DÉFENSE ET ILLUSTRATION DE LA LANGUE FRANÇAISE Joachim du Bellay (résumé & analyse)

Manifeste plus que traité dans la tradition des «arts poétiques» latins ou français, réponse pleine de feu au texte de Thomas Sebillet, beaucoup plus classique, la Défense et Illustration de Joachim du Bellay (15227-1560) est d’abord une œuvre polémique, qui prend parti pour la poésie, et pour la langue française, sans se soucier d’établir un vrai programme détaillé, ni d’offrir un modèle parfaitement cohérent. Avant tout, le poète doit échapper au langage banal de tous les jours, il doit véritablement créer une langue nouvelle, inlassablement enrichie par l’imitation des auteurs antiques et étrangers. Si la littérature médiévale, celle des romans et des chansons de geste, peut être envisagée comme un réservoir de thèmes grandioses et de mots nouveaux qui élargissent le champ linguistique, les formes poétiques pratiquées avant la « Brigade » des poètes modernes sont à bannir impitoyablement: c’est l’enterrement des Grands Rhétoriqueurs, qui ne sortiront de leur tombe que quatre siècles plus tard. Tout en exaltant la personne et la fonction du poète, héros inspiré dont le modèle est Orphée, la Défense met l’accent sur le travail indispensable qui est lié à la création et établit une hiérarchie des nouveaux genres littéraires, destinés