Devoir de Philosophie

Conquête de Constantinople (la) de Villehardouin (résume et analyse complète)

Publié le 24/10/2018

Extrait du document

Conquête de Constantinople

(la). Ce titre désigne :

 

- une chronique en prose composée après 1207 par Geoffioi de Villehardouin (vers 1150-vers 1213). Conservée par six manuscrits, cette chronique a été plusieurs fois imprimée à partir du xvie siècle. Elle a été continuée pour la période 1208-1209 par l'Histoire de l’empereur Henri de Constantinople, composée entre 1209 et 1216 par un clerc, Henri de Valenciennes ;

- une chronique en prose, contemporaine de la précédente, composée par un chevalier picard, Robert de Clari (fin du xiie-début du xiiie siècle). Conservé par un seul manuscrit, ce texte n'a pas été imprimé avant la seconde moitié du xixe siècle.

La déviation sur Constantinople de la quatrième croisade, une expédition partie pour reconquérir Jérusalem et qui a abouti à la prise et au pillage d'une cité chrétienne et au partage difficile de l'Empire romain d'Orient entre les croisés francs et vénitiens, a donné matière à de nombreux récits contemporains ou de peu postérieurs à l'événement : récits en grec (Chronique de Morée, dont il existe une rédaction en français), en latin (l’Historia de Nicetas, par exemple, qui donne le point de vue des Grecs), en français (Chronique d'Emoul et de Bernard le Trésorier, vers 1230), etc. Dans cet ensemble disparate se détachent les chroniques de Villehardouin et de Robert de Clari, toutes deux composées par des hommes d'action engagés dans la même aventure et dont le projet commun fut d'abord d'en conserver la mémoire. Elles reflètent cependant des positions et des préoccupations souvent contrastées qui s'expliquent déjà par les différences de statut social. Robert de Clari est à bien des égards le « porte-parole des petits chevaliers déçus » (J. Dufoumet) par une croisade qui ne leur a procuré ni les richesses espérées ni la satisfaction de délivrer les Lieux saints. Villehardouin, l'un des hauts responsables de la croisade tant dans le domaine militaire qu'au titre d'ambassadeur et de conseiller, ne dit rien des raisons qui l'ont incité à mettre en forme (à « dicter »), de manière aussi exacte que possible ses souvenirs. Mais sa relation des faits semble souvent orientée vers la justification de son action et de celle de ses chefs, et elle est sans doute une réponse aux attaques et aux critiques suscitées en Occident par la déviation de la croisade.

Le récit de Villehardouin, qui s’étend sur les années 1198-1207. s’ouvre abruptement sur la prédication de la quatrième croisade et se clôt

« tout aussi brutaleme nt sur la mort de Boniface de Montferrat Première partie.

Scandée par les mentions des nombreuses défections qui affaiblissent l'expédi­ tion et la relation des discordes qui opposent aux cro isés désireu x de te nir leurs engagements envers les Vénitiens ceux qui refusent d'aider le doge à reconquérir Zara puis d'acce pter l es allé­ chantes propositions d'Alexis le Jeune et de mar­ cher sur Con . stantinopl e, la première partie du récit cOI.M'e les anné es 1200-1204 : de l'arrivée des croisés à Venise à la se co nde prise de Constant inop le (avri l 1204) et au couro nneme nt d e Baudouin de Flandre comm e premier empe ­ reur du nouv eau royaume lat in d'Ori e nt (la Romanie).

Dans un récit qui se caractéris e par son caractère dépouillé, sa rapidité, sa précision et sa densité, se détach ent cependant quelques tab leaux : la prise de croix du vieux doge aveugle, He nri Dan dolo, et des Vénitie ns qu'il entraîne, l'arrivée de la flotte devant Constant ino ple et la fascin ation mêlée d'effroi des cro i sés devant cette é blouissante vision : le récit chargé de réso­ nances épiques, et placé sous le signe du miracle, de la prem ière prise de la ville.

etc.

Les m ultip l es tractat i ons entre Francs, Véniti ens, Grecs ou les mo ments crit iques de l'action sont d'autre p art l'objet de disc ours, dire cts ou rapportés, dans les­ quels se distinguent la passion comm e la pru­ dence du doge.

l'hab ileté des Grecs, la femneté de V illehardou in ou l'au dace de Conon de Béthune.

Deuxiè me part i e.

Cell e-ci , « toute semée de méco mptes» (Sainte-Beuve), multiplie, par le biais de la techn ique de l'entrelacement les lieux du récit.

La chronique suit tour à tour les péripé­ ties et les drames de l'organisation diffid le de la con quête, évoquant les disco rdes entre l'empe ­ reur Baudo uin et Bon iface de Montferra t.

l'entrée en scène de J ohan isse, le redoutable roi des Bla­ ques, le désastre subi à Andrinople et la capture de Baudouin, puis la retrait e sur Constantinople, fermement menée par Villehardouin : enfin la suite indécise des offensive s et con tre-o ffensives jusqu'à la mo rt de Boni face, décapité par les Bul­ gares près de Messinop le.

À la suite de Michelet, on a souve nt re con nu en Villehardouin « le premie r histo ri en de la France en langue vul­ gaire».

Jugem ent qui s'autori se de la rigueur et d e la clarté de la narr ation , de l'ab ond an ce maîtrisée des rensei- gnements et précisions de tous ordr es, de l'expo sé systématique, no tamm ent par le biai s des discours , des motiva­ tio ns explicites des fo rces en présen ce.

Mais ce chroniqueu r austère et lucid e qui, dès le prem ier mot de son récit, « Sachez », convoque et provoq ue son lecteur, commen te à so n I ntention les fait s rapp ort és et les cou vre parfois de so n aut orité de témoin oculaire, entre­ laçant à l'ex posé des faits les élémen ts d'une réflexion mo rale su r les mu l ti ­ ples raison s d'un échec où on t eu éga­ lement par t la volonté souverain e de Dieu et les vices des hommes.

Qua nt aux omi ssions et interpr étations par­ fois tendancieu ses que l 'on a relevées da ns son récit, elles sont sans doute la part d'ombre d'une chronique qui est a utan t l'apologie d'une entreprise qu 'une méditation souve nt frémi s­ sante sur l'in co mpréhensib le : la mut a­ tion lente de l'aven ture initial e et de ses brillantes promesses en une "mésa­ ventur e ,.

-terme par lequ e l Villehar­ douin qualifie la mort de son héro s B oniface de Montferrat.

Mort qui achève son réci t, et tranche dans le vif du tem ps de l'Histo ire.

La chronique de Robert de Clari, qui s'éte nd sur les années 1198-1216 , rap­ p o rte sensiblemen t les mêmes événe­ ments que le réci t de Villehardouin.

Mais le poi nt de vue sur l'Histoire, et l 'écri ture qui le restitue dans une très relative spontanéité et dan s une vision un peu éclat ée, est celui d' un peti t che­ valier peu au fait des tracta tion s et des intr igues, d' un co mbattant qui a vécu l'expédition dans le sillage de son sei­ gneur, Pierre d'Amiens, et aux côtés de son frè re, le cle rc Aliaume, redoutable gu errier d ont Il se plaît à rela ter les exploits .

L'œuvre de Robert de Clari comporte deux part i es d'inégale longueur.

Une première partie (les années 1 198-1205) détaille les événements qui vont de la prédication de la croisade à. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles