DANTE : La Divine Comédie

« EXTRAITS ENFER, XXI Je voyais bien cet étang de bitume , mais je n'y voya is rien que les bulles soulevées par le bouillonnement et sa swface qui se gonflait toute et retombait affaissé e.

Pendant que j'avais mes yeux fixés en bas , mon guides' écriant :« Prends ga rde, prend s gard e! » m 'attira à lui du lieu où j'étais : alors je me retournai , co mme l'homm e à qui il tard e d e voir ce qu'il lui est utile de fuir et auqu el une peur soudaine ô te sa hardiesse , de sorte que, tout en regardant , il ne diffère point d es' éloigner; e t je vis derri ère nous un diable noir venir à la course par le rocher.

Ah ! combien il était terribl e d'aspect, et combien il me paraissait cruel en son attitude avec les ailes ouvertes, et léger sur ses pieds! Son dos, orgueilleux et aigu, é tait chargé d 'un pé ch eur couc hé en travers, et il tenait les nerfs des chevilles dans sa main (.

..

).

Il le je ta bas, et par le rocher abrupt s'en retourna, et jamais mâtin lâché sur un voleur n 'eut tant de hâ te à le p ou rsuivre .

Le malheureux plongea, et revint à la surface tout courb é ; mais les démons qui étaient sous l'arche du pont crièrent : « (.

.

.) tâche à ne pa s t'élever au-dessus de la poi x.

» Puis ils le saisirent par plus de cent outils crochus et dirent : « Il co nvient que tu danses là à couvert, p our y faire si tu peux , en cac hett e l'escroquerie ! » Point autrement n'a gisse nt les cuisiniers avec leurs valets, lorsqu 'ils font enfoncer dans le milieu de la marmite, avec des fo_urchettes, les viandes pour qu'ell es ne surnagent pas.

PURGATOIRE, XXI « ••• lorsque je vis Béatrice tournée de ssus la gauc he, les yeux dans le soleil...

» Je m e tournai vers la gauc he, avec cet élan confiant du petit enfant quand il cou rt à sa mèr e alors qu 'il a peur ou qu'il est affligé, Mais Vir gi le nou s avait laissés privés de lui, Virgile, mon très doux pèr e, Virgile à qui je m'étais donné pour mon salut .

«Dante! quoique Virgile s'en aille, ne ple ur e point , ne pleur e point en co re : c'est sous le tran chant d'un autre glai ve qu 'il te faudra pleurer.

» Je vis la dame, qui m'était apparue d 'abord cac hée sous les fleurs angéliques , l eve r les yeux vers moi, au -delà du ruisseau .

Traduit de l'italien par L.

Espinasse-Mongenet, 1965 NOTES DE L'ÉDITEUR La Divine Com édie est « l'œuvre en soi la plus parfaite, l'épopée artistique la plus riche du Moyen Age chrétien.

» Hegel.

grand sérieux que je me demande combien de semelle s, combien de peau x de bœuf , combien de sandale s Alighieri a pu use r au cours de son labeur poétique ...

» Dant e, Éditions universitaires, collection Classiques du XX• siècle , Paris, 1970 .

La matière du poèm e grandiose de Dante, «c'est , cas unique dans la littérature de tou s le s te mps , l'univers saisi dans sa totalité , de l'infime à l'incommen surable, du naturel Je plu s commun, voire le plu s trivial , au s urnaturel le moin s imaginable .

Cette matière , en un mot , c'est le tout.

» « Lire Dante , c 'est surtout un labeur sans fin qui nous éloigne du but à mesure que nous avançons .

Si une première lecture ne provoque jamais un essoufflement et une saine fatigue, il faut, pour les relecture s, se munir d'une de ces paire s de chaussures s uis ses à clou s, inusables .

C 'es t avec le plu s Oss ip E.

Mandel stam , Entretien sur Dant e, L'Age d'homme, Lausanne, 1977.

«La Di vine Comédie se présente comme une poésie du lang age, comme la gageure d 'un poète qui tente de saisir l'univ ers entier par des mots .

Il devient alors dans une existence multipliée le roi de la création.

» M ylène Bonan-Garrigue s, l Sanguin e de Baldov inetti (musée Condé, Chantilly) / Girau don 2, 3 , 4.

5.

an o n yme/ Giraudon P .

Renucci , Encyclopœdia Universalis, 1968.

DANTE02. »