CONSOLATION DE LA PHILOSOPHIE (De la) (résumé & analyse)
Publié le 13/03/2017
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et aux animaux, de même faut-il admettre que dans l’esprit divin, infiniment supérieur au nôtre, il puisse y avoir accord entre la prescience du futur et la liberté humaine. En nous-mêmes, la faiblesse des sens ne justifie pas la négation de l’imagination, ni la faiblesse de l'imagination la négation du raisonnement, ni la faiblesse du raisonnement la négation de l’intelligence ; du fait que notre intelligence est faible, nous n’avons pas le droit de dénier à Dieu une intelligence plus haute.
A la nouvelle objection de Boèce suivant laquelle la prescience divine s’abaisserait à faire des actions humaines à venir une des causes de sa propre détermination, la Philosophie répond que prévoir un événement, ce n’est ni le fait de le produire, ni la nécessité pour cet événement de se produire. Toutefois la conscience antérieure, sans nécessiter les faits, est un signe de cette nécessité. Mais quand la connaissance, au lieu d’être antérieure, est contemporaine, elle ne conditionne absolument pas ce qu’elle connaît ; or la connaissance de Dieu est « a*temporelle * : Dieu vit en un présent éternel. « Dieu, dont la présence éternelle voit toutes nos actions comme toujours présentes, les juge de toute éternité et prépare dès lors une récompense infinie aux bons et des supplices terribles aux méchants... Ce n’est donc point en vain que nous mettons notre espérance en lui et que nous lui adressons nos vœux. S’ils partent d’un cœur juste et droit, ils ne seront point rejetés. O hommes, fuyez donc lé vice ; pratiquez la vertu. Qu’une juste confiance vous anime et que l’humilité de votre prière la fasse monter vers le trône de l’Éternel. Si vous ne faites point illusion à vous-mêmes, vous devez savoir avec quelle ardeur vous êtes obligés de vous porter au bien, puisque vous ne pouvez rien faire qui échappe aux regards d’un Dieu souverainement juste, et qui voit tout ».
C’est par cette exhortation émouvante, qui rappelle la fin du Phédon (*) que se termine l’œuvre du « dernier des Romains ». qui fut considérée pendant tout le Moyen-Age comme la suprême expression de la pensée latine. On y retrouve les échos de la philosophie néoplatonicienne, spécialement de Proclus, des allusions continuelles à la doctrine stoïcienne et spécialement à Sénèque, mais, chose étrange, il n’y est jamais fait mention directe de la
doctrine chrétienne : on s’est efforcé d’expliquer le fait en disant que Boèce a voulu démontrer que. même en faisant abstraction de vérités révélées, la raison naturelle peut suffire à fournir la justification d’une attitude forte et résignée en face du malheur, et qu’il donne ainsi à cette justification une valeur universelle. Certains soutiennent que l’œuvre est incomplète, d’autres qu’elle est allégorique. Quoi qu’il en soit, bien qu’elle révèle une foi solide en la Providence, celle-ci s’identifie rarement avec un Dieu personnel. elle se confine même souvent dans le panthéisme ; et tout l’ouvrage, bien qu’il contienne des paroles et des phrases impliquant la connaissance des écrivains chrétiens, pourrait être attribué à un contemporain de Cicéron ou de Sénèque. Elle a cependant inspiré toute la littérature et la philosophie chrétienne occidentale du viii® au xiv« siècle, et sa lumière ne pâlit qu’à la naissante splendeur de la Renaissance. De nombreux éléments du De como-latione seront en effet absorbés par les grandes synthèses des xne et xme siècles ; Dants en tira des consolations dans les années qui suivirent la mort de Béatrice et de nombreux motifs d’inspiration pour la Divine Comédie (*). ainsi que s’en étaient déjà inspirés les poètes provençaux et que s’en Inspireront plus tard Pétrarque dans Mon secret ou Du mépris du monde (*) et Boccace dans Ameto (*). Pour nous, la valeur de l’œuvre réside en ce qu’elle maintient le contact entre la pensée païenne et la pensée chrétienne, et qu’elle fut pendant bien des siècles le seul message grâce auquel la philosophie se maintint vivante en Occident. — T.F. A l’Enseigne du Pot Cassé, 1929.
★ Une des versions les plus connues de l’œuvre de Boèce est celle qui a été faite en anglais, probablement après 897, par le roi anglo-saxon Alfred (m'ort en 901) qui, loin d’en donner une traduction rigoureuse, en prit prétexte pour exprimer sa propre pensée ; le titre de la version est : The consolations of Philosopha. Dans quelques passages, le roi s’identifie avec le philosophe et s’étend sur des thèmes métaphysiques ; dans d’autres, comme dans le fameux chapitre XVII, il réfléchit sur des problèmes divers, par exemple sur son devoir envers l’ÏJtat : « Tu sais, ô raison, que la grandeur de ce pouvoir temporel ne m’a jamais beaucoup attiré et que je n’en ai nullement été avide, ni que j’ai beaucoup désiré ce royaume terrestre : mais je désirais des instruments et des matériaux pour l’accomplissement de ce qui me fut confié, afin que je puisse vertueusement et opportunément me servir du po
CONSOLATION DE LA PHILOSOPHIE (De la) Des nombreuses œuvres d’Aniciua Manlius Torquatus Severinus Boèce (env. 480-524), celle-ci est la plus intéressante et la plus universellement connue. Elle fut. imprimée pour la première fois à Nüremberg en 1473 ; les meilleures éditions sont celles de Iéna (1841) et de Leipzig (1871). fonte d’at)ord en prison, puis au cours des années 523-524. elle compte einq livres, dans lesquels, prose et vers alternant, se déroule
«
Entretien entre Boèce et la Philosophie.
lHin.
française du XV• s.
Bibl.
!Val., Vienne..
»
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