Contes d'Espagne et d'Italie par A. de Musset
Publié le 22/02/2019
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Contes d'Espagne et d'Italie, premier recueil de poésies publié par A. de Musset (1830). Sans avoir vu l'Espagne ni l'Italie, Musset en donne une image fantaisiste et insolente, où la souffrance amoureuse (« Don Paez » et « Portia ») tient une large place. « Mar-doche » est un poème sur le dandysme et « les Marrons du feu » une comédie qui parodie l'Andromaque de Racine. Des pièces fameuses comme « l'Anda-louse » et la « Ballade à la lune » sont des impertinences dirigées contre la mode romantique.
«
Né le 11 décembre 1810, Alfred de Musset appartient à une famille de la petite noblesse où la littérature était à l'honneur.
Son père, essayiste reconnu, était un spécialiste de J.-J.
Rousseau.
Après de brillantes études, cetenfant choyé mène la vie d'un «dandy» à la mode.
Il publie quelques vers, fréquente les cafés et, enfin, en 1830, publie les Contes d'Espagne et d'Italie, recueil de poèmes qui connaît un extraordinaire succès.
Tout le monde récite la «Ballade à la lune» ou «Venise».
Tout semble lui sourire.
Mais l'échec de sa première pièce, La Nuit vénitienne, la même année, le blesse profondément.
Ce jeune élégant aux allures blasées est en réalité un être angoissé ettourmenté.
En 1833, il croit trouver une passion à la mesure de ses rêves : il tombe amoureux de George Sand, auteur déjà célèbre de plusieurs romans.
Cette liaison a un profond retentissement sur son oeuvre.
L'inspiration légère desdébuts s'approfondit.
Il écrit Lorenzaccio, puis Rolla, long poème construit autour de la figure d'un viveur cynique,qui fait scandale.
Les deux amants partent pour Venise.
Musset y tombe malade et découvre que George Sand letrahit avec son médecin.
Pendant deux ans, scènes violentes de rupture et réconciliations exaltées alternent entreeux.
En 1835, George Sand met un point final à leur orageuse liaison.
Musset se jette dans la littérature.
Il écrit LesNuits, chef-d'oeuvre du romantisme français, et La Confession d'un enfant du siècle, constat amer et désabusé d'une génération en proie au «mal du siècle».
En 1840, le poète tombe gravement malade.
L'abus d'alcool, le recours abusif à l'opium ont ruiné sa santé.
En 1852, il est élu à l'Académie française, mais ce succès ne suffit pas à l'arracher à la drogue et à la boisson.
Il meurt en1857 dans l'indifférence générale.
C'est George Sand qui, en 1833, fournit à Musset le sujet de Lorenzaccio.
À partir d'un texte italien, les Chroniques florentines de Varchi, elle avait ébauché une pièce inspirée par l'un des événements relatés par le chroniqueur florentin et intitulée Une conspiration en 1537.
Elle en confia le manuscrit à Musset, qui le «retravailla» si bien qu'il en fit l'un des chefs-d'oeuvre du drame romantique français.
La pièce se déroule à Florence en 1537, à la cour d'Alexandre de Médicis, qui a pour compagnon de débauche soncousin Lorenzo, dit «Lorenzaccio».
Mais ce dernier ne partage l'intimité du duc que pour mieux l'éliminer : il est lié auparti républicain, rassemblé autour de la famille Strozzi, qui rêve de libérer Florence de son tyran.
Après avoir dérobéà Alexandre la cotte de mailles destinée à le protéger, Lorenzo attire le duc chez lui et l'assassine.
Il s'exile à Veniseoù il sera à son tour poignardé sur l'ordre du nouveau maître de Florence, Côme de Médicis.
Son acte héroïque n'aservi à rien.
Les républicains, divisés, n'ont pas su saisir l'occasion.
La tyrannie continue.
MUSSET: Contes d'Espagne et d'Italie
En 1852, après son élection à l'Académie française, Musset fit publier l'ensemble de ses poésies en deuxvolumes sobrement intitulés : l'un, Premières poésies, et l'autre, Poésies nouvelles.
On peut y suivre toute l'évolution de l'inspiration du poète, des Contes d'Espagne et d'Italie, parus en 1830, aux quatre Nuits de 1835- 1837, où s'exprime tout le génie du romantisme français.
Après cette date, la production poétique de Musset s'amenuise, se réduisant à des vers de circonstance ou à quelques oeuvres mineures.
1 .
LE GOÛT DU PITTORESQUE
Les premiers poèmes de Musset sont inspirés par une Espagne et une Italie de rêve.
Venise et Sévillesont les décors pittoresques d'anecdotes galantes, de crimes passionnels ou d'enlèvements périlleux.C'est le théâtre d'une «autre vie», plus libre et plus violente, qui contraste fortement avec la médiocritéd'une époque sans grandeur.
Une place au clair de lune, une jalousie encore éclairée, et nous voilàtransportés dans un palais où veillent deux amants :
«La lune se levait, sa lueur souple et molle
Glissant aux trèfles gris de l'ogive espagnole Sur les pâles velours et le marbrechangeant
348 Mêlait aux flammes d'or ses longs rayons d'argent»
Là, tout n'est que luxe et volupté :
«Des marbres, des tapis montant jusqu'aux lambris Ça et là les flacons d'un souper en débris ;
Des vins, mille parfums [...]» («Don Paez»)
Au coeur de ce désordre savamment composé, apparaît souvent la figure passionnée d'une femme — nommée lacomtesse Juana d'Orvado dans «Don Paez», Portia la Vénitienne dans «Portia», ou encore la marquesa d'Amanguidans «l'Andalouse».
Toutes nobles, toutes sensuelles, images d'une maîtresse idéale au «corps souple» et à lachevelure «plus longue qu'un manteau de roi» («L'Andalouse»), ces femmes, qui restent parfois anonymes, sontindissociables des lieux auxquels rêve le poète, telles les villes Madrid et Venise :
«Madrid, princesse des Espagnes.
»
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