DIABLE BOITEUX (Le) Alain René Lesage (résumé & analyse)

Rationalisme et galanteries font bon ménage dans ce récit enlevé et spirituel, construit autour d’une intrigue simple, mais nourrie de récits intercalés: l’étudiant Dom Cléofas

s’échappe par les toits à la suite d’un rendez-vous interrompu et se réfugie par hasard dans une maison où un astrologue retient emprisonné dans une fiole Asmodée, autrement dit le Diable boiteux. L’étudiant libère le Diable. En récompense, ce dernier promène son sauveur au-dessus de Madrid et soulève magiquement les toits des immeubles, révélant la vie, le comportement et les rêves des habitants. Une succession de tableaux séparés permet à Lesage de brosser une large fresque satirique de la Régence. La réédition de 1726 accentue, peut-être à l’excès, l’aspect critique de l’œuvre. Elle ajoute aussi un épisode qui transforme l’ouvrage en roman d’ascension sociale: un sauvetage opportun permet à Cléofas d’épouser une jeune fille de noble famille.

♦ Contraint de vivre du revenu de sa production littéraire, Lesage (1668-1747) débute par des traductions et des adaptations d’œuvres grecques, puis espagnoles. Il devient célèbre en 1707 avec Le Diable boiteux, tiré d’une nouvelle de Guévara. L’auteur corrige et refond en 1726 son roman. C’est l’un des grands succès de librairie au xviiie siècle, comme en témoignent de multiples rééditions, imitations ou suites plus ou moins habiles.