Descartes, Discours de la méthode (Fiche de lecture)

« Les quatre règles de la méthode de Descartes Déçu par l'enseignement scolastique qu'il avait reçu au collège de La Flèche, qui confondait science et érudition,penser et citer, apprendre et savoir par coeur, René Descartes entreprend de refonder son savoir ; pour mener àbien cette entreprise, il dispose d'un instrument commun à tous les hommes, la raison (ou le bon sens) : la raisonest la faculté de produire des raisonnements, c'est-à-dire d'enchaîner des idées et de juger du vrai et du faux.

Maiscomment se fait-il que les hommes qui sont pourvus à égalité de cette même faculté de raisonner, n'arrivent pasaux mêmes conclusions ? C'est que les hommes n'emploient pas leur raison de la même façon ; certains l'utilisentbien, d'autres fort mal ; certains ont de la méthode, d'autres pas. Une méthode est une démarche consistant à suivre avec application un chemin qui mène à un but fixé enrespectant des étapes intermédiaires.

Une démarche méthodique s'oppose donc à une recherche menée au hasardqui nous fait perdre beaucoup de temps et elle s'oppose à l'erreur (du verbe errer) qui est un égarement sans fin parabsence de repères ; on ne peut retrouver son chemin dans une forêt en allant de-ci de-là sans suivre avecdétermination une orientation constante.

Comment trouver une bonne méthode ? On doit y trouver la certitude parl'élimination des risques d'erreur, la facilité en évitant tout effort inutile, la fécondité par l'augmentation du savoir etla sagesse à laquelle elle conduira l'esprit.

Mais on ne saura si une méthode est bonne qu'après l'avoir essayée pourvoir si elle nous a conduit au but.

C'est pourquoi il faut commencer par pratiquer une recherche ; ensuite seulement,les règles de la méthode nous apparaîtront.

Descartes a tiré sa méthode de son expérience des mathématiques.

Ilénonce ses quatre règles dans le Discours de la méthode de 1637 (partie II). La règle de l'évidence Il s'agit de prendre des précautions pour ne travailler qu'avec des évidences.

Attention ! Il ne s'agit pas d'évidencespremières (ce paraît vrai sans qu'on ait besoin d'y réfléchir) mais d'évidences secondes, c'est-à-dire élaborées grâceà une réflexion critique.

Ces précautions sont : d'éviter soigneusement la précipitation si l'on croit pouvoir sauter lesétapes et juger avant l'évidence ; d'éviter soigneusement la prévention, à savoir les préjugés reçus pendantl'enfance, de nos parents et éducateurs, de l'opinion commune ; de n'avoir que des idées claires (directementprésentes à un esprit attentif) et non obscures, et distinctes (délimitées, sans mélange d'autres idées) et nonconfuses ; de n'accepter que des connaissances certaines, indubitables, telles que rien ne puisse les remettre en cause. La règle de l'analyse Le terme d'analyse désigne une décomposition du problème.

Il s'agit de renoncer à vouloir résoudre d'emblée unproblème dans sa totalité, et d'accepter de devoir le diviser, le décomposer en questions plus simples.

Cette division doit être menée autant que possible, mais pas au-delà du nécessaire.

Par exemple, pour comprendre un texte, on l'analyse en phrases, en propositions, éventuellement en mots ; mais diviser les mots en lettres serait absurde car on y perdrait le sens du texte. La règle de l'ordre Ce serait une erreur d'appeler cette règle "règle de la synthèse" par opposition à l'analyse, parce que nous n'en sommes pas encore au stade de l'exposition des connaissances ; cette règle fait partie d'une méthode de recherche. Il s'agit de la résolution proprement dite du problème.

On commence par le plus simple - au sens d'élémentaire -, non pas par paresse, mais pour obtenir les données nécessaires à la résolution des questions plus complexes. Mais l'ordre à suivre n'est pas toujours aisé à discerner ; dans ce cas, on devra le supposer. La règle des dénombrements On aura numéroté chaque difficulté, ce qui permet de faire une récapitulation à la fin de la résolution du problème pour vérifier si l'on n'a rien oublié. On ne doit pas se féliciter trop vite d'avoir trouvé une solution, tant qu'on n'a pas revu l'ensemble de la démarche que l'on a suivie. Descartes avait une haute idée de sa découverte.

Il était certain de l'universalité de sa méthode.

Cette universalité peut s'entendre à deux niveaux : tous les problèmes, de quelque matière qu'ils relèvent, se présentent de telle sorte qu'on peut leur appliquer cette méthode.

Mais aussi tous les hommes, pourvu qu'ils appliquent soigneusement ces quatre règles, pourront résoudre leurs problèmes.. »