Défense et Illustration de la LANGUE FRANÇAISE

Défense et Illustration de la LANGUE FRANÇAISE, manifeste publié par Joachim du Bellay en 1549. C'est, en riposte à l'Art poétique français de Thomas Sébillet, l'exposé de la doctrine et du programme littéraires du groupe de jeunes poètes qui, depuis 1547, s'était constitué au collège parisien de Coqueret autour de l'humaniste Jean Dorât (ce groupe, dénommé alors Brigade, s'élargira plus tard pour donner naissance à la Pléiade). Le manifeste proposait essentiellement deux buts : défendre, contre les adeptes du latin, l'usage du français comme langue de culture et, en particulier, comme langue littéraire

(c'est l'objet du livre I) ; promouvoir — par l'enrichissement et le perfectionnement de la langue française sur le triple plan du lexique, de la syntaxe et de la rhétorique, et par la substitution aux anciens genres médiévaux de genres « nouveaux » imités de l'Antiquité — une littérature nationale capable de rivaliser avec la littérature gréco-latine (c'est l'objet essentiel du livre II). Contestée, dès sa parution (notamment par B. Aneau dans son Quintil Horatian), pour le caractère abrupt de certains de ses jugements (ceux, en particulier, qui portent sur le passé littéraire national), la Défense est une œuvre circonstancielle qui doit être interprétée en fonction de la stratégie d'une jeune école dont la volonté d'absolu renouvellement impliquait une rupture radicale avec le passé, du moins en théorie : elle voulait ouvrir une brèche, elle y réussit (« Ce fut une belle guerre », Etienne Pasquier).