CORBEAUX (les) d'Henri Becque
Publié le 22/02/2019
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CORBEAUX (les), pièce en 4 actes d'Henri Becque (1882). Décrétée longtemps injouable, refusée au Vaudeville, au Gymnase, à l'Odéon, à la Porte Saint-Martin, cette pièce, comédie « rosse » ou plutôt tragédie féroce, assura à son auteur la réputation d'un homme de théâtre, non sans choquer les habitués de Dumas ou de Labiche. « En réalité, j'ai horreur des pièces à thèse », disait Becque, et, si le propos est une âpre dénonciation de la corruption et du pouvoir de l'argent, l'œuvre dépasse en effet la pure satire et la protestation pessimiste par la limpidité de l'intrigue (les cpielques étapes inéluctables du dépouillement sordide d'une veuve et de ses filles), la vraisemblance des personnages ou la concision des dialogues.
«
Becque, après un cuisant échec,
L'Enlèvement, abandonna 1 a création
pour devenir chroniqueur dramatique au
journal
Le Peuple.
II donna par la suite
deux pièces réussies avant de
s'imposer
avec
Les Corbeaux ( 1882) .
Lithographie s d'Hugues de Beaumont
C UE
Les Corbeaux
La chute de la maison Vigneron
V
igneron , industriel aux activités florissantes,
mène une vie bourgeoi se, simp le et heureuse ,
entouré de sa femme,
de ses trois filles, Judith, Marie
et Blanche , et de son fils.
Travailleur acharné et peu
soucieux
de sa santé, il meurt brusquement, laissant
sa famille seule face à une succe ssion
et de s affaires
difficiles à gérer.
Tandis que son fils doit partir faire
son service militaire, la veuve
et les orphelines, igno
rantes des lois
et du monde financier, sont bientôt
harcelées par les « corbeaux » : Teissier d 'abord, l 'as
socié
de Vigneron, Bourdon le notaire , l 'arc hitecte ,
le s créanciers enfin.
La famille est ruinée et doit se
résoudre à vendre la fabrique
et les terrains si dure
ment acquis.
Malgré l'acharnement de la mère ,
Marie , pressée
par Teis sier, le vieil avare, se sacrifie
et se résout à l'épouser , sa uvant ainsi sa famille de la
misère.
Un théâtre noir
et sans complaisance
L
es Corbeaux est une pièce âpre
qui dépeint sans concession, un
peu
à la manière de Balzac, les dures
réalités
d'une société bourgeoise gou
vernée par 1' argent
et les affaires.
Ces
réalités paraissent d'autant plus
cruelles qu 'elles sont, d'une part, mises
en
relief par un style dépouillé, effi
cace, san s artifice, et parce qu'elles
contrastent, d'autre part, avec l'émo
tion
et la sensibilité de s personnages.
Comme si l'humiliation de la ruine et
la tristesse de leur deuil n'étaient pa s
assez grandes, les orphelines
doivent
encore subir le mépris de leur entou
rage.
Blanche , qui était sur le point
de
se marier , est abandonnée par so n
fiancé parce qu 'elle n 'a plus de dot.
Judith, la mu sicienne ,
lor squ 'elle an-
nonce à so n professeur qu
'elle veut vivre de son art,
s'e ntend dire par celui-ci qu'elle n'a aucun talent.
Quant à Marie, elle sait qu 'elle renonce à l'amour en
acceptant Teissier pour époux.
Becque , au risque de
choquer le spectateur de son temps habitué à des fins
plus optimistes, a su décrire avec
justesse la rapacité
de s hommes de loi et d'argent.
' XL\ ' SIHLE
La famille Vigneron
doit affronter, après la mort du père,
les affairistes et les créanciers
qui se disputent
sa fortune.
Frontispice de l'édition des
Corbeaux de 1931 (Les Cent
Bibliophiles ).
»
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