DELPHINE de Mme de Staël
Publié le 09/03/2019
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DELPHINE, roman épistolaire de Mme de Staël, publié à Genève (1802), puis à Paris (1803). Dans ce premier roman, comme dans Corinne cinq ans plus tard, c'est « le sort des femmes, entièrement dans la dépendance des hommes » qui constitue le thème directeur. Mme de Staël dégage une configuration de caractères dont la rencontre construit la trame du récit, polarisé par la passion de Delphine — jeune veuve, empreinte d'une éducation « romanesque et philosophique » toute de sentiments généreux — et de Léonce, caractère fier, véritable « oracle de l'opi-nion », mais sensible et passionné, et engagé dans une union que Delphine elle-même a favorisée. Adulée puis calomniée, Delphine se suicidera et Léonce mourra de ses atermoiements. Passion scandaleuse (« les convenances de la société sont en opposition à la véritable volonté du cœur »), passion fatale (« les caractères de Léonce et Delphine ne se conviennent pas »), passion exemplaire dont la réflexion de Mme de Staël distribue les motifs sur les registres conjoints des caractères et des institutions (ce sont la religion et l'éducation qui modèlent le caractère ; le mariage devrait consacrer l'amour — Mme de Staël le croit encore), dont le jeu produit comme autant de types : Serbellane, l'ami, exalté et froid ; Lebensei, sensible à la gloire et qui méprise l'opinion ; Mme de Vemon surtout, la protectrice de Delphine, au rôle ambigu. Le roman, qui soulignait les vertus du divorce et prônait la « religion naturelle » (au moment même du Concordat), connut une réception tumultueuse et suscita des haines que justifiait son épigraphe : « Un homme doit braver l'opinion, une femme s'y soumettre. »
Liens utiles
- M.-J. de Chénier écrit dans son Tableau historique de la Littérature française, ch. vi, p. 236, 2e édition : « Il y a beaucoup de mérite dans le roman de Delphine. A notre avis, toutefois, Corinne a moins de défauts, plus de beautés, et des beautés d'un plus grand ordre. » Montrer le « progrès » du roman chez Mme de Staël, de Delphine à Corinne.
- Le roman de Delphine porte comme épigraphe cette maxime empruntée aux Mélanges de Mme de Necker : « Un homme doit savoir braver l'opinion, une femme s'y soumettre. » Que vaut cette thèse ? Comment Mme de Staël l'a-t-elle défendue dans son livre ?
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