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Diable au corps (le). Roman de Raymond Radiguet (analyse détaillée)

Publié le 21/10/2018

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radiguet
Ce premier ouvrage d'un tout jeune homme (Radiguet avait seize ans lorsqu'il l'entreprit en 1919) présentait, dans le contexte de l’immédiat après-guerre de 1914-1918, un caractère d'insolence et de provocation qui fit scandale et assura le succès du livre, tiré à 40 000 exemplaires dès sa sortie.
Le dimanche 17 avril 1917, le narrateur, âgé de quinze ans, rencontre, à La Varenne, Marthe Grangier, dix-huit ans et fiancée à Jacques Lacombe, soldat sur le front Un mois après, le héros, séchant les cours du lycée Henri-IV, accompagne Marthe dans les magasins parisiens pour l'aider à choisir les meubles de sa future chambre : en fait il réussit à lui imposer ses propres goûts. Fin novembre, Marthe, mariée depuis un mois, le reçoit chez elle, à J... Ils se revoient tous les soirs, lisent et brûlent ensemble les lettres du mari au front et la nurt du samedi anniversaire des seize ans du narrateur, Marthe devient sa maîtresse. Désormais leur liaison, simplement interrompue par une permission du mari en mai, est connue de tout J... qui leur manifeste son hostilité. À la mi-juillet avant de partir en vacances pour Granville avec ses beaux-parents et Jacques, convalescent dune maladie, Marthe annonce au narrateur qu'elle est enceinte De lui. mais ce pourrait être de son mari... Aux derniers jours d'août, leur liaison reprend, d'abord dans la maison des Grangier qui prolongent leur villégiature, puis à J... fin septembre et octobre. Après une nuit d'errance d’hôtel en hôtel, à Paris, qui se termine par un retour honteux à J... sans que l'adolescent ait osé louer une chambre, Marthe qui a pris froid retourne chez ses parents. Survient l'armistice. Le narrateur apprend en janvier que Marthe a mis au monde un garçon prématuré : il doute de sa paternité mais une lettre de Marthe le rassure : «Il te ressemble.» Marthe meurt Quelques mois après, Jacques étant venu voir les aquarelles de Marthe que possède le père du narrateur, ce dernier apprend que Marthe est morte en appelant son fils, c'est-à-dire en hit lui-même puisqu’elle avait donné à son enfant le prénom de son amant

radiguet

« période où l'esprit patriotique se délecte d'une victoire aux accents revanchards, à l'heure où se met en place la sacralisation mythificatrice de ces «braves poilus >> dont la vaillance a dédouané la mauvaise conscience des « planqués », voici un texte qui expose sans vergogne la liaison adultère d'un adolescent, trop jeune pour être conscrit, et d'une épouse de soldat, dont le mari est au front.

> (Radiguet), et, si « [l]'ordre à la longue se met de lui­ même autour des choses >> comme le remarque le narrateur, cet ordre est fondé sur une imposture.

Du début à la fin, Jacques, le mari, aura été berné.

Dès avant le mariage, Marthe lit des ouvrages défendus par son fiancé ; son jeune amant parvient «à transformer, meuble à meuble, ce mariage d'amour, ou plutôt d'amourette, en un mariage de raison, et lequel ! >> en choisissant la chambre nuptiale.

Ensuite, tous deux filent le parfait amour au domicile conjugal.

Marthe laisse passer Jacques à la gare de J ...

sans se déranger, ne va pas lui rendre visite à l'hôpital de Bour­ ges et, jouant sur les dates de la permis­ sion, lui fait endosser la paternité de l'enfant.

Elle meurt en appelant son amant, et le mari, fidèle au souvenir de la morte, élèvera un fils qu'il croit être de lui.

Comble de l'horreur icono­ claste, le narrateur suggère que le cas de Jacques n'est pas unique : «Après cette période extraordinaire, il retrou­ verait, comme tant d'autres soldats trompés à cause des circonstances exceptionnelles, une épouse triste, docile, dont rien ne décèlerait l'inconduite.

>> Qui plus est, la narration se présente comme la confession d'un « je >> narra­ teur dissimulant avec soin, comme par une ultime pudeur, son nom et celui des localités (F ...

, j ...

).

Ce subterfuge tend à accréditer la confusion auteur/ narrateur; donc l'authenticité de cette pseudo-autobiographie d'un jeune homme, de 1914 au début de 1919.

Les premiers lecteurs ne pouvaient savoir que« c'est à la fois pour donner au Dia­ ble le relief d'un roman que tout y est faux, et ensuite pour peindre la psy­ chologie du jeune garçon, héros du livre.

Cette fanfaronnade fait partie de son caractère >> (note sans date retrou­ vée et transcrite par Cocteau).

De fait, duplicité, malignité, irresponsabilité et lucidité cynique « épicent >> ce carac­ tère.

Le héros, après quelques « polis­ sonneries >> gamines et l'école buisson­ nière demeurée impunie, se venge par avance de Jacques ( « La nuit de noces dans cette chambre austère, dans "ma" chambre!>>), trompe son ami René (dont il devait mettre à l'épreuve la maîtresse) et Marthe (avec la Suédoise Svéa) ; il se montre despote, cruel, façonne sa maîtresse à son image, en signalant à plusieurs reprises l'égoïsme de son amour, etc.

Il piétine ses devoirs filiaux, parfois par esprit de représail­ les.

Avec franchise, il avoue : « J'épui­ sais ma force nerveuse en lâcheté, en audace, éreinté par les mille contradic­ tions de mon âge aux prises avec une aventure d'homme >>, après avoir affirmé dès le départ: «Je vais encourir bien des reproches [ ...

], c'est en enfant que je devais me conduire dans une aventure où déjà un homme eût éprouvé de l'embarras.>> En même temps, autour du couple narrateur­ Marthe gravitent des personnages secondaires, guère épargnés.

Si l'image des pères demeure relativement posi­ tive, celle des mères est traitée à l'acide : la mère du narrateur est jalouse de Marthe, Mme Grangier « admir[e] Marthe de tromper son mari, ce qu'elle-même n'avait jamais osé faire, soit par scrupules, soit par manque d'occasion>> et Mme Lacombe respire la haine.

De leur côté, le. »

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