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De L’ESPRIT GÉOMÉTRIQUE de Blaise Pascal (analyse détaillée)

Publié le 21/10/2018

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De L’ESPRIT GÉOMÉTRIQUE. Opuscule philosophique de Blaise Pascal (1623-1662), publié dans la Continuation des Mémoires de littérature et d'histoire à Paris chez Desmolets en 1728.
 
Cet opuscule est composé de deux fragments : « Réflexions sur la géométrie en général » (le titre est probablement d'Arnauld) et « De l'art de persuader ». Il ne sera publié qu'au xvme siècle, mais Leibniz en aura communication vers 1686 et surtout le public en connaîtra quelques thèses par la Logique de Port-Royal (1662), qui fait précisément état de la dette de ses auteurs - Arnauld et Nicole - envers lui. La rédaction, inachevée, de cet écrit est à dater de 1655. Après sa seconde conversion, à la fin de 1654, Pascal « dresse le bilan de son expérience mondaine » 0- Mesnard). Sa retraite de janvier 1655 à Port-Royal des Champs l'y a aidé, en deux directions : la fréquentation de Sacy l'amène à méditer sur l'utilisation possible de ses lectures profanes (Épictète et Montaigne) en vue d'une pédagogie de la foi, d'où l'Entretien avec M. de Sacy (1728) ; celle du grand Arnauld, théologien et philosophe, auteur de Nouveaux Éléments de géométrie en 1667, a sans doute cristallisé ses réflexions sur l'épistémologie des mathématiques -d'où cet opuscule. Ainsi restitué. De l'esprit géométrique précéderait immédiatement les Provinciales et, de plus loin, les Pensées.
 
I. « Réflexions sur la géométrie en général ». La méthode idéale pour former des démonstrations convaincantes consisterait à définir tous les termes et à prouver toutes les propositions

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« qu'on emploie.

Les seules définitions recevables seraient les définitions de nom (par quoi on donne un nom destitué de tout autre sens à une chose clairement désignée), à l'exclusion des définitions de chose (qui sont en fait des proposi­ tions déguisées, comme : le temps est le mouve­ ment d'une chose créée).

Cette méthode cepen­ dant est impossible, car les termes utilisés en supposeraient d'autres pour les définir, qui eux­ mêmes à leur tour réclameraient d'être définis; et il en est de même pour les propositions.

Les démonstrations qui approchent le plus la perfec­ tion sont, parmi les humains, celles de la géomé­ trie : on n'y prétend pas tout définir, mais seule­ ment les termes dont le sens n'est pas entendu de tous ; on n'y prouve pas toutes les proposi­ tions, mais seulement celles qui ne sont pas évi­ dentes de soi.

De sorte que le manque de défi­ nition et de démonstration signale moins un défaut qu'un excès d'intelligibilité.

Dans les matiè­ res incompréhensibles, comme sont celles où entre la considération de l'infini, la vérité se peut atteindre indirectement : personne n'est capable de comprendre la divisibilité à l'infini de l'espace, mais « on comprend parfaitement qu'il est faux qu'en divisant un espace on puisse arriver à une partie indivisible», car deux néants d'étendue ne sauraient former une étendue.

En posant l'exis­ tence de ce qui le dépasse, la géométrie invite l'homme à se connaître et «à s'estimer son juste prix ».

Il.

« De l'art de persuader».

Les opinions sont reçues dans l'âme par ses deux principales puis­ sances, la volonté et l'entendement.

Pour persua­ der la volonté, il faut montrer un rapport néces­ saire entre les objets qui la charment et ce qu'on veut lui persuader (art d'agréer); pour persuader l'entendement, il faut montrer le même rapport avec les principes qu'il admet (art de convaincre).

L'art d'agréer est le plus subtil et difficile, car« les principes du plaisir ne sont pas fermes et sta­ bles », mais dans les deux types de persuasions le modèle démonstratif est fourni par le raison­ nement géométrique tel qu'il est décrit ci-des­ sus- avec l'ajout de cette règle, destinée à éviter les équivoques : remplacer toujours mentale­ ment les définis par leur définition.

De l'esprit géométrique est une entre­ prise visant à substituer à la logique le raisonnement mathématique comme fondement et modèle de l'activité pen­ sante de l'homme.

La logique tradi- tionnelle, c'est-à-dire la syllogistique dérivée d'Aristote, est décrite comme un amas confus de règles dont la plu­ part sont inutiles, quand elles ne sont pas fausses : « Ce n'est pas barbara et baralipton qui forment le raisonne­ ment.>> L'emprise d'Aristote sur l'épis­ témologie pascalienne est néanmoins considérable : non seulement la dis­ tinction entre définitions de nom et définitions de chose vient du Stagirite, mais c'est lui qui a établi, dans la Méta­ physique, que la raison est suspendue à des principes qu'elle ne saurait justi­ fier.

Où Pascal se démarque de lui, c'est lorsqu'il place la fécondité heuristique du côté des définitions de nom.

La définition cesse d'élucider une essence ; elle ne renvoie même pas nécessairement à une existence : elle est une pure désignation arbitraire.

Les principes quant à eux peuvent aussi bien se révéler conventionnels - on le voit nettement dans. »

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