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Commentaire sur l'Origine de la violence de Fabrice Humbert

Publié le 23/02/2012

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Fabrice Humbert est l'un des écrivains les plus talentueux de notre époque. Le thème qu'il favorise dans ses ouvrages, souvent des enquêtes sur des inconnus, est la question du mal à l'échelle mondiale. Ainsi, ses récits ont généralement pour toile de fond des conflits meurtriers, tels que la guerre civile espagnole pour Autoportraits en noir et blanc (2001), la seconde guerre mondiale pour L'Origine de la violence, paru en 2009, et enfin, la guerre froide pour La Fortune de Sila, datant de 2010. L'histoire de L'Origine de la violence est celle d'un jeune professeur qui se rend au camp de Buchenwald en Allemagne avec ses élèves. Il voit, au musée de Buchenwald la photographie du médecin du camp, Erich Wagner. Derrière ce médecin, il y a un déporté, qui fixe Wagner des yeux. Ce déporté a exactement les traits du père du professeur. Se met alors en place l'enquête sur cet inconnu. Peu a peu, le narrateur va découvrir que celui-ci est en fait son véritable grand-père, et qu'il y a une tragédie cachée derrière la famille qu'il se connaissait. Dans cet extrait situé au milieu du roman, le narrateur-enquêteur rencontre un survivant du camp, Serge Kolb, le meilleur ami de David Wagner à Buchenwald.

« hyperbolique « rien sur ce visage, ne crie : "je suis un monstre" ».

Le but de ce procédé stylistique est de placerl'allemand à un niveau précis sur l'échelle du Mal, un niveau à la hauteur de ses crimes.

Ainsi, avec cette figure destyle, le narrateur montre parfaitement le SS comme étant la barbarie à visage humainPar conséquent, le SS Totenkopf Sommer est bien, de par la violence, le sadisme, et la fourberie de ses actesbanalisant le mal, un être ignoble, archétype même du monstre nazi.

Pourtant, le narrateur dans le portrait qu'ildresse de l'allemand, ne condamne pas cet assassin, il est en quête de réponse, à la recherche d'une vision dupersonnage. En second lieu, la description du narrateur n'est nullement empli de haine, alors qu'il raconte les crimes d'un hommeayant sûrement participé à l'assassinat de son grand-père.

Cette neutralité descriptive évitant le polémique et lepathétique s'explique par le fait que le narrateur-enquêteur est à la recherche des origines du Mal ainsi, il désireavoir une vision complète et juste de Sommer pour pouvoir ensuite se prononcer.Tout d'abord, il retarde, à l'aide de nombreux procédés, un jugement trop facile.

Ainsi, près de soixante ans aprèsles faits, bien que le narrateur les juge comme étant « terrifiants », il reconnaît qu'il est « difficile d'imaginer cetétroit couloir » à partir duquel « émergait l'Hauptscharführer Sommer ».

Ce modalisateur a pour but de mettre enavant la difficulté de se remémorer les évènements, et donc la complexité de pouvoir définir clairement Sommer.

Dela même manière, l'utilisation d'un autre modalisateur, avec « même si mon souvenir n'est pas parfait », quiexpriment un léger doute quant aux événements passés, s'effectue toujours dans cette optique de souligner ladifficulté du jugement.

De plus, on observe que, dès le départ de sa description, il tient à garder sa neutralité,comme en atteste l'appellation élémentaire qu'il utilise pour qualifier Sommer au début du texte, avec « homme ».Ainsi, lorsque le narrateur débute sa description, bien que sa position aurait pu lui faire émettre d'emblée un préavisnégatif quasiment "normal", il refuse de tomber directement dans la logique d'une condamnation sévère qui netraduirait qu'un jugement anticipé.

De la même manière, la conclusion du narrateur n'intervient qu'à l'extrême fin dupassage, avec « Tout cela, je ne le comprends pas.

».

La position de son avis montre qu'il a véritablement vouluconfronter ses différentes réflexions, c'est-à-dire avoir un important souci de légitimité dans son jugement.

Cecis'explique principalement par le fait que le narrateur est en quête d'une vision panoramique du personnage, toujoursdans le but de rechercher l'Origine du Mal très juste .

