COLLINE INSPIRÉE (la), de Maurice Barrés

COLLINE INSPIRÉE (la), roman de Maurice Barrés (1913). Sur la colline de Sion, trois prêtres, les frères Baillard, ont décidé de « relever la vieille Lorraine mystique et de ranimer les flammes qui brûlent sur ses sommets ». L'excommunication, l'errance, la mort sont le prix à payer pour cette révolte contre la pensée romaine et cette quête des croyances profondes de leur race. Léopold, l'aîné, dont la figure domine le récit, ne doit même son salut qu'au sacrifice du père Aubry, le curé de Sion, symbole de l'orthodoxie mais capable de comprendre l'enthousiasme et la passion de l'égaré. Avec la Colline inspirée Barrés revenait, fasciné, à cette tentation du paganisme mystique qu'il désavouait officiellement et qui resurgissait obstinément dans ses créations imaginaires. De même que sa Jeanne d'Arc des Cahiers était fée et sainte, celtique et chrétienne, la colline inspirée est traversée de flux contradictoires et complémentaires. Deux esprits y soufflent, celui de la prairie, « l'esprit de la terre et des ancêtres les plus lointains, la liberté, l'inspiration», celui de la chapelle, qui est « la règle, l'autorité, le lien », l'un se nourrissant perpétuellement de l'autre. Le succès que la pensée conservatrice a assuré à ce roman a finalement occulté sa tonalité véritable, qui est donnée non par ses certitudes mais par ses angoisses et ses interrogations.