DEHORS LA NUIT EST GOUVERNÉE René Char (résumé & analyse)

Ce recueil est l’un des plus difficiles de Char qui, d’après Paul Veyne, ne l’appréciait guère. On pourrait effectivement lui reprocher une préciosité rugueuse dans le recours systématique à l’image, si l’enjeu était bien d’exprimer des idées. Mais ces poèmes sont surtout des réactions et des actions. Des réactions face à un profond trouble personnel (maladie) et public (problèmes sociaux, montée des fascismes). En ce sens on peut, avec Jean-Claude Mathieu, classer les poèmes en quatre catégories: invocations nocturnes; poèmes militants; suites abstraites jouant sur la vie, la mort, l’amour; poèmes-tableaux évoquant un présent heureux. Le titre général

évoque l’asservissement de l’homme. Ces poèmes sont avant tout des

actions: ils brassent un matériau linguistique fait de lourdeur, de froid, d’enlisement, d’échec, comme pour assumer jusqu’au bout l’impuissance et le désespoir: «Le vaincu devient le vainqueur par le seul approfondissement de sa défaite (Jacques Dupin). Les poèmes sont alors des actions, au sens où une cure psychanalytique est une action. Ils ne disent rien mais permettent au sujet de réassumer sa propre parole.