compiègne. Blanche a choisi, en dépit de sa faible nature et des avertissements de la prieure (« Ce n'est pas la Règle qui nous garde, ma fille, c'est nous qui gardons la Règle »). un destin héroïque. Elle se consacrera corps et âme au service de Dieu et à la vie monacale (tableau 2).
La prieure est morte. Pour lui succéder, la communauté a désigné une bourgeoise portée au compromis, de préférence à l'intransigeante mère Marie de l’Incarnation. La Révolution gronde aux portes du couvent Des commissaires du peuple, fanatisés par les idées démocratiques, ont déjà révoqué l’aumônier. Soupçonnant le prieuré de séquestrer des jeunes filles contre leur volonté, ils exigent de le fouiller. Pour les religieuses s’annoncent des jours difficiles (tableau 3).
Le temps des persécutions est venu. L’Assemblée nationale a suspendu les vœux monastiques. Les cérémonies se déroulent dans la clandestinité. Les sœurs vivent dans leur propre chair la Passion du Christ. Pour finir, le couvent est dévasté et pillé par les révolutionnaires. Alors que l'engagement est solennellement pris d’aller jusqu’au martyre, Blanche fuit la communauté (tableau 4).
«
ont déjà révoqué l'aumônier.
Soupçonnant le prieuré de séquestrer des jeunes filles contre leur
volonté, ils exigent de le fouiller.
Pour les religieu ses s'annoncent des jours difficiles (tableau 3).
Le temps des persécutions est venu.
L'Assem
blée nationale a suspendu les vœux monastiques.
Les cérémonies se déroulent dans la clandesti
nité.
Les sœurs vivent dans leur propre chair la Passion du Christ.
Pour finir, le couvent est
dévasté et pillé par les révolutionnaires.
Alors
que l'engagement est solennellement pris d'aller jusqu'au martyre, Blanche fuit la communauté
(tableau 4).
Paris.
Le père de Blanche a été guillotiné ; elle doit se cacher pour échapper au Tribunal révolu
tionnaire.
Mais lorsqu'elle apprend que ses sœurs sont conduites à l'échafaud, toute peur envolée, elle court les rejoindre et va partager la gloire de
leur exécution.
Ironie du destin : seule mère
Marie de l'Incarnation échappera au supplice
(tableau 5).
Un fait historique fournit le sujet ori
ginal de la nouvelle et de l'adaptation
dialoguée qui
en a été tirée.
Le
17 juillet 1794, seize carmélites avaient
été condamnées
à mort par Fouquier
Tinville.
Cette acceptation du martyre
dans
une France soumise à la Terreur
n'est certes pas sans analogie avec
l'Allemagne de l'entre-deux guerres.
L'imminence de la mort est d'autre
part
un thème qui a pu toucher plus
particulièrement Bernanos alors qu'il
avait lui-même près de soixante ans au
moment de la rédaction de ces Dialo
gues en Tunisie au cours des années
1947-1948.
Mais par-delà
les connotations socio
historiques ou les motivations biogra
phiques, les Dialogues fournissent
essentiellement la matière
d'un drame
spirituel
où certains ont voulu voir le
chef-d'œuvre et le testament philoso
phique de Bernanos.
Une figure
domine : celle de la jeune Blanche de
La Force, future sœur de l'Agonie du
Christ.
Le nom de carmélite qu'elle
s'est choisi résume à lui
tout seul le
véritable propos
du livre.
Celui-ci met
en scène un itinéraire mystique, répéti-tion
symbolique, sur
le plan humain,
de la souffrance de Jésus-Christ la
nuit
de Gethsémani.
Die begnadete Angst :
tel est le titre sous lequel la pièce a
été montée
en Allemagne.
L'angoisse
est
en effet le sentiment qui hante la
vie de Blanche.
C'est aussi
l'ulti
me épreuve que découvre la prieure
entrant en agonie.
Soudain terrorisée,
au seuil de l'aventure surnaturelle, elle
murmure :
«J'ai médité sur la mort
chaque heure de ma vie, et cela ne me
sert maintenant de rien ! >> La solitude,
le dénuement, la peur de la
mort sont
les thèmes qui relient la destinée de la
fragile sœur Blanche à celle de la vieille
prieure.
Signe de leur abandon au
Christ, elles portent chacune à leur
tour la croix, illustrant ainsi le mystère
de la communion des saints.
Si l'agonie est la dernière expression
de l'amour, les allusions au contexte
politique permettent aussi
à Bernanos
de dresser
un sévère bilan des exac
tions commises par les « démocrates >>
aux dépens d'une noblesse héroïque,
gardienne de la foi, de l'honneur et du
patrimoine culturel : c'est au
nom de
la loi républicaine
et de la Liberté que
les révolutionnaires exécutent tous
ceux qui ne pensent pas comme eux.
L'analyse psychologique, très détaillée,
qui fait de Blanche une jeune fille
par
ticulièrement attachante, s'attarde
aussi
à d'autres portraits, tout en
contrastes : sœur Constance, d'une
bravoure ingénue qui incarne l'esprit
d'enfance, au sens évangélique
du
terme,.
ou encore la sous-prieure, mère
Marie de l'Incarnation,
dont le carac
tère violent se plie avec difficulté à la
discipline de l'obéissance.
À la mort de
la prieure, elle s'opposera parfois
bruta
lement à celle qui sera désignée pour
lui succéder.
En effet, l'une incarne les
principes de souplesse
et de concilia
tion, voire de compromission avec le
pouvoir, l'autre restera entêtée dans
un idéal intransigeant : mère Marie ira.
»
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