Derniers Poèmes d'amour de Paul Éluard (analyse détaillée)
Publié le 23/10/2018
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Derniers Poèmes d'amour.
Recueil poétique de Paul Éluard, pseudonyme d'Eugène Paul Grindel (1895-1952), publié à Paris au Club des libraires de France en 1962. Cet ensemble regroupe les principales plaquettes de poésie amoureuse publiées par Éluard après Poésie ininterrompue : le
Dur Désir de durer, paru en 1946 avec un frontispice de Chagall chez Pierre Bordas; Le temps déborde, publié en 1947 sous le pseudonyme de Didier Desroches aux Cahiers d'Art de Zervos, avec des photographies de Dora Maar et de Man Ray, et réuni au recueil précédent chez Seghers en 1960; Corps mémorable, dont l'originale sous le pseudonyme de Brun est parue chez Seghers en 1947 ; le Phénix, publié en 1951 chez Guy Lévis-Mano avec des dessins de Valentine Hugo.
En 1946, lassé de la célébrité, Éluard adopte un nouveau pseudonyme, Didier Desroches, mais sa « manière » ne change pas pour autant. Quoique rassemblé par les éditeurs de manière posthume, ce recueil est homogène par l'unité chronologique de composition, puisque les trois premières sections, dédiées à Nusch, datent des années 1946-1947. « Le Phénix », hymne à Dominique, la dernière compagne d'Éluard rencontrée à Mexico en 1949, se rattache à l’ensemble par sa thématique amoureuse, formant un ultime canzoniere. L'ordre suivi n'est pas seulement chronologique : au chant d'amour du « Dur Désir de durer » succède la tragédie du « Temps déborde », traversée du « désert pourri désert livide » après la mort de Nusch, qu'il s'agit de faire revivre par la mémoire dans « Corps mémorable », avant de renaître à l’amour grâce à Dominique dans « le Phénix ». Le recueil ainsi conçu retrace donc un itinéraire dialectique - bien que la logique n'en soit pas interne comme dans Poésie ininterrompue - où la mort est vaincue par l'amour.
Le recueil se construit donc autour de l'admirable « Le temps déborde », composé après la mort de Nusch, brutalement emportée le 28 novembre 1946, alors qu'Éluard se soignait à Montana, dans le Valais. Ainsi que
«
l'observe le critique Georges Poulet,
l'événement singulier, anecdotique fait
irruption dans la lyrique amoureuse
d'Éluard, qui jusque-là affranchissait
l'amour des lieux
et des circonstances
pour le vouer à l'intemporel et à l'uni
versel.
collective de Cours natu
rel (1938) et d'Au rendez-vous allemand
(1944).
Cet événement inacceptable,
impensable même, qui faillit plonger
Éluard dans la folie, est au
cœur du
poème, qui tente d'approcher l'indi
cible:
Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour En trop : le temps déborde Mon amour si léger prend le poids d'un supplice.
Unique dans l'œuvre d'Éluard, la
précision chronologique, faisant écho
au.
»
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