COURONNEMENT DE LOUIS (le) de Guillaume d’Orange : Fiche de lecture
Publié le 22/11/2018
Extrait du document
COURONNEMENT DE LOUIS (le) [XIIe siècle]. Chanson de geste appartenant au cycle de Guillaume d’Orange. Elle retrace l’« enfance » du roi Louis, fils de Charlemagne. A coup sûr antérieure à 1173, et postérieure à 1125, elle pourrait avoir été composée entre 1131 et 1137 : les ressemblances entre la cérémonie décrite dans le premier épisode et le sacre de Louis VII en 1131 plaident en ce sens.
La chanson se décompose en cinq épisodes, dont l’hétérogénéité a paru telle qu’on les a très tôt qualifiés de « branches » indépendantes. Le premier relate la cérémonie du couronnement : Charlemagne, après avoir exposé à son fils Louis les devoirs d’un roi, l’invite à prendre la couronne; l’héritier, encore enfant, ne se sent pas à la hauteur de la tâche. Un baron, Arnéis d’Orléans, propose alors perfidement d’assurer une sorte de régence. Guillaume, prévenu, pénètre dans l’église, tue le traître et couronne Louis « au nom du roi du Ciel », à la grande joie de Charlemagne.
«
pourrait
avoir été com pos ée entre 1131 et 1137 : les
ressemblances entre la cérémonie décrite dans le premier
épisode et le sacre de Louis VII en 1131 plaident en ce
sens.
La chanson se décompose en cinq épisodes, dont l'hé
térogénéité a paru telle qu'on les a très tôt qualifiés de
« branches » indépendantes.
Le premier relate la cérémo
nie du couronnement : Charlemagne, après avoir exposé
à son fils Louis les devoirs d'un roi, l'invite à prendre la
couronne; l'héritier, encore enfant, ne se sent pas à la
hauteur de la tâche.
Un baron, Arnéis d'Orléans, propose
alors perfidement d'assurer une sorte de régence.
Guil
laume, prévenu, pénètr e dans l' é g li se, tue le traître et
couronne Louis «au nom du roi du Ciel», à la grande
joie de Charlemagne.
Le deuxième épisode se déroule à Rome, où Guil
laume affronte victorieusement le géant sarrasin Corsolt,
dont les troupes menaçaient les terres pontificales.
Le
troisième retrace la lutte de Guillaume contre Acelin,
fils du duc Richard de Normandie, qui pré tend détrôner
Louis, réfugié à Tours.
Le quatrième montre Guillaume
délivrant Rome investie par l'armée impériale de Gui
d'Allemagne.
Vainqueur, Guillaume pose la couronne
impériale sur la tête de Louis, auquel tous les vassaux
jurent fidélité Celle-ci sera de courte durée : les cin
quante derniers vers (dernier épisode) retracent la révolte
des barons et leur soumission au roi grâce à l'interven
tion inlassable du héros.
On a longto!mps soutenu que le Couronnement était
un assemblage disparate.
Néo-traditionalistes et ind iv i
dua listes [vo ir GESTE (chanson de)] ont alimenté avec
cette œuvre leurs controverses sur l'origine des chansons
de geste.
En :ait, cette œuvre possède une forte unité
t h émat iq u e.
En dépit de la faiblesse et de la veulerie du
roi, Guillaume glorifie le princ ip e de la royauté hérédi
taire : en prenant la défense du roi, en prenant au nom
de celui-ci celle du pape, en incarnant la revendication
de l'empire et la lutte contre l'infidèle.
Chaque épisode
montre une face nouvelle de cette glorification.
Le carac
tère du roi pf·rmet de mettre en relief les qualit és de
Guillaume (force physique, détermination, courage, fidé
lité inébranlable) et d'appuyer une démonstration a for
tiori de la \aleur du principe de l'hérédité de la
couronne.
L'œuvre fait-elle référence à des souvenirs carolin
giens ou à des réalités du xue siècle? Il y a naturellement
synthèse; cette: sy nth ès e a ici une valeur particulière :
en superposant ces souvenirs et ces réalités, le trouvère
revendique, pour la royauté capétienne, la grande tradi
tion impériale carolingienne.
Littérairemt;nt, le Couronnement de Louis marque un e
étape.
La struc:ture strophique n'est pas aussi ferme que
dans la Chanson de Roland : la laisse ne correspond
plus au développement d'un thème.
L'élément narratif
commence à prendre de l'importance.
L'auteur sait user
de procédés (oppositions, formules ramassées ou surpre
nantes, etc.) qui mettent en valeur son récit et dépeignent
les personna gt:s.
11 a le sens du rythme et du drame, et
l'œuvre a de la grandeur.
[Voir aussi CHARROI DE NÎMES
(le), PRISE D'OttANGE (la)).
BIBLIOGRAPHLE Éditions.
-E.
Langlois, C.F.M.A., Paris , Champion, 1978
(reproduction de l'éd.
de 1925); Y.
G.
Lepage.
Genève, Droz.
1979 (donne Je t·!xte des trois manuscrits).
Études.- J.
Frappier.
les Chansons de geste du cycle de Guil
laume d'Orange.
t.
2, Pari s, S.E.D.E.S., 1965; R.
T.
Pickens,
« Comedy, History and Jongleur Art in the Cour.
deL », Olifant
Il, 1986, p.
206-218.
D.
BOUTET.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- COURONNEMENT DE RENART (le) : Fiche de lecture
- Fiche de lecture : SIÈCLE DE LOUIS XIV (Le) de Voltaire
- Fiche de lecture : SEMAINE OU LA CRÉATION DU MONDE (La) de Guillaume du BaRtas
- Bavard (le). Récit de Louis-René des Forêts (fiche de lecture et critique)
- VIE DE SAINT LOUIS (La) de Jean de Joinville : Fiche de lecture