Cromwell de Victor Hugo (résume et analyse complète)
Publié le 24/10/2018
Extrait du document
«
pour dérouler un peu largement tout
un homme d'élite, toute une époque
de
crise>> dit Hugo : c'est avouer par
prétérition que la pièce est injouable.
Écrite
en septembre 1827 juste après
l'ultime achèvement de la pièce,
la
«Préface>> (en fait une postface) se
donne comme
un manifeste et entend
proposer
une esthétique générale du
drame.
Redisposant des éléments
empruntés
à De la littérature (1800) et
à
*De l'Allemagne de Mme de Staël, au
*Génie du christianisme de Chateau
briand, au
Cours de littérature dramati
que
de Schlegel, au Radne et Shakespeare
(1823) de Stendhal, et les réinterpré
tant d'un point de vue libéral (issu de
Guizot et du
Globe), la
s'organise en une partie historique (les
trois âges de l'humanité) et
une théorie
du genre.
La « Préface ».
La théorie des « trois âges ».
L'évolution de la littérature reflète celle de
l'humanité : « La poésie se superpose toujours à la société.» Aux temps primitifs, la vie pastorale
engendre le lyrisme, cette création spontanée.
Avec les États apparaissent la guerre et ses conséquences littéraires, le poème héroïque et la tragédie des temps antiques.
C'est l'âge de l'épo pée.
Le christianisme oppose le corps à l'âme, la terre au ciel.
L'homme éprouve le combat qui se livre en lui entre les tendances résultant de ses deux natures.
De ce combat nart la forme drama
tique.
C'est l'âge du drame, où «tout vient abou tir dans la poésie modeme ».
La théorie du drame.
Le drame doit donc illus trer l'idée chrétienne de l'homme, « composé de
deux êtres, l'un périssable, l'autre immortel ; l'un
chamel, l'autre éthéré ».
-Le mélange des genres.
Dans «l'océan du
drame » se mêlent les genres, car les séparer
reviendrait à isoler aribitrairement tel ou tel aspect.
« Harmonie des contraires>>, sa poésie
traduit le réel, «combinaison toute naturelle de
deux types, le sublime et le grotesque».
-L'abandon des unités.
Contre la sclérose du passé, « l'ancien régime littéraire», la critique se
focalise essentiellement sur la tragédie.
Acceptant
l'unité d'action, « la seule vraie et fondée», mais la définissant comme unité d'ensemble, «loi de perspective
du théâtre
», Hugo récuse l'unité de lieu, invraisemblable et mortelle pour l'action tra
gique et le spectacle historique.
L'unité de temps,
quant à elle, mutile : « La cage des unités ne ren
ferme qu'un squelette.» Retournant contre les classiques leur argumentation, Hugo dénonce tout ce qui s'oppose à la raison et au goût.
- La couleur locale.
Contre les conventions
restrictives et stérilisantes, le drame déploie en toute liberté les dimensions de l'Histoire.
« Miroir
de concentration».
«point d'optique» ne
reconnaissant d'autres règles que « les lois géné rales de la nature », car «tout ce qui est dans la nature est dans l'art », il élabore une réalité
supérieure.
La .couleur locale, cette «sève», imprègne et nourrit l'œuvre entière.
- La liberté dans l'art.
La difficulté : voilà le critère suprême, la clé du domaine de l'art D'où
l'exaltation du vers, « libre, franc, loyal », « pre
nant comme Protée mille formes>>.
Parcours de «toute la gamme poétique », l'écriture du drame « rend chaque mot sacré >>, et « l'idée, trempée dans le vers, prend soudain quelque chose de plus incisif et de plus éclatant C'est le fer qui
devient acier».
Le tout et l'infini : poétique de la
totalité, le drame exhibe les prestiges
du grotesque, infinie diversité
du mal,
forme multiple des forces souterraines,
et exprime le génie, cette >,
dont
William Shakespeare (1864) approfon
dira la théorie.
D'un côté
« le difforme
et l'horrible>>, de l'autre
«le comique
et le bouffon
» : le grotesque exerce
une double fonction.
Le contraste per
met de mieux percevoir la beauté, et
il
ouvre sur les profondeurs du monde.
Cosmique,
« détail d'un grand ensem
ble qui s'harmonise,
non pas avec
l'homme, mais avec la création
tout
entière», le grotesque renvoie aussi au
peuple.
Allié au sublime, il est l'ombre
mêlée à la lumière.
Apologie du génie poétique, mani
feste du temps des prophètes
et des
mages romantiques, la
« Préface » célè
bre la liberté du créateur, inventeur de
lois analogues
à celles de l'univers.
Grand accordeur,
il établit les liens.
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