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De la Dignité de l'homme de Pic de la Mirandole

Publié le 23/02/2013

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Né çlans une famille princière de Ferrare, Pic de La Mirandole (1463-1494) fut un humaniste érudit d'une étonnante précocité. Poursuivi par l'Église pour ses opinions peu orthodoxes, il bénéficia néanmoins de la protection de grands princes tels Charles VIII ou Laurent de Médicis. Sa mort prématurée à Fiesole, alors qu 'il venait d'intégrer l'ordre des dominicains, est demeurée un mystère : la thèse de l'empoisonnement n'est pas à écarter. « Je ne suis pas un Pic de La Mirandole ! « Encore aujourd'hui, en Italie, on utilise cette expression pour dire : « Je ne peux pas tout savoir. «
 

« Laurent le Magnifique, protecteur de Pic de La Mirandole, par Vasari EXTRAITS La philosophie a besoin de la théologie pour procurer à l'homme une « paix solide>> Il est certain, Pères, qu'il y a en nous des discordes multiples , que nous avons au­ dedans de nous-mêmes des luttes intestines graves, pires que des guerres civiles.

Si nous les rejetions, si nous aspirions à cette paix qui nous entraînerait si haut qu 'elle nous établirait les créat ures les plus élevées de Dieu, seule la philoso­ phie refrénerait tout à fait en nous et apaiserait ces luttes intestines.

La morale d 'abord , si notre homme ne demande à ses ennemis qu'une trêve, inhibera les extravagances des multiples instincts brutaux, les élans, les fureurs , les impulsions qui ont une force de lion .

Si, ensuite, jugeant avec plus de rec titude, nous désirons établir en nous la sécurité d'une paix perpétuelle, la mora le sera près de nous et ac com plira nos vœux avec libéralit é ; ca r, ayant immolé l'une et l'autre bête , elle scellera entre la chair et l'esprit ( ...

) un pacte inviolable de paix très sainte.

La diale ctique apaisera les désordres de la raison qui s'agite avec anxiété devant les contradictions des discours et le carac tère captie ux des syllogismes.

La philosophi e naturelle apaisera l es conflits et les dis­ cussions qui ballottent en tous sens l'âme inquiète, la tiraill e nt et la lacèrent ; mais elle les apaisera , en nous obligeant à nous souvenir que la natur e, selon Héraclite , est née de la guerre : c'es t pourquoi Homère l'appelle « combat ».

Elle ne pourra donc en elle -m ême nous apporter un véritable repos , ni une pai x solide: cela, c'est la fonction et le privilè ge de sa maîtresse, la très sainte théologie .

Toutes les philosophies détiennent une vérité, qu'il faut savoir saisir Consultons égal ement le très sage Pytha­ gore, sage parce qu'il ne s'est jamais jugé digne du nom de sage.

Il nous recomman­ dera d'abord de « ne pa s nous asseoir sur le boisseau », c'est-à-dire de ne pas perdre, en la relâchant par une indolence oisive, la parti e raisonnable par laquelle l'âme mesure,juge, examine tout, mais au contraire de la diriger assidûment et de l'aviver par l'exercice et la règle de la dia lectique.

Et il nous mettra en garde en premier lieu contre deux choses à éviter, en nous recommandant de « ne pas pisser contre le so l eil» et de «ne pas nous tailler les ongles pendant le sacri ­ fice».

Mais après avoir éliminé, grâce à la morale, les appétits sensibles des plaisirs débordants et après avoir co upé les bouts de nos ongles, qui sont comme les accès aigus de la colère et les ai­ gu illes de l'âme, alor s seulement nous com ­ mencerons à participer aux mystères sacrés de Bacchus mentionnés plus haut et à nous li­ vrer à notre contempla­ ti on de celui qui est appelé à juste titre Père et chef, le So leil.

A la fin, il nous conseillera de « nourrir l e coq » , c'es t-à-dire de repaître la partie divine de notre âme de la con naissance des choses divines, co mme d'un alim ent so lid e et d'une céleste ambroisie .

C'est ce coq que le lion, c'est -à -di re toute puissance t errestre, craint et révère .

Entrée de l'ancien palais de la République de Florence, par Camille-Marie Bonnard NOTES DE L'ÉDITEUR Pic de La Mirandole eut notamm ent le mérite de révéler la kabbale au monde latin.

( Rapp elon s qu'il s'agi t d'une doctrine judaïque ésotérique, fondée sur «La vision de Pic chant e l'accord, l'harmonie, l'unit é: unit é du macrocosme et du microcosme, sur laq ue lle repose la légitimité de la magie , unit é d'une réalité émanant de l'uniqu e et divine intelligence , à laquelle ell e est comme su spendue et s'e ntend, pour sa plus grande gloire, à faire retour.

Unité de l'e s prit humain par voie païens, les Juifs , le s Arabes.

» A.

Trip et, De la Dignité del' homme, introduction, Éditions Renco ntre, 1968 .

l 'int :!rprétation de l 'Ancien Testament.) Il fut égale ment un ade pte de la théorie des nombr es, « une méthode de philo sophie » selon Pic, qui est si a ncienne , que« nous pou vons la fa ire remonter aux plus anciens th éo logiens ».

de conséq uence, et que Pic s'emp loie à découvrir, à démontrer en comparant les doctrines de ce ux que l 'orthodoxie rejetait dans l'hérésie ou l 'erreur : les Anciens «Bur ckhardt dit du disco urs de Pic qu' il est " un des plus beaux legs de cette époque de cu ltu re intellectuelle", et pour Léon Dorez il est " un des plus sincè res monum ent s de l a philosophie morale de la Renai ssance it ali en ne ".

» L.

Gautier Vignal, Pic de La Mirandole , Éditions Grasset 1937.

1 dessins.

n.

/ Wilh e lm Fink Verl ag, Muni ch , 1984 2 A lin ari- Vi ollet 3 Florence, Galerie de Offices / R oger-V io lle t 4 Biblioth è que Mannottan / Roger-Viollet PIC DE LA MIRANDOLE 02. »

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