Par conséquent, il refuse de livrer un jugement trop rapide eterroné qui ne lui permettrait pas de répondre à cette question.

peut-être que Sommer a des excuses ? ( son père lebattait-il ? Sa mère le laissait-il dans ses excréments ou le froid ? ) Or, cette problématique est presque d'ordreexistentiel pour le narrateur.

Qui connaît sa propre violence et pratique un sport de lutte comme Sommer Pour rechercher le Mal chez Sommer, le narrateur à choisi de dresser un portrait d'ensemble de cette personne pourensuite se permettre d'émettre une opinion en connaissance de cause .

En guise de première étape dans cettedémarche, il a observé l'aspect physique du SS, et déclare que « rien sur son visage n'annonce le Mal », il va mêmejusqu'à trouver que Sommer ne paraît pas foncièrement mauvais, comme l'illustre la comparaison « Martin Sommerressemblerait plutôt à un ancien lutteur reconverti en militaire ».

Puis, toujours dans le but de se faire une vision encore plus précise de l'allemand, il tente de le situer précisémentdans la hiérarchie nazie, comme l'illustre la double valeur descriptive de « sanglé dans un uniforme des SS Totenkopf», montrant parfaitement l'appartenance de Sommer à une gigantesque organisation, le régime hitlérien.

De plus, lenarrateur, toujours pour avoir une vision psychologique de l'individu, interroge des témoins et confronte les avis.

Ilcite ainsi un important nombre d'observateurs directs, tels que « Fritz Männchen, Kurt Leeser » ou encore « RichardGritz et Roman Haldemeyer ».

Grâce à ces personnes, il sait que Sommer à commis des « atrocités », donc qu'il n'estpas un simple exécutant du parti, et que son rôle ne se limite pas à celui d'un quelconque rouage de l'administrationnazie.Pour continuer ses recherches concernant le Mal chez Sommer, il utilise les nombreuses exécutions qu'acommis le SS, et retient, non pas « les plus violentes », mais les « plus gratuites », soient les informations les plusutiles pour son jugement final vis-à-vis de la personnalité de l'allemand.

Il ne faut pas omettre le fait que cettequête sur l'Origine du Mal est pour lui capitale, par conséquent, ceci explique toute la précaution qu'il emploie pourtenter de prendre sa décision.

Tu commences à délayer ici et tu omets d'analyser le signifiant pourtant très riche dupassage Ainsi, on peut observer de nombreuses marques de l'importance de cette recherche dans le texte.

Par exemple, sonperpétuel questionnement, illustré par les multiples questions rhétoriques ainsi que par la répétition en début dephrase du mot interrogatif « pourquoi », qui met encore en avant cette quête de réponse.

Son besoin de «comprendre » (l.64) est capital pour lui, comme le démontre son importante implication dans cette recherche, quiest exprimée au travers de la répétition du pronom personnel « je ».

Enfin, cette recherche de vérité s'exprime à unniveau presque "mystique" pour le narrateur, déclarant que ces faits « [le] hantent encore...

», preuve qu'il estvéritablement tourmenté par cette quête du passé.

À la fin de l'extrait, il ne pourra cependant pas se faire une idéeprécise comme le montre l'ultime phrase « Tout cela, je ne le comprend pas.

».

Le narrateur n'arrive pas à discernerles causes, les raisons du Mal en Sommer, et donc, pendant ce passage il n'a pas réellement avancé dans sarecherche des origines de la violence.

Le diable ? Cf incipit En guise de conclusion, cette description, qui relate les nombreux et horribles crimes d'un monstre nazi, esteffectuée d'une façon assez neutre par un auteur en quête d'une vision compréhension logique du Mal .

Comme ellese révèle impossible c'est à la vision qu'il aura recours On peut évoquer une totale similitude entre cette descriptionet le livre de l'écrivaine américaine Hanna Arendt, Eichmann à Jérusalem, la banalité du mal bien sûr .

En effet, cetouvrage écrit durant le procès de l'inventeur « de la solution finale », cherche, non pas à condamner, mais àcomprendre les raisons des agissements du criminel et les raison de cette banalisation du Mal.

En confrontant defaçon philosophiques ses thèses, Hanna Arendt essaye de voir le criminel n'est qu'un rouage dans l'administrationnazie ou si au contraire il a agit en totale connaissance de cause.

Ainsi le héros, de par ses origines et sa quête sur. »

